Bande dessinée et résistance : quand la BD réécrit le Roman National
Parce qu’il ne faut pas laisser la nation aux nationalistes, parce que nous devons être reconnaissants vis-à-vis des aînés qui se sont battus pour notre liberté, parce que la démocratie est une longue chaîne de combats de chaque instant jamais épuisés, il est utile de prendre exemple sur les héros de la Résistance mais aussi de méditer sur les raisons et les façons de résister. Plusieurs auteurs de bande dessinée s’y sont récemment employés…
Lors du Salon du Livre en mars dernier, nous assistions à une rencontre entre Émile Bravo, l’auteur d’un Spirou hors du commun, L’Espoir malgré tout (Dupuis), Vincent Dugomier et Benoît Ers, les auteurs de la série Les Enfants de la Résistance (Le Lombard) et Henry Rousso, grand historien connu notamment pour avoir forgé les vocables de « résistancialisme » et de « négationnisme ».
Celui-ci rappela la définition basique du mot « résistance » : nuire à la puissance occupante. Il remit aussi dans nos mémoires la singularité de la France occupée pendant la Seconde Guerre mondiale : contrairement au reste de l’Europe, il y avait en France un gouvernement « légitime » qui a collaboré avec l’Allemagne. Beaucoup de gens n’ont pas résisté parce qu’il y avait Pétain qui « arrêtait la guerre » faisant le don de sa personne à la nation. C’était, pour la plupart de ces gens qui avaient un vif souvenir de la Première Guerre mondiale, un immense soulagement.
Se battre contre Vichy -une dictature, rappelons-le- n’était pas évident en raison de la popularité du vieux maréchal. Peu de gens étaient pro-allemands mais beaucoup étaient pro-Pétain. Rousso rappelle à juste titre que la résistance à Vichy avait joué un rôle essentiel dans le soutien à De Gaulle. C’était une résistance essentiellement politique, mais qui a été très importante dans le discrédit de Pétain, figure paternelle très forte soutenue par un travail de propagande puissant dans les écoles autour de la « Révolution nationale », produit de la vieille droite maurassienne.