Texte de l’intervention du Comité Parisien de la Libération
Parce qu’il faut en finir avec les légendes révisionistes sur l’histoire de la libération de Paris, voici le texte de l’intervention du Comité Parisien de la Libération que j’ai eu l’honneur de faire lors de la commémoration du 78e anniversaire de la Libération de Paris :
GARE MONTPARNASSE – 25 AOÛT 2022 – DISCOURS CPL –
• Mesdames et messieurs les représentants de l’État
• Mesdames et messieurs les parlementaires
• Mesdames et Messieurs les représentants et élu-e-s de la région
• Madame la Maire de Paris et les élu-e-s des conseils de Paris et de ses arrondissements
• Mesdames et messieurs les représentants des associations mémorielles et patriotiques,
• Cher-e-s ami-e-s et camarades,
Ici même, dans l’ancienne gare Montparnasse, le 25 août 1944 à 15h30, face au Général Leclerc et au colonel Rol, la reddition du général nazi von Choltitz met fin à une semaine héroïque pour les insurgés parisiens enfin renforcés par la 2e DB et l’armée américaine.
Les premiers avaient tenu bon, les seconds étaient enfin arrivés.
Une semaine terrible également pour la population de la ville et du département de la Seine.
Celui qui capitule, Dietrich Von Choltitz, a pris son commandement du Groβ Paris le 7 août. Sa feuille de route dictée par Hitler lui-même indique entre autre :
« Le territoire doit être protégé contre tout acte de la Résistance.
Le général commandant en chef dispose de l’autorité sur toutes les troupes, SS comprises …
… Il reçoit les pouvoirs juridictionnels d’un « commandant de place forte assiégée ».
Quant aux ordres qu’il reçoit, ils sont aussi brefs que clairs :« réprimer, par tous les moyens et, si besoin, sans pitié »
Le Commandant en chef du Grand Paris a sous ses ordres toutes les forces militaires et policières qui du 9 au 25 août vont multiplier exactions et crimes de guerre (Wehrmacht, Luftwaffe, policiers allemands et français du SIPO-SD et de la Gestapo).
Par avance, cette politique de terreur est absoute par Pétain qui, dès le 6 juin, déclare aux français, je cite :
« Les circonstances de la bataille pourront conduire l’armée allemande à prendre des dispositions spéciales dans les zones de combat. Acceptez cette nécessité ».
Les polices parallèles, la milice, les diverses officines de la collaboration de l’État français pétainiste sont mises à disposition de l’occupant. Et les derniers miliciens seront nombreux parmi les tireurs des toits de la rue de Rivoli et de Notre Dame, le 26 août.
Un sinistre éphéméride égrène la longue liste des dizaines d’exécutions sommaires, des massacres de résistants, d’otages et de civils, commis par les forces occupantes appliquant les ordres de von Choltitz :
Champ de mars et jardin du Luxembourg à Paris, forts de Vincennes et de Romainville, Ivry-sur-Seine, Pavillons-sous-Bois, Créteil, Pierrefitte, Villemomble, Gagny, Le Raincy, Oissery, Authon-la-Plaine, Chelles, Domont, Arbonne, Châtenay-Malabry, Chatou, etc.
Le 15 août, veille du massacre des 35 jeunes résistants à la Cascade du bois de Boulogne et des 7 de la rue Leroux dans le seizième arrondissement de la capitale, 3 000 résistantes et résistants, extraits des prisons parisiennes, sont déportés à Buchenwald et à Ravensbrück. Moins de 15 % d’entre eux en reviendront.
Le 17 août, 100 résistantes partent de Compiègne pour Ravensbrück. 51 autres, qu’ils soient juifs ou résistants, sont entassés dans un wagon accroché au train d’Aloïs Bruner partent de Drancy et roulent vers les camps de concentration.
Le 18 août, ce sont 1 251 résistants qui quittent Compiègne pour Buchenwald.
« Le 19 août contre l’avis du Comité Parisien de la Libération, présidé par André Tollet et du chef d’état major des FFI d’Île de France, le colonel Rol-Tanguy, une trêve est négociée par Raoul Nordling consul de Suède, mais avant tout, représentant en France de la firme SKF, gros fournisseur de l’armée allemande.
Pris dans la nasse des barricades de l’insurrection parisienne, des combats de rue qui se multiplient et ne disposant pas des renforts demandés – mais surtout voulant sauver sa vie – le commandant du Gross Paris, n’a plus les moyens d’exécuter les ordres du Führer. Il ne pourra pas détruire la ville !
Pour autant Von Choltitz persiste. Près de la gare de Lyon, deux jeunes gens sont fusillés par les Allemands parce que l’un d’eux arborait un brassard FFI. A l’angle de la rue Lafayette et de la rue Cadet, un porteur du journal « Ce soir », Verdière, est arrêté, emmené au Bois de Boulogne et fusillé. Place St Augustin, devant le cercle militaire, tout porteur de brassard est aussitôt fusillé.
L’entrée de la colonne Dronne, le 24 août au soir puis, le lendemain, l’arrivée de toute la 2e DB, va contraindre von Choltitz à se rendre, non sans de durs combats mêlant dans l’épreuve FFI et soldats de Leclerc.
Dans l’ancienne gare Montparnasse, il remet sa capitulation entre les mains du vainqueur de Koufra, acte majeur de la VICTOIRE des FFL sur l’Afrika Korps et celles du commandant de l’insurrection populaire en IdF. Cela en présence du COMAC, le commandement militaire du Conseil National de la Résistance et du représentant du général De Gaulle, chef de la France Libre.
Rappeler ces événements permet d’en finir avec l’image de l’officier nazi, «sauveur» de Paris, une légende qu’il a tenté de se forger après guerre et qui fut parfois reprise avec légèreté par quelques chroniqueurs.
Du village tourangeau de Maillé, ce même 25 août 44, aux poches de l’atlantique le 9 mai 45, la barbarie nazie perdurera encore de longues semaines.
Mais ce moment historique, en ces lieux mêmes, au cœur de la capitale française, marque la victoire de la liberté, de la démocratie et des peuples unis contre le fascisme. Et Paris en devient le symbole ! «