Mois : février 2025

Épisode 3/4 : Contrainte ou résistance, la musique dans les camps

Épisode 3/4 : Contrainte ou résistance, la musique dans les camps

 

Les camps de la mort ne sont pas silencieux. La musique, qu’elle soit pratiquée sous la contrainte ou non, y est au contraire très présente. Chansons et mélodies rythment les sévices, les tortures et les exactions que subissent les victimes du régime nazi.

Avec
  • Élise Petit Musicologue, directrice du département de musicologie à l’Université Grenoble Alpes
  • Cécile Quesney Musicologue, maîtresse de conférences à l’Université de Lorraine et membre du Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire

Beaucoup de choses ont été dites sur la musique. Elle est « du bruit qui pense » selon Victor Hugo et, pour Nietzsche, « la vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. » Il faudrait donc de la musique partout, même dans des lieux où cela semble impossible ou déplacé. Pourtant, dans les camps de concentration et centres de mise à mort nazis, la musique est présente, comme le remarquent Gilles Deleuze et Félix Guattari dans Mille Plateaux : « Un enfant dans le noir, saisi par la peur, se rassure en chantonnant. Il marche, s’arrête au gré de sa chanson. Perdu, il s’abrite comme il peut, ou s’oriente tant bien que mal avec sa petite chanson. »

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Forêt de Bouconne : 81ème cérémonie d’hommage à Forain François Verdier, figure toulousaine de la Résistance

Forêt de Bouconne : 81ème cérémonie d’hommage à Forain François Verdier, figure toulousaine de la Résistance

Près de 150 personnes sont venues rendre hommage à François Verdier, dimanche, en forêt de Bouconne. C’était le 81ème anniversaire de la mort du chef de la Résistance dans le Sud-Ouest : un rendez-vous annuel, avec notamment des collégiens, là où il a été tué par les Nazis, le 27 janvier 1944.

C’est une figure de la résistance à Toulouse : François Verdier, « Forain » étant le pseudonyme qu’il s’était choisi pendant la Seconde Guerre mondiale. Le chef des résistants dans la région fût assassiné par les Nazis le 27 janvier 1944 en forêt de Bouconne, à l’Ouest de Toulouse. Ce dimanche 2 février, près de 150 personnes, dont le préfet, des porte-drapeaux et des collégiens se sont rendus devant sa stèle, pour lui rendre hommage, comme chaque année depuis 81 ans.

La stèle de François Verdier, chef des Mouvements unis de la Résistance dans le Sud-Ouest en forêt de Bouconne
La stèle de François Verdier, chef des Mouvements unis de la Résistance dans le Sud-Ouest en forêt de Bouconne © Radio France – Sophie Allemand

C’est une figure de la résistance à Toulouse : François Verdier, « Forain » étant le pseudonyme qu’il s’était choisi pendant la Seconde Guerre mondiale. Le chef des résistants dans la région fût assassiné par les Nazis le 27 janvier 1944 en forêt de Bouconne, à l’Ouest de Toulouse. Ce dimanche 2 février, près de 150 personnes, dont le préfet, des porte-drapeaux et des collégiens se sont rendus devant sa stèle, pour lui rendre hommage, comme chaque année depuis 81

François Verdier, père de famille, chef d’entreprise et franc-maçon, fût le chef des Mouvements unis de la Résistance dans le Sud-Ouest, il a organisé les services, fédéré les groupes de résistants. Malheureusement, il n’assista pas à la libération de Toulouse, sept mois après sa mort. Tué d’une balle dans le ventre, les Nazis lui firent ensuite exploser la tête d’une grenade dans la bouche, son corps fût identifié grâce à un lettre adressée à sa famille, qu’il avait caché dans sa doublure. Son assassinat eu lieu après 44 jours de torture de la Gestapo à Toulouse, durant lesquels il ne dit aparemment rien, puisque qu’aucune arrestation n’a eu lieu suite à sa détention.

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Figure de la Résistance, Geneviève Callerot, une vie dédiée à la liberté

Figure de la Résistance, Geneviève Callerot, une vie dédiée à la liberté

Actualités. Geneviève Callerot, doyenne de la Dordogne, a quitté ce monde le 16 janvier 2025, à l’âge vénérable de 108 ans, à l’Ehpad de Saint-Aulaye. Sa présence marquante s’est éteinte, mais son héritage, ancré dans l’histoire de la résistance française, continuera d’inspirer des générations entières.

Elle est née le 6 mai 1916 dans le 14e arrondissement de Paris. Geneviève, affectueusement surnommée Todie, a grandi dans une famille attentive aux événements qui bouleversaient l’Europe.

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PORTRAIT. « Un parcours exemplaire » : l’ancien résistant Georges Baillot, âgé de 100 ans, décoré de la Légion d’honneur

PORTRAIT. « Un parcours exemplaire » : l’ancien résistant Georges Baillot, âgé de 100 ans, décoré de la Légion d’honneur

Figure majeure de la résistance dijonnaise lors de la Seconde Guerre mondiale, Georges Baillot, 100 ans, a été décoré de la Légion d’honneur ce samedi 1er février 2025. L’occasion pour lui et sa famille de partager son histoire et de rappeler que la liberté n’a pas de prix.

Les yeux humides, lumineux derrière ses lunettes rectangulaires, Georges Baillot cherche vaguement à dissimuler son émotion. Ce Dijonnais centenaire, qui ne court pas après les honneurs, arbore fièrement la petite médaille rouge qu’il vient de recevoir, accrochée solidement sur sa veste, juste à côté du cœur. Une Légion d’honneur, plus belle récompense qu’un ancien résistant de la Seconde Guerre mondiale, tel que Georges Baillot, puisse recevoir.

Une famille reconnaissante

Cette décoration, plus haute distinction française, Georges Baillot l’a reçue ce samedi 2 janvier lors d’une cérémonie à la mairie de Dijon où toute sa famille était conviée. Sur la photo de groupe, prise pour immortaliser l’instant, les Baillot ne sont que sourire. Pendant 80 ans, ce résistant s’est évertué à raconter son histoire à ses proches, puis à son entourage, et enfin à toute la Côte-d’Or, faisant l’honneur de ses descendants.

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Témoignage de Marie-Claude Vaillant Couturier

Témoignage de Marie-Claude Vaillant Couturier

Le 28 janvier 1946 Marie-Claude Vaillant Couturier (31 685), témoignera au procès de Nuremberg, quelques mois après son ouverture. Elle est interrogée par Charles Dubost, un procureur français présent au procès de Nuremberg.
Voici quelques extraits de son témoignage :
M. Dubost: Vous faisiez partie d’un convoi?
Mme V-C: Je faisais partie d’un convoi de 230 françaises. Il y avait parmi nous Danielle Casanova qui est morte à Auschwitz, Maï Politzer, qui est morte à Auschwitz, Hélène Salomon. Il y avait de vieilles femmes…
M. Dubost: Quelle était leur condition sociale ?
Mme V-C : Des intellectuelles, des institutrices, un peu de toutes les conditions sociales. Maï Politzer était médecin; elle était la femme du philosophe Georges Politzer. Hélène Salomon est la femme du physicien Salomon ; c’est la fille du professeur Langevin. Danielle Casanova était chirurgien-dentiste et elle avait une grande activité parmi les femmes; c’est elle qui a monté un mouvement de résistance parmi les femmes de prisonniers.
M. Dubost: Combien êtes-vous revenues sur 230 ?
Mme V-C: 49. Il y avait dans le transport, de vieilles femmes; entre autres, je me souviens d’une de 67 ans, arrêtée pour avoir eu dans sa cuisine le fusil de chasse de son mari, qu’elle gardait en souvenir et qu’elle n’avait pas déclaré pour qu’on ne le lui prenne pas. Elle est morte au bout de 15 jours à Auschwitz.
Le Président: Vous avez dit que seulement 49 étaient revenues. Voulez-vous dire que seulement 49 sont arrivées à Auschwitz ?
Mme V-C: Non, seulement 49 sont revenues en France.
Il y avait également des infirmes, en particulier une chanteuse qui n’avait qu’une jambe. Elle a été sélectionnée et gazée à Auschwitz.
Il y avait aussi une jeune fille de 16 ans, une élève de lycée, Claudine Guérin. Elle est morte également à Auschwitz.
Il y avait aussi deux femmes qui avaient été acquittées par le Tribunal militaire allemand; elles s’appellent Marie Alonzo et Marie-Thérèse Fleuri; elles sont mortes à Auschwitz.
Le voyage était extrêmement pénible, car nous étions 60 par wagon et l’on ne nous a pas distribué de nourriture ni de boissons pendant le trajet. Comme nous demandions aux arrêts aux soldats lorrains enrôlés dans la Wehrmacht qui nous gardaient si l’on arrivait bientôt, ils nous ont répondu: « Si vous saviez où vous allez, vous ne seriez pas pressées d’arriver ». Nous sommes arrivées à Auschwitz au petit jour. On a déplombé nos wagons et on nous a fait sortir à coups de crosses pour nous conduire au camp de Birkenau, qui est une dépendance du camp d’Auschwitz, dans une immense plaine qui, au mois de janvier, était glacée. Nous avons fait le trajet en tirant nos bagages. Nous sentions tellement qu’il y avait peu de chance d’en ressortir – car nous avions déjà rencontré les colonnes squelettiques qui se dirigeaient au travail – qu’en passant le porche, nous avons chanté la Marseillaise pour nous donner du courage.
On nous a conduites dans une grande barraque, puis à la désinfection. Là, on nous a rasé la tête et on nous a tatoué sur l’avant-bras gauche le numéro de matricule. Ensuite, on nous a mises dans une grande pièce pour prendre un bain de vapeur et une douche glacée. Tout celà se passait en présence des SS, hommes et femmes, bien que nous soyons nues. Après, on nous a remis des vêtements souillés et déchirés, une robe de coton et une jaquette pareille.
Pour lire le témoignage intégral de Marie-Claude Vaillant-Couturier (31685) : http://www.fndirp.fr/index…/temoignage-mc-vc-nuremberg.pdf
De Primo LEVI pour mémoire !

De Primo LEVI pour mémoire !

« Nous avons tous le devoir de méditer sur ce qui s’est produit.
Tous nous devons savoir, ou nous souvenir, que lorsqu’ils parlaient en public, Hitler et Mussolini étaient crus, applaudis, admirés, adorés comme des dieux……
Les idées qu’ils proclamaient n’étaient pas toujours les mêmes et étaient en général aberrantes, stupides ou cruelles ; et pourtant ils furent acclamés et suivis jusqu’à leur mort par des milliers de fidèles….
Nous devons bien peser notre décision avant de déléguer à quelqu’un d’autre le pouvoir de juger et de vouloir à notre place. Puisqu’il est difficile de distinguer les vrais prophètes des faux, méfions-nous de tous les prophètes ; il vaut mieux renoncer aux vérités révélées, même si elles nous transportent par leur simplicité et par leur éclat, même si nous les trouvons commodes parce qu’on les a gratis.
Il vaut mieux se contenter d’autres vérités plus modestes et moins enthousiasmantes, de celles que l’on conquiert laborieusement, progressivement et sans brûler les étapes, par l’étude, la discussion et le raisonnement, et qui peuvent être vérifiées et démontrées.
Bien entendu, cette recette est trop simple pour pouvoir s’appliquer à tous les cas : il se peut qu’un nouveau fascisme, avec son cortège d’intolérance, d’abus et de servitude, naisse hors de notre pays et y soit importé, peut-être subrepticement et camouflé sous d’autres noms ; ou qu’il se déchaîne de l’intérieur avec une violence capable de renverser toutes les barrières. Alors, les conseils de sagesse ne servent plus, et il faut trouver la force de résister : en cela aussi, le souvenir de ce qui s’est passé au coeur de l’Europe, il n’y a pas si longtemps, peut-être une aide et un avertissement »
Primo Levi – 1976