Yvette Lundy ou le temps de la Mémoire
Yvette Lundy vient de s’éteindre à l’âge de 103 ans. Déportée dans les camps de Ravensbrück et Buchenwald, Yvette Lundy, une grande figure marnaise de la Résistance, a sillonné les collèges et les lycées de Champagne-Ardenne pendant 40 ans.
Retour sur un parcours hors norme. Yvette Lundy vient de s’éteindre à l’âge de 103 ans. Nous l’avions rencontrée à l’occasion de son centième anniversaire. Elle s’était confiée sur sa vie, ses engagements, son histoire hors du commun.
« Physiquement, on récupère, mais psychologiquement, c’est très dur », confesse-t-elle. Pendant 15 ans, Yvette Lundy n’ a rien dit de sa déportation. Elle commence à témoigner grâce au Concours National de la Résistance et de la Déportation. Elle va à la rencontre des jeunes dans les lycées et les collèges.
A Chaque fois, devant une assistance à l’écoute, Yvette Lundy raconte son cauchemar, le cauchemar vécu par tant d’autres comme elle dans les camps. « J’ai de la chance d’être en vie », reconnaît elle devant des élèves toujours attentifs même si son histoire semble être d’un autre temps. « Si je parle aujourd’hui, c’est pour qu’on n’oublie pas, pour vous transmettre un message de tolérance ».
Un parcours hors norme
Yvette Lundy inspire au réalisateur Tony Gatlif, le personnage de Mademoiselle Lundi dans son film « Liberté » avec Marc Lavoine et Marie José Croze en 2009. C’est l’histoire d’une institutrice qui va cacher une famille de tsiganes chez elle pendant la seconde guerre mondiale. « Le film ne raconte pas exactement mon histoire », explique l’ancienne résistante, « mais ça ressemble à ce que j’ai vécu ».
En 2011, le collège d’Aÿ est rebaptisé collège Yvette Lundy, en hommage à cette grande résistante, venue témoigner devant plusieurs générations d’élèves.
Deux ans plus tard, elle publie un livre Le fil de l’araignée, coécrit avec Laurence Boisson-Barbarot, dans la collection Book Mystère, Editions LB-com. Yvette Lundy a alors 95 ans. « Même si j’ai encore bon pied bon œil, et un joyeux optimisme qui me fait dire que j’ai que j’ai la vie devant moi », écrit-elle dans le dernier paragraphe, « je sais que je ne pourrai pas continuer éternellement. Je me suis attelée à l’écriture de cet ouvrage comme l’ultime étape de mon engagement pour la liberté ».