Musée de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne

Musée de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne

Le COUP DE COEUR de … Catherine Monnot-Berranger, responsable de la médiation culturelle
« Ce cliché de Germaine Chaumel a été choisi pour accueillir les visiteurs à l’entrée d’une exposition dont le propos, bien que souvent sombre, irradie parfois, comme ici, et nous traverse d’un regard espiègle et d’un chaleureux sourire. Cette photo semble tout dire du paradoxe Chaumel : des gamins aux jambes nues malgré le froid que l’on devine, les vêtements rapiécés et tâchés, entourés par la boue et les détritus, mais emprunts de l’amour de leur mère penchée sur eux, les couvant du regard, et dégageant cette douce gravité de l’enfance.
Ces enfants sont ceux du bidonville de Bourrassol, ce quartier de la rive gauche de la Garonne où sont relégués les plus pauvres des toulousains jusqu’au début des années soixante. Ils bénéficient en 1939 du suivi des premiers services sociaux, comme en témoigne l’article de la Dépêche pour lequel Germaine Chaumel a réalisé cette photo.
A regarder ces enfants, on ne peut s’empêcher de se demander ce que sont devenus ces quatre petits, ce qu’a été leur vie après avoir grandi dans des conditions matérielles qu’aucun parent ne souhaiterait pour ses propres enfants. Sont-ils restés à Toulouse ? Ont-ils été heureux malgré tout ? Sont-ils toujours parmi nous ?
On ne peut non plus s’empêcher de penser que ces enfants en rappellent d’autres, qui grandissent non loin de nous aujourd’hui, et d’autres bidonvilles à quelques kilomètres à peine de celui du Bourrassol de 1939. Et lorsque, comme Germaine Chaumel, on s’autorise les chemins de traverse pour aller jusqu’à eux, on en jurerait, leurs regards, leurs sourires et ceux de leurs mères, sont exactement les mêmes. »
Photographie Germaine Chaumel, fonds Martinez Chaumel, 674-2-4
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