Indigènes, pieds-noirs, résistants… Ces héros oubliés de l’opération Dragoon

En août 1944, les Alliés débarquèrent en Provence. Parmi eux, l’armée B, composée majoritairement d’ »indigènes », ressortissants colonisés d’Afrique du Nord et subsaharienne, et de pieds-noirs – les Européens d’Algérie. Des soldats largement ignorés après la victoire.
En cette chaude soirée du 14 août 1944, Radio Londres délivra d’étranges « messages personnels » à la Résistance française : « Gaby va se coucher dans l’herbe… Nancy a le torticolis… Le chasseur est affamé… ». Cette fois, aucun doute : après la Normandie en juin 1944, les Alliés allaient de nouveau débarquer en France, cette fois-ci en Provence. L’opération, initialement nommée Anvil, puis rebaptisée Dragoon, se révéla l’une des plus colossales offensives interarmes de la Seconde Guerre mondiale : 3500 00 soldats alliés embarqués sur 2 000 navires, appuyés par 3 600 avions, avec parmi eux, une armée française, dite « armée B ». Cette armada, le soir du 15 août, parvint à établir une solide tête de pont, du cap Nègre, près du Lavandou, à Saint-Raphaël. Churchill s’était opposé à ce projet qui, selon lui, empêcherait les Alliés de percer le front italien pour déboucher sur l’Europe centrale avant l’Armée rouge. Mais les Américains tenaient à « soulager » le débarquement en Normandie du 6 juin, et contrôler les ports clés de Marseille et de Toulon.