75e anniversaire du Débarquement. Le chemin de « terroriste » à « déporté résistant »
Robert Lecorneur, militant communiste, a été arrêté sur dénonciation en 1943, certainement torturé, déporté en Allemagne au camp de Sachsenhausen d’où il n’est jamais revenu.
L’histoire
Robert Lecorneur, né le 29 novembre 1903 à Lisieux, était couvreur à Saint-Martin-de-la-Lieue. Il se marie le 12 février 1927 avec Madeleine Labbé.
Militant communiste, il a « été dénoncé comme membre du Parti communiste, arrêté à son domicile par la police mobile de Rouen, le 28 janvier 1943 » peut-on lire dans son épais dossier, conservé aux Archives de Caen, que Jean-Charles Robillard, historien, est allé consulter.
Les informations contenues dans son dossier sont parfois contradictoires, voire inexactes, mais on peut tout de même en extraire les grandes lignes.
Condamné pour « terrorisme »
Dans les renseignements relatifs à l’arrestation, on peut lire le motif de la condamnation : « Terroriste ». La peine prononcée, par le tribunal allemand à Paris, rue Boissy-d’Anglas est de « quatre ans de réclusion ». « Aucune preuve n’ayant pu être apportée de sa participation à une action dite terroriste », rapportait, en 1952, Michel de Bouard, professeur de lettres à l’université de Caen, homologué commandant dans la Rif (Résistance intérieure française).
Robert est inscrit au fichier des condamnations des Archives « de Brinon », pour « complicité d’intelligence ».
Une note manuscrite postérieure à la guerre dans son dossier stipule, dans les renseignements relatifs à l’acte qualifié de résistance : « Terroriste, d’après les termes allemands, ce qui veut dire en France « Résistant » ».
Robert Lecorneur est incarcéré à la prison de Fresnes, puis déporté en Allemagne au camp de concentration de Sachsenhausen, à Oranienbourg. Un camp qui se voulait un « modèle du genre », à 30 km au nord de Berlin. Le 6 septembre 1943 sera la dernière date notée sur son dossier. Robert mourra au camp.