Théâtre Edelweiss, aux origines du fascisme en France

Théâtre Edelweiss, aux origines du fascisme en France

Théâtre Après avoir adapté l’Esthétique de la résistance, de Peter Weiss, Sylvain Creuzevault s’attaque à la collaboration française à travers les figures d’écrivains et de journalistes convertis à l’idéologie nazie.

Ils s’appellent Pierre Drieu la Rochelle, Robert Brasillach, Lucien Rebatet, Philippe Henriot, Louis-Ferdinand Céline… Ils sont écrivains, journalistes. Certains d’entre eux ont connu les tranchées de la Première Guerre mondiale. Le 6 février 1934, ils étaient de la manifestation antiparlementaire à l’appel des Croix-de-Feu, de l’Action française et de tout un conglomérat de ligues factieuses antirépublicaines. Ils ont en commun un antisémitisme viscéral, un anticommunisme féroce. Plutôt Hitler que le Front populaire, hurlaient-ils avec les loups.

Après avoir monté l’Esthétique de la résistance, de Peter Weiss, qui raconte la résistance communiste allemande, Sylvain Creuzevault met en scène la collaboration française. Pas d’adaptation mais un travail d’écriture de plateau, à partir de lectures et autres documents audio et visuels, pour élaborer, avec les acteurs, Edelweiss. Plusieurs tableaux constituent cette pièce, qui se succèdent sans temps mort ni faux raccords, déployant ainsi une frise historique chronologique qui s’autorise quelques allers-retours dans le passé tout en affirmant une volonté didactique sans faille. On pense à Brecht, évidemment, dans cette adresse au public régulière, dans le jeu farcesque des acteurs, qui n’hésitent pas à s’interpeller ou à commenter leurs propres personnages, dans des saillies humoristiques désopilantes, et dans ce décor à la fois imposant et épuré. Mais aussi dans cette idée d’un théâtre qui s’inscrit dans le présent, notre présent. Car, derrière cette fresque historique, ce décryptage de la collaboration non par les petites mains, mais par ceux qui la théorisèrent et en devinrent ses thuriféraires officiels par la littérature ou le journalisme, on entend la petite musique d’aujourd’hui qui se répand, sans complexe, sur les ondes ou les réseaux sociaux. « Le retour de l’hypothèse fasciste est d’actualité », dit Sylvain Creuzevault.

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