Cette famille rend hommage à son grand-oncle résistant qui a sauvé 150 prisonniers pendant la guerre

Cette famille rend hommage à son grand-oncle résistant qui a sauvé 150 prisonniers pendant la guerre

Par Benoit LE BRETON

À Caen en Normandie, Jean-Marie Vinclair entraîne sa femme allemande et leurs deux enfants en pleine Seconde Guerre mondiale. Il souhaite réaliser un documentaire sur son grand-oncle Raymond, résistant ayant sauvé 150 prisonniers pendant la guerre et guillotiné en 1944 par les nazis.

Raymond Vinclair n’a pas été englouti dans les oubliettes de l’histoire. Depuis 2005, la place de la gare à Betton (Ille-et-Vilaine), sa ville natale, porte le nom de cet ancien cheminot rennais, guillotiné à 26 ans, le 24 juillet 1944, dans une prison en Allemagne. Sa notoriété posthume n’a jamais atteint celle d’une Sophie Scholl, la jeune résistante allemande, exécutée par les nazis pour « haute trahison », sur décision du sinistre « tribunal du peuple » à Berlin en Allemagne devant lequel Raymond a aussi comparu.

Mais, héros fantôme, le résistant l’est surtout pour Jean-Marie Vinclair, 48 ans, installé à Caen (Calvados). « Jamais, dans ma famille, je n’avais entendu parler de mon grand-oncle », s’étonne ce professionnel de l’image, pourtant présent, en 2005, lors de l’inauguration de la place à Betton. L’événement n’a pas suffi à piquer sa curiosité. « La représentation que j’avais des relations franco-allemandes se limitait à cette poignée de main, en 1984, entre le président Mitterrand et le chancelier Kohl. Pour moi, l’antagonisme, lié aux deux guerres mondiales, c’était de l’histoire ancienne. »

Prisonniers de guerre libérés

Envoyé en Allemagne, dans le cadre du service du travail obligatoire (STO), Raymond Vinclair a profité de son affectation dans une gare de marchandises pour, avec l’aide de complices, renvoyer dans leur pays des prisonniers de guerre français, belges et néerlandais, en les transférant, la nuit, d’un wagon à l’autre. En deux mois, quelque 150 prisonniers auraient profité du subterfuge avant la dénonciation de ses organisateurs à la Gestapo.

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