Ils ont distribué des tracts, cassé des portraits du maréchal Pétain, se sont montrés solidaire avec les juifs et ont contribué à préparer le débarquement des Alliés… Malgré leur courage et leur sacrifice au nom d’une société plus humaine, l’histoire de ces jeunes Français prêts à mourir est aujourd’hui occultée. Entretien avec David André, sur son film Les lycéens, le traître et les nazis, présenté en compétition au Festival international du documentaire (Fipadoc) de Biarritz.

RFI : Vous avez sciemment intitulé votre documentaire Les lycéens, le traître et les nazis, sachant qu’on avait beaucoup entendu parler des nazis, très souvent aussi de la collaboration et des traîtres si l’on pense aux histoires des femmes tondues après la Libération, mais très peu de la résistance lycéenne. Pourquoi ce sacrifice ultime d’une centaine de jeunes est pratiquement tombé dans l’oubli ?

David André : Je ne sais pas pourquoi cette histoire de lycéens n’a pas encore été traitée jusqu’à aujourd’hui. C’est étrange, parce que c’est quand même l’histoire importante et majeure d’un grand réseau de résistance lycéenne contre les nazis sous l’Occupation à Paris. Donc, je suis un peu étonné qu’il n’y a pas eu de film avant moi. Il y a eu quelques livres écrits par des historiens du Centre de la France, puisque c’est là qu’a eu lieu la tragédie. Ces historiens m’ont dit que cette tragédie de La Ferté-Saint-Aubin s’est passée le même jour que le grand massacre commis par le régiment SS « Das Reich » à Oradour-sur-Glane [624 hommes, femmes et enfants tués, NDLR], le 10 juin 1944. C’est peut-être la raison pour laquelle on ne se souvient pas de cette histoire de lycéens résistants massacrés.

Qu’était ce Corps franc Liberté ?

Dans les réseaux de résistance, il y avait des secteurs « Intelligence » : le renseignement, l’espionnage, qui faisaient remonter beaucoup de données, notamment à Londres. Et puis, il y avait des secteurs « Action », avec des gens prêts à faire des sabotages, à se battre, à prendre les armes dans des conditions très risquées. Les corps francs étaient des unités destinées à prendre un jour des armes. Le jour où il y aurait le soulèvement général, il fallait être prêt. Et ces lycéens faisaient partie d’un de ces Corps franc Liberté. Ils étaient jeunes : 15, 16, 17 ans, mais formés à la clandestinité et à la lutte armée.

Votre film commence avec des images spectaculaires du débarquement des Alliés. Est-ce que c’était facile de trouver des images de lycéens de cette époque ?

C’était très difficile, puisque, évidemment, les lycéens de l’époque n’avaient pas d’iPhones… Il y a très peu d’images, à part de quelques images de la propagande du régime de Vichy qui collaborait avec l’Allemagne et parlait du « redressement national de la jeunesse », etc. Donc, il n’y a pas d’images. C’était toute la difficulté de ce projet. Comment raconter cette histoire extraordinaire, alors qu’il n’y a que très peu d’images. Pour cela, j’ai eu recours à un dispositif de création afin de redonner vie à l’histoire de ce réseau de lycéens résistants.

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