Jean Villeret, 96 ans,

Jean Villeret, 96 ans,

Ce résistant déporté grandi à Maisons-Alfort continue inlassablement de raconter l’horreur de la Seconde Guerre mondiale aux élèves de la France entière. Il a été décoré des Palmes académiques lors d’une cérémonie en mairie.

 « En 1938, je faisais l’école buissonnière du côté de Saint-Vincent à Maisons-Alfort. Jamais je n’aurais cru qu’on me décerne les Palmes académiques, c’est un peu fort de café. Tout arrive ». Ce vendredi soir, Jean Villeret tient fébrilement son discours, écrit, pour une fois. Lui qui habituellement parle « à chaud ». Le résistant déporté de 96 ans, narrateur infatigable de l’Histoire devant la jeunesse française, est le centre de tous les regards, en mairie d’Alfortville.

Quelques minutes auparavant, le député PS Luc Carvounas lui a remis les Palmes académiques, au grade de commandeur. Une distinction « très importante » qui l’« honore ». Ce titre vient s’ajouter à une très longue série (officier de la Légion d’honneur, Médaille militaire, Croix de guerre avec palme, Médaille de la déportation…), aussi impressionnante que l’est sa vie de combattant.

Jean Villeret, 96 ans, a reçu les Palmes académiques, en mairie d’Alfortville. LP/Agnès Vives

A Dachau jusqu’en avril 1945

« Un parcours exceptionnel », vante admiratif en début de cérémonie le maire PS Michel Gerchinovitz, avant d’en relater les grandes dates. Le 14 juin 1940 et l’exode à 18 ans. Le 31 décembre 1943 et l’entrée dans la résistance armée au côté des Francs-Tireurs Partisans. Le 7 juillet 1944 et la déportation au camp de concentration de Natzweiler-Struthof, avant Dachau où il restera jusqu’à la libération du camp par les troupes américaines, le 29 avril 1945.

« Quand j’ai vu les premiers soldats américains, ce fut quelque chose d’inoubliable. Cinq ans à attendre le débarquement et les troupes alliées. C’était Noël. Le monde allait vivre dans la paix. »

« J’ai du mal à lire, pourtant j’ai écrit gros »

Alors comme tous ceux « revenus de cet enfer », son « devoir » est de venir témoigner. Encore et encore. Que ce soit dans les écoles, les collèges, les lycées et même à l’université, « une fois ». Ce jeudi, il était à Levallois (Hauts-de-Seine) devant 70 jeunes, deux jours avant, le résistant livrait son récit à Sablé-sur-Sarthe.

Et alors qu’il force l’admiration d’une assistance au bord des larmes, le combattant rend hommage au corps enseignant, à « l’Education nationale, laïque, obligatoire et gratuite, une chance pour la jeunesse en France, indispensable au savoir et à la connaissance ».

Avant de s’excuser de chercher ses mots, non sans humour : « J’ai du mal à lire, pourtant j’ai écrit gros ». Le public sourit. Mais l’émotion rattrape très vite la salle, les anciens combattants présents, son épouse Nicole au premier rang, les élus… Jean Villeret entonne « la Voix du rêve ». Ce chant qui a bercé les nuits du camp de Natzweiler-Struthof. « Gravé dans sa mémoire ». C’était il y a 75 ans.

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