Exposition, du 1er octobre au 30 janvier 2022- Musée de la libération – Musée du général Leclerc- Musée Jean Moulin
« Au moment de la Libération, l’artiste crée, à l’initiative de Louis Aragon, une série de portraits d’Henri Tanguy (1908-2002), dit Colonel Rol-Tanguy, militant communiste et héros de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale : chef des Forces Françaises de l’Intérieur de la région Île-de-France en 1943, il mène la Libération de Paris avant l’arrivée des blindés du général Leclerc.
Rendue possible par la contribution essentielle de la Fondation Giacometti et s’appuyant sur des prêts importants, consentis notamment par des particuliers et par le Musée national d’art moderne, l’exposition présentera des sculptures en plâtre et en bronze, des dessins et des photographies. Avec cette exposition et la publication scientifique qui l’accompagne, il s’agit de retracer les raisons et les étapes d’un projet artistique méconnu et resté inabouti.
Plus largement c’est l’engagement politique de l’artiste qui est interrogé. Sa sensibilité de gauche antifasciste, ses liens avec les différentes mouvances du surréalisme et avec l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires seront ainsi rappelés par la série de six dessins politiques exécutés vers 1932 par le sculpteur, qui déclare alors dans une lettre à Breton : « Je ne conçois pas la poésie et l’art sans sujet. J’ai fait pour ma part des dessins pour La Lutte, dessins à sujet immédiat et je pense continuer, je ferai dans ce sens tout ce que je peux qui puisse servir dans la lutte de classes ».
Les portraits de Rol-Tanguy ne sont pas réalisés dans cette perspective militante, mais témoignent néanmoins de l’amitié persistante de l’artiste avec Aragon. D’après Alberto Giacometti lui-même, les séances de pose avec Rol-Tanguy furent un moment fort dans les rencontres faites après son retour à Paris après la guerre : « Il n’a rien à faire avec le type du militaire, l’allure des jeunes généraux de Napoléon, il est très vif et intelligent, nous parlons de livres de guerre, etc. »
En complément et dans une esthétique proche, deux bustes de Marie-Laure de Noailles et de Simone de Beauvoir soulignent sa conception très personnelle de la sculpture, dans laquelle l’impression du monumental n’est pas donnée par la taille de l’œuvre, mais par le contraste entre la proportion du motif et celle du socle ».