Il y a 75 ans, dix-neuf jeunes résistants étaient fusillés à Ploufragan

Il y a 75 ans, dix-neuf jeunes résistants étaient fusillés à Ploufragan

Il y a 75 ans, presque jour pour jour, le 6 mai 1944, les Allemands fusillaient dix-neuf résistants FTP (Franc tireurs partisans) au lieu-dit le Croix, originaires du Trégor et du Centre-Bretagne (Côtes-d’Armor), à Ploufragan.

Ils étaient dix-neuf jeunes hommes. Ils venaient de Callac, de Plourac’h, de Maël-Carhaix, de Lannion, de Trébrivan, de Guingamp, de Ploumilliau et de Louargat. Ils avaient décidé de résister à l’occupant allemand, c’était en 1944.

Pour avoir réalisé des actes de sabotage et des agressions contre les soldats, ces hommes sont arrêtés. Certains le 9 avril, au cours de la rafle du dimanche de Pâques, à Callac, d’autres dans la nuit du 6 au 7 janvier 1944, dans la région de Trébrivan, ou dans la forêt de Beffou, le 6 mars. Tous sont torturés à « la pépinière », à Plouaret, siège des Feldgendarmes allemands.

Un jugement expéditif des Allemands au tribunal de Saint-Brieuc

Le 6 mai 1944, ces dix-neuf résistants sont fusillés sur un camp de manœuvre de Ploufragan, pas loin de l’actuel zoopôle, après le jugement expéditif d’un tribunal allemand, siégeant au palais de justice de Saint-Brieuc. Entre 7 h 10 et 7 h 30, les douze premiers résistants sont abattus.

L’heure constatée des décès (7 h 10, 7 h 21, 7 h 31) met en évidence que les douze martyrs ont été fusillés quatre par quatre. Ils s’appelaient Pierre-Louis Menguy, Marcel Bitaille, Auguste Duguay, Eugène Cazoulat, Jean Pleyber, Maurice Lagadec, Roger Quintric, Arsène Le Bozec, François Prigent, Charles Le Gallou, Émile Henry et Roger Madigou. Les dix-neuf corps sont enterrés sur place, sans cercueil.

Aux héros du 6 mai…

Quelques jours après l’exécution, le 12 mai 1944, une gerbe est déposée au monument aux morts de Callac-de-Bretagne avec cette inscription : « Aux héros du 6 mai, fusillés par les boches ». Une oriflamme est également accrochée au monument.

Constatant que la population vient déposer des fleurs à l’endroit de la fusillade, les autorités allemandes font exhumer les corps et les transportent à l’abri de tout regard, dans la fôret de Lorge.

Après la Libération, à la demande de Jean-Marie Madigou, le père d’un des suppliciés du 6 mai 1944, Armand Tilly et Louis Lalès, originaires de Louargat entreprennent des recherches pour retrouver les corps.

Le 18 août, ils sont aidés par un cultivateur de Plœuc-sur-Lié, qui a repéré dans une clairière du bourg de L’Hermitage-Lorge, des monticules de terre. Les huit dépouilles des martyrs de Plouaret et de Louargat sont transportées dans leurs communes d’origine.

Le comité départemental de la Libération, prévenu de la présence des autres corps, fait le nécessaire pour les rapatrier également dans leurs localités respectives.

D’émouvantes lettres d’adieu aux familles

Il y a celle de Pierre-Louis Menguy :

« Chère maman, chères sœurs, chers oncle et tante, chers amis et amies. C’en est fait : je suis condamné à mort. Je péris avec onze autres camarades. Le jugement est à exécuter tout de suite, c’est-à-dire que tout à l’heure je ne serai plus. Ma dernière pensée va vers vous. Ne vous figurez pas que c’est un déshonneur de mourir pour son pays. Bonjour aux électriciens de la compagnie et aux copains. Ton fils qui t’a toujours aimé. »

Celle d’Auguste Pastol :

« Mes chers Parents et petite sœur. Je vous écris ces quelques mots pour mes dernières nouvelles car vous n’aurez plus l’occasion de me voir, enfin chers parents soyez courageux. Tu donneras le bonjour à tous mes parents car moi je vais voir le Bon Dieu et là je serai tranquille. Le curé m’a confessé avant de mourir. Adieu pauvre père et maman et petite sœur. »

Ou encore celle de Pierre Menou :

« Bien chers parents père et mère frère et sœur. Je suis condamné pour ce que j’ai fait contre les Allemands, mais ne vous découragez pas, je ne suis pas le seul. Je souhaite à frère et sœur un courage pendant toute votre vie et de ne pas faire comme moi. Maintenant je me confesse à Dieu pour la dernière fois. Mais je meurs courageux, à mon âge c’est triste de mourir. Donne le bonjour à ma chère patronne Joséphine. Adieu Père et Mère frère et sœur et grand père et toute la famille.»

Comments are closed.