Des objets nazis mis en vente sur le Bon Coin par un habitant de Poitiers

Des objets nazis mis en vente sur le Bon Coin par un habitant de Poitiers

Un brassard et un drapeau floqués d’une croix gammée ont été mis en vente récemment sur le Bon Coin par un habitant de Poitiers. Président de l’association Vienne Résistance Internement et Déportation, Jean-Jacques Guérin s’insurge : « C’est scandaleux et même dégueulasse ! »

France Bleu Poitou a volontairement flouté les croix gammées visibles sur le brassard et le drapeau.
France Bleu Poitou a volontairement flouté les croix gammées visibles sur le brassard et le drapeau. – Capture d’écran le Bon Coin

Une casquette et des insignes de sous-officier allemand, mais surtout un brassard rouge et un drapeau des jeunesses hitlériennes avec des croix gammées à peine, voire pas du tout, dissimulées. Ces objets nazis ont été mis en vente mercredi 22 avril sur le site du Bon Coin par un habitant de Poitiers dont le pseudonyme est « bullweiss-1294-2014 ». Des « petites annonces » qui scandalisent plusieurs historiens et spécialistes de la Seconde Guerre Mondiale.

« Je trouve ça particulièrement choquant et même criminel »

Professeur d’histoire émérite à l’université de Poitiers, Jean-Marie Augustin dénonce « une offense, une injure faite à toutes les victimes de la barbarie nazie. C’est criminel de vendre ces objets sur le Bon Coin. Il ne peut pas y avoir de commerce là-dessus, ce n’est pas possible. Qu’on les mette dans des musées, oui. Mais qu’ils soient ainsi vendus comme des poupées Barbie ou je ne sais quoi, c’est inadmissible », affirme l’auteur de Poitiers occupé, Poitiers bombardé. 

"Un drapeau des jeunesses allemandes" mis en vente à 250 euros sur le Bon Coin par un "collectionneur" habitant Poitiers.
« Un drapeau des jeunesses allemandes » mis en vente à 250 euros sur le Bon Coin par un « collectionneur » habitant Poitiers. – Capture d’écran le Bon Coin

Des annonces publiées quelques jours avant la Journée nationale aux victimes de la déportation

« Je suis indigné. Complètement indigné. Scandalisé. » Président de l’association mémorielle Vienne Résistance Internement Déportation (VRID), Jean-Jacques Guérin est révolté par la vue d’une croix gammée sur le site le Bon Coin. La date de publication des annonces rajoute, selon ce poitevin, de l’horreur à l’horreur.

« Je suis scandalisé d’autant plus que ce dimanche 26 avril, nous commémorons la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation. »

« Nous avons célébré en janvier le 75e anniversaire de la Libération des camps d’extermination et on n’est pas loin du 8 mai, journée de la Libération ». Jean-Jacques Guérin rappelle également que le Poitou, non loin d’Oradour-sur-Glane, est une terre qui a payé un lourd tribut à la barbarie nazie. En témoignent les fusillés de la butte de Biard, le massacre du Vigeant ou encore le camp d’internement de la route de Limoges, dont les prisonniers, Juifs, Espagnols, Tziganes, ont été déportés vers les camps de Buchenwald et Sachsenhausen.

« Cette conjuration de dates condamne plus fortement ce comportement de ceux qui veulent se faire du fric avec ces objets, c’est proprement scandaleux et je dirais même dégueulasse! »

Que dit la loi française ?

La vente d’objets nazis n’est pas interdite par la législation française. En revanche, comme le rappelait Marianne en 2018, l’article R.6451 du Code Pénal punit le « port ou l’exhibition d’uniformes, insignes ou emblèmes rappelant ceux d’organisations ou de personnes responsables de crimes contre l’humanité ». En clair, un collectionneur peut vendre de tels objets à condition que les insignes nazies comme une croix gammée soit cachée à la vue du public. Ce qui n’est d’évidence par le cas ici.

« La croix gammée sur ces annonces n’est absolument pas cachée et ça c’est choquant car ça peut être considéré comme de l’apologie du nazisme et donc tomber sous le coup de la loi », explique Christian Richard, le maire de Tercé et responsable des collections de la Seconde Guerre Mondiale de la commune.

Contactés par France Bleu Poitou, la direction communication du Bon Coin et le vendeur poitevin n’ont pour le moment pas répondu à nos sollicitations.

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