Mois : février 2019

Disparition de Denise Breton, résistante et déportée

Disparition de Denise Breton, résistante et déportée


Née en 1919 à Billancourt (Boulogne-sur-Seine) ; résistante et déportée ; rédactrice en chef d’Heures claires ; membre du bureau de l’UFF depuis 1954, présidente de 1977 à 1989.
Denise Dumas naquit en 1919 à Billancourt, en banlieue parisienne, dans une famille ayant déjà deux filles. Elle perdit sa mère de bonne heure et son père, d’abord artisan boucher, travailla ensuite comme garçon boucher après avoir fait faillite. Elle-même alla en pension à l’école des Sœurs, jusqu’au CEP, davantage par habitudes liées au milieu social de sa famille que par convictions catholiques de celle-ci. Elle fréquenta ensuite l’école communale jusqu’au brevet puis, à quinze ans et demi, suivit un apprentissage de modiste.
Sa famille n’était pas du tout militante, mais Denise Breton, très marquée par ce qu’elle y avait entendu sur les horreurs de la guerre de 1914-1918, eut durant la Seconde Guerre mondiale une réaction patriotique face à l’occupant. Mise en contact avec la Résistance par son futur mari, elle entra en avril 1943 dans un réseau gaulliste comme agent de liaison. Le réseau ayant été trahi, tous deux furent arrêtés en août 1943 à Besançon. Son mari fut déporté à Buchenwald puis à Dora. Denise Breton passa quatre mois et demi à la prison de Besançon, puis à Romainville et au camp de Compiègne, avant d’être déportée durant seize mois à Ravensbrück et envoyée dans une usine des monts de Bohème. Elle avait alors un fils de quatre ans.
Libérée le 16 mai 1945, elle dit ne pas avoir supporté de retrouver le badinage de ses collègues d’atelier et se mit, durant quelque temps, à faire des chapeaux chez elle en écoutant Radio-Sorbonne. Ensuite, elle cessa de travailler, le couple estimant que les revenus du mari, entrepreneur en maçonnerie, étaient suffisants à la vie de la famille.
Denise Breton se réadapta très difficilement, et considère que c’est l’Union des femmes françaises qui le lui permit finalement. Elle cherchait à son retour des camps un mouvement agissant pour la paix. Une première inscription à l’UFF demeura sans suite mais, en 1950, elle participa à une réunion contre les armes atomiques, au moment de l’Appel de Stockholm. L’une des femmes présentes lui parla de l’UFF, et c’est ainsi qu’elle commença à y militer, dans le Ier arrondissement de Paris, avec Marguerite (Jean-Richard) Bloch* et Françoise Leclercq*.
Elle s’investit tout de suite beaucoup dans l’UFF, en suivit une école de formation de huit jours à Suresnes, et fut élue au conseil national en 1952, puis au bureau national à partir de 1954, et enfin à la vice-présidence (1965) et présidence (1977).
Elle fut à partir de 1959 rédactrice en chef d’Heures claires, périodique de l’UFF, jusqu’à son élection en tant que présidente, y couvrant de grands reportages comme en Iran, ou en Espagne pour la première grève des mineurs des Asturies sous le régime franquiste. Elle appréciait beaucoup l’intérêt du travail à Heures claires, ainsi que l’équipe formée avec Henriette Bidouze* et Colette Sabatier* et l’état d’esprit, qu’elle trouvait bien plus ouvert qu’à la direction de l’UFF.
Toutefois, elle dit avoir aussi aimé l’UFF pour la diversité des femmes qui y coexistaient, et y avoir retrouvé à tous les niveaux de responsabilité l’esprit de solidarité de la Résistance et de la déportation. Attirée à la fois par les actions en faveur de la paix et du droit des femmes (« Je suis née féministe », dit-elle), elle participa aux deux commissions nationales et fut, en 1957, co-secrétaire de la commission Paix. Elle suivit également les travaux de la commission Accouchement sans douleur qui, dit-elle, permit de dépasser l’ancestral « tu accoucheras dans la douleur » et de développer le respect envers les femmes.
Elle représenta l’UFF à la Fédération démocratique internationale des femmes (FDIF) mais estima qu’il y était difficile, surtout après la mort d’Eugénie Cotton*, d’y parler du droit des femmes, les réflexions y étant plutôt orientées vers la paix et le désarmement. Par ailleurs, n’adhérant elle-même à aucun parti, elle y appréciait peu le côté « très pro-soviétique ». Elle participa néanmoins au Congrès mondial des femmes à Moscou en 1987, assurant en tant que présidente la représentation de l’UFF lors de nombreuses rencontres internationales.
Elle représenta également l’UFF au comité de travail féminin créé par Valéry Giscard d’Estaing, et fut nommée Chevalier de la Légion d’Honneur en 1976.
En 1989, prenant prétexte de son âge, elle quitta la présidence de l’UFF pour devenir présidente du comité d’honneur, créé en 1968. En réalité, elle souhaitait partir, sans pour autant provoquer de conflits. Elle considérait qu’avec le renouvellement des militantes, l’état d’esprit de l’UFF avait changé, privilégiant moins l’union des femmes au profit d’une politique davantage liée au PCF. En tant que présidente du comité d’honneur, elle continua à être membre du bureau national, mais partit définitivement peu de temps après.
Parmi ses souvenirs douloureux de militantisme figurent les luttes contre les guerres coloniales, pour lesquelles, dans un premier temps, il n’était pas facile de mobiliser et qui lui valurent des menaces de la part de l’OAS. Ses meilleurs souvenirs militants sont liés aux victoires obtenues dans le cadre de la lutte pour les droits des femmes, comme la reconnaissance de l’accouchement « sans douleur », le livret de famille aux mères célibataires, désormais appelées « madame », le changement des régimes matrimoniaux en 1970.
Son mari, militant communiste, maire adjoint de Sartrouville (Yvelines) durant plusieurs mandats, ne mit aucun obstacle à l’investissement de Denise Breton dans l’UFF, essayant au contraire de lui faciliter la tâche. Ils eurent trois enfants et, pour concilier vie familiale et vie militante, furent aidés par une employée qui s’occupait notamment des enfants. Deux de ces enfants militent ou ont milité.
Denise Breton écrivit un livre sur différentes femmes de l’UFF, intitulé Histoires ordinaires du féminin présent, publié en 1982 par les éditions Messidor (Temps actuels).

POUR CITER CET ARTICLE :
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article17885, notice BRETON Denise [née DUMAS Denise] par Dominique Loiseau, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 3 mai 2009.

L’histoire d’amour d’une Belge et d’un Polonais à Auschwitz qui a provoqué un mouvement de résistance

L’histoire d’amour d’une Belge et d’un Polonais à Auschwitz qui a provoqué un mouvement de résistance

Dans les camps d’Auchwitz-Birkernau, une histoire d’amour improbable est née entre deux déportés: elle est belge, lui est polonais. Leur évasion, ratée, et leur mort provoqueront un mouvement de résistance.

Dans les camps d’Auschwitz-Birkenau est né un amour tragique, celui de Mala, 25 ans, déportée juive d’Anvers, et d’Edek, 20 ans, prisonnier politique polonais. Ils se rencontrent en 1943 au cœur de l’enfer concentrationnaire. Arrêtée en 1942 durant une rafle, Mala évite la chambre à gaz à son entrée à Auschwitz, elle possède des capacités exceptionnelles. « Elle parlait plusieurs langues couramment, cela la rendait unique grâce à ces capacités, du coup, elle a été choisie par la hiérarchie SS du camp pour transmettre les messages aux prisonniers et aux soldats », explique Teresa Wontor-Cichy, historienne au musée d’Auschwitz-Birkenau, au micro de Sébastien Rosenfeld pour RTL TVI. Les tâches administratives de Mala lui permettent de se déplacer facilement et elle en profite pour aider les femmes en fournissant des médicaments et des vivres.

Le jeune homme rend régulièrement visite au camp des femmes et voit Mala secrètement

Edek fait partie du premier convoi de prisonniers en 1940. Depuis, miraculeusement, il survit en travaillant dans l’atelier de serrurerie. « Il connaissait beaucoup de prisonniers, mais aussi de nombreuses personnes dans l’administration, dans les magasins, ça lui a permis de se procurer des uniformes et des médicaments, il savait à qui s’adresser », indique encore l’historienne. Le jeune homme rend régulièrement visite au camp des femmes et voit Mala secrètement. Des amies épient les capos pour leur permettre de s’aimer.

Ils s’évadent le 24 juin 1944

Edek prépare depuis longtemps son évasion. Uniformes, documents, il ne reste plus qu’à tenter sa chance. Le 24 juin 1944, Edek, habillé de l’officier SS, escorte Mala qui elle a la tenue d’un travailleur. Elle cache ses cheveux et son visage dans un évier qu’elle porte à l’envers sur sa tête. Edek remet son laissez-passer à l’officier de garde, il y jette à peine un coup d’œil, les deux amoureux sont libres.

 

LIRE LA SUITE

Décès de Pierre Gascon, déporté-résistant et homme politique grenoblois

Décès de Pierre Gascon, déporté-résistant et homme politique grenoblois

Par Maïna Sicard-Cras -Publié le
Né en 1921 en Isère, Pierre Gascon ancien resistant-deporté, survivant du camp de Buchenwald, et homme politique est décédé à l’âge de 94 ans entouré des siens, à son domicile grenoblois. Homme de l’histoire, homme politique, passeur d’histoire Pierre Gascon à eu une vie bien chargée.

Homme d’histoire : Déporté à Buchenwald

En 1940, alors que M. Pierre Gascon est étudiant de l’Institut National Polytechnique de Grenoble, il commence à distribuer des tracts et journaux clandestins avec quelques amis. Il s’engage en septembre 1942 dans le réseau de résistance « Jeunesse et Montagne ».

Son père, Résistant lui aussi, le met ensuite en contact avec un réseau de Résistance structuré, le réseau Périclès. Il entre alors dans la clandestinité et enchaîne les missions, dans le Vercors, à Lyon, dans Belledonne, avant de partir rejoindre le maquis du Haut-Jura.

C’est au moment où il tente d’aider un camarade arrêté dans le train lors d’un contrôle de papiers qu’il est pris à son tour, le 21 septembre 1943, puis déporté à Buchenwald.

Homme politique : élu municipal

Revenu de l’horreur des camps, M. Pierre Gascon a continué à s’engager, en tant qu’élu municipal, comme au service de l’action sociale, auprès des jeunes en difficulté, au tribunal de commerce, à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Grenoble, à l’ADIF Isère.

Dans les années 1980, il soutient Alain Carignon dont il deviendra le premier adjoint quand celui-ci sera élu maire de Grenoble en 1983.

Résistance. Un maquisard breton médaillé 75 ans après sa mort

Résistance. Un maquisard breton médaillé 75 ans après sa mort

L’histoire tragique du résistant breton André Gondet, fusillé en 1944 à Plumelec (Morbihan), aurait pu sombrer dans l’oubli sans la longue quête de sa petite-nièce, Stéphanie Trouillard. Grâce à elle, le maquisard a repris sa place dans l’Histoire. Et il est décoré à titre posthume de la médaille de la Résistance française ce samedi 9 février 2019 aux Invalides à Paris.

En septembre 2018, Stéphanie Trouillard publie « Mon oncle de l’ombre. Enquête sur un maquisard breton« . La journaliste livre alors six ans d’enquête dans les pas d’André Gondet. Dans la famille, ce grand-oncle n’est plus qu’un portrait. Son histoire tragique a imposé le silence, si bien que le jeune résistant breton est aux portes de l’oubli. Sur le terrain, auprès des derniers témoins ou dans les archives, Stéphanie Trouillard retrouve patiemment une grande partie du puzzle des 23 ans de la vie de son grand-oncle. « En décembre 2015, je me suis renseignée auprès de l’Ordre de la Libération pour savoir s’il avait été décoré de la médaille de la Résistance », raconte la journaliste, passionnée d’histoire. Elle découvre alors qu’il avait bien sa carte de combattant volontaire de la résistance, mais pas de médaille. « Ils étaient surpris ».

Une reconnaissance encore possible

Trois de ses compagnons FFI, fusillés à ses côtés le 12 juillet 1944 à la ferme Gicquello de Plumelec (Morbihan), ont reçu cet hommage : Henri Louail, Emmanuel Le Breton et Georges Grignon. « Les familles avaient dû faire les démarches nécessaires dès les années 1960, mais à l’époque mes arrière-grands-parents étaient déjà décédés », explique Stéphanie Trouillard. Elle apprend alors qu’il est toujours possible de demander cette reconnaissance à titre posthume pour les personnes tuées pendant la guerre ou morts en déportation pour des faits de résistance. Elle dépose le dossier d’André Gondet début 2017 au bureau des décorations, émanation du ministère de la Défense.

LIRE LA SUITE 

Fusillé au Plantis en 1944, Joseph Philippe reçoit la médaille de la Résistance à titre posthume

Fusillé au Plantis en 1944, Joseph Philippe reçoit la médaille de la Résistance à titre posthume

Fusillé le 26 juin 1944 au Plantis (Orne), Joseph Philippe va recevoir, samedi 9 février 2019, la prestigieuse médaille de la Résistance à titre posthume.

Le lundi 26 juin 1944, le soleil brillait sur la Normandie et le village du Plantis baignait dans cette chaleur estivale. Les Alliés avaient débarqué sur les plages normandes trois semaines auparavant, l’espoir renaissait chez les Français mais l’époque était placée sous le signe de la violence, les Allemands ne voulant rien lâcher. Aidée par des miliciens, la Gestapo traquait fébrilement les résistants, multipliant les exécutions sommaires. Les dénonciations allaient bon train et les résistants devaient, plus que jamais, être précautionneux.

Réfugiés dans une ferme

Joseph Philippe et Lucien Jarrier, qui appartenaient tous les deux au mouvement Vengeance, groupe de Courtomer, avaient trouvé refuge au Plantis, dans la ferme de la famille Brillant, au lieu-dit La Brosse, tout comme le colonel de Pelet, chef militaire de la Résistance de l’Orne. « C’était là, depuis longtemps, un asile sûr pour les gens de la Résistance, certains d’y trouver toujours un bon accueil », peut-on lire dans La Bataille de Normandie, Récits de témoins (Editions de Notre Temps).

Malheureusement, la Gestapo, aidée de la milice de Darnand (secrétaire général de la Milice française), avait réussi à localiser cette retraite.

Le 26 juin 1944, vers 11 h, quatre miliciens et trois Allemands sont brusquement entrés dans la ferme, à la recherche du colonel de Pelet, d’Emile Brillant et de ses deux fils. Durant près de deux heures, ils s’acharnèrent sur Armelle Brillant pour la faire parler, en vain, mais ils finirent par découvrir Joseph Philippe, alias Jacques Prunet et Lucien Jarrier. Ce dernier réussit à s’enfuir, mais pas Joseph.

 

LIRE LA SUITE