Daniel Cordier, l’engagement d’une vie
By JNR-CPL |
Daniel Cordier, l’engagement d’une vie
- Par Blaise de Chabalier
- Mis à jour
- Publié
-
Alias Caracalla, un téléfilm saisissant d’alain tasma inspiré du livre éponyme du secrétaire de Jean Moulin.
«La police et la Gestapo vous traqueront sans répit. Vous ne porterez pas d’uniforme mais vous serez sur le front jour et nuit.» Ainsi, à Londres en juillet 1940, s’adressait le colonel Passy, chef des tout nouveaux services secrets de la France libre, le BCRA (Bureau central de renseignement et d’action) au jeune Daniel Cordier. Cette scène du beau téléfilm d’Alain Tasma illustre le choix décisif d’un jeune homme de 20 ans. Un militant de l’Action française qui ne supporta pas la soumission du maréchal Pétain aux Allemands. Avec d’autres jeunes gens de tous bords politiques, croyants ou non, il décida de suivre le général de Gaulle, alors peu connu. C’est cet engagement que Daniel Cordier raconte dans son livre (publié en 2009 chez Gallimard) intitulé Alias Caracalla comme la fiction télévisée. Un titre à première vue énigmatique, qui renvoie au nom attribué par Roger Vailland, dans son roman Drôle de jeu, à celui qui fut le secrétaire de Jean Moulin. Ce film en deux parties diffusé en 2013 sur France 3, est proposé aujourd’hui et demain en fin de journée sur Public Sénat.
Fin juillet 1942, après un entraînement long et poussé outre-Manche, Daniel Cordier part en mission en France. Il rencontre à Lyon pour la première fois Rex, le représentant du général de Gaulle auquel il remet une enveloppe de deux millions de francs. Le jeune homme aura notamment pour tâche de gérer l’argent fourni par la France Libre pour financer la résistance intérieure. La scène du premier dîner en tête à tête entre les deux hommes est très réussie. Rex, dont le nouveau secrétaire n’apprendra que quelques mois après son arrestation par la Gestapo qu’il s’appelait Jean Moulin, apparaît comme un homme déterminé et particulièrement humain. Son interprète, Éric Caravaca offre à son personnage une prestance saisissante. Quant à Jules Sadoughi, dans le rôle de celui qui a passé ses années lycée à faire le coup de poing contre «les rouges», il interprète un Daniel Cordier plein de fougue. Un enthousiaste qui s’exclame à propos de son nouveau patron: «On est d’accord sur rien, mais il est extraordinaire!» Une chose est sûre: entre le combattant de la République et le royaliste idéaliste, le courant passe.
Fascinante relation
Le quotidien du travail de celui qui prend le pseudonyme d’Alain – «en souvenir d’un ami qui m’a fait aimer ce philosophe et ses propos sur le bonheur» – explique le jeune homme, est bien rendu. Daniel Cordier doit organiser et maintenir les contacts avec les responsables des mouvements de résistance, les officiers de liaison et les opérateurs radio. Décrypter les messages envoyés de Londres fait aussi partie de ses attributions. Et quand il part dans le Vercors auprès de ceux qui veulent créer là-bas un groupe de combattants, il sait prendre des initiatives en faveur du projet. D’autant plus que les réfractaires du STO affluent pour lutter contre l’occupant. En revanche, Alain assiste, impuissant, aux difficultés extrêmes que Jean Moulin rencontre pour unir les mouvements de résistance de la zone Sud. Le 27 mai 1943 se tient pourtant, enfin, à Paris, la première réunion du Conseil de la résistance. Moins d’un mois plus tard, le 23 juin, Rex est arrêté.