À l’emplacement même où est désormais érigé ce lieu de mémoire, 52 otages furent exécutés, le 11 juin 1944, par la Gestapo de Périgueux et un renfort de la sinistre Brigade nord-africaine de la bande Bonny-Lafont, en représailles à l’attaque d’un train allemand par des Maquisards en gare de Mussidan.
Mussidan, ville Martyre, qui paya donc un lourd tribut à l’Occupant en voyant périr 52 des siens, sans oublier les 602 otages et les 115 déportés. Parmi ces derniers, des familles juives, dénoncées sans autre forme de procès au nom d’une politique honteuse de collaboration.
Mussidan, ville Résistante, où l’Appel du 18 juin 1940, lancé depuis Londres par le Général de Gaulle, suscita l’espoir et l’audace dans la population. L’espoir de ne pas voir la France millénaire disparaître sous le joug de l’Occupation. L’audace de la jeunesse mussidanaise qui « prit le maquis » pour mieux combattre l’ennemi.
Mussidan, ville d’Éclaireurs de la Liberté : ceux du 4e bataillon de la Double, dans le groupe François. Ceux qui furent plusieurs centaines à unir leurs forces dans le camp FTP de Virolle. Ceux qui firent de leur jeunesse la meilleure arme pour déjouer les attaques et éviter les dénonciations. Ceux qui, par leur engagement et leur sens du devoir, contribuèrent à libérer la France. En évoquant ces témoins de l’Histoire, dont l’héroïsme n’a d’égal que l’humilité, j’ai une pensée particulière pour Albert Laborie (dit « Théo » dans la Résistance), dont l’absence aujourd’hui nous rappelle l’impérieuse nécessité de recueillir le témoignage et de perpétuer le souvenir des héros de la Nation.
Mussidan, ville de Mémoire, où l’on sait que la paix est fragile et que l’intolérance, les discriminations et la haine de l’Autre couvent toujours sous la cendre. À trop oublier son passé, on se condamne à le revivre … C’est pourquoi il est si important de se souvenir. Or, se souvenir, c’est être là, prêts à recevoir en héritage la flamme de la Mémoire ; mais c’est aussi agir pour consolider notre vivre-ensemble et bâtir une société, où l’horreur de la guerre deviendra impensable.
Mussidan, ville qui sait à quel point Malraux avait raison d’écrire que « le tombeau des héros est le cœur des vivants ».
Vivons et défendons ardemment cette Liberté pour laquelle tant de nos courageux aînés sont morts.