Mois : juin 2019

Damira s’en est allée

Damira s’en est allée

Figure emblématique de la Résistance, Damira Asperti est morte à 87 ans.

« C’est une grande dame, que l’on admirait tous, qui vient de nous quitter. Au-delà de sa figure de grande résistante, Damira, comme nous l’appelions tous à travers le village, était énormément appréciée pour son humanisme. Elle s’est toujours montrée très respectueuse des autres tout en demeurant, tout au long de sa vie, fidèle aux idéaux qui ont bercé sa jeunesse », témoigne, visiblement ému, Gérard Stuyk, le maire de Monclar-d’Agenais.

Héroïne de Marc Lévy Celle qui eut un destin exceptionnel, au point qu’elle inspira totalement l’écrivain Marc Lévy pour camper l’héroïne de son roman « Les Enfants de la liberté », s’est éteinte à l’âge de 87 ans à son domicile de Monclar. Avec elle, disparaît l’une des très grandes figures de la Résistance à travers le département. Fille d’immigrés italiens ayant fui le régime mussolinien, Damira Titonel-Asperti est entrée en Résistance comme on entre dans les ordres. Par vocation. Celle de défendre à tout prix la liberté. Suivant l’exemple de son père, César Titonel et partageant cet idéal familial avec ses frères Lucio, Armand et Mathieu. La ferme de Borde-Basse, à Monclar, servait de refuge et de cache pour les Juifs, les réfractaires, les insoumis.

Damira n’a que 19 ans lorsqu’elle rejoint les rangs de la 35e brigade des FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans main-d’œuvre immigrée). Elle débute son combat en collant tracts et affiches dénonçant le régime de Pétain, avant de jouer les courriers, transmettant des messages verbaux aux différents responsables de la 35e brigade des FTP-MOI. Puis, elle achemine des armes et des explosifs. Jusqu’au funeste 3 avril 1944 où son destin bascule. Ce jour-là, en effet, la jeune résistante lot-et-garonnaise est arrêtée par la police vichyste en gare de Toulouse-Matabiau. Suivront huit jours d’interrogatoires et quatre mois d’emprisonnement à Saint-Michel, avant d’être livrée aux Allemands.

Une voix et une conscience Damira ignore alors qu’elle n’a vécu que l’antichambre de l’enfer. La jeune femme sera en effet déportée au camp de concentration de Ravensbrück dont elle sera l’une des rares survivantes.

Médaillée militaire, officier de la Légion d’honneur, Damira Asperti a ces dernières années poursuivi un autre combat. Celui d’entretenir le devoir de mémoire. Témoignant inlassablement auprès des collégiens et lycéens lot-et-garonnais de la barbarie nazie et de l’univers concentrationnaire. « Je ne suis pas une personnalité hors du commun. Ce que je suis, je le dois à des circonstances exceptionnelles », avait-elle coutume de dire modestement. Aujourd’hui, son nom orne la halle de Monclar ainsi que la façade du collège de Penne-d’Agenais. Damira Asperti était la mère de Michel Asperti, adjoint au maire de Villeneuve-sur-Lot en charge des associations et du patrimoine communal.

« Damira Asperti était une femme admirable. Une conscience et une voix forte et très respectée. Les témoins disparaissent. Soyons fidèles à leur message et dignes de leur courage », déclarait hier Jérôme Cahuzac, le député du Villeneuvois.

Les obsèques de Damira Asperti seront célébrées aujourd’hui, à 15 heures, au cimetière de Monclar où un hommage lui sera rendu.

Capitaine Charles N’TCHORÉRÉ

Capitaine Charles N’TCHORÉRÉ

Charles N’Tchoréré est né le 15 novembre 1896 à Libreville (Gabon). Fils de notable, il fait quelques études avant de se porter volontaire pour servir la France et de s’engager dans les tirailleurs sénégalais en 1916. Il y fera la preuve de sa valeur en y étant nommé sergent.

Une fois la première guerre mondiale terminée, il reste dans l’armée. Promu adjudant en 1919, il sert au Maroc. A l’issue d’une formation militaire à l’école d’officiers de Fréjus, il devient en 1922 un des rares Africains à recevoir les épaulettes d’officier en raison de sa brillante conduite. Il sert ensuite en Syrie où il est blessé au combat.

Revenu en Afrique en 1925, il sert au Soudan français. En 1933, N’Tchoréré est promu capitaine et commande l’École des Enfants de Troupe à Saint-Louis du Sénégal. En 1939, lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale, il demande à partir pour le Front.

En juin 1940, le capitaine N’Tchoréré sert dans la Somme, à la tête de la 5e compagnie du 1er bataillon du 53e Régiment d’Infanterie Coloniale Mixte Sénégalais (53e RICMS), aux ordres du commandant Seymour.

Charles N’Tchoréré est estimé des autres officiers et cadres européens placés sous son commandement. Sa compagnie est postée au centre d’un dispositif ayant pour mission de défendre la petite ville d’Airaines, située à 30 kilomètres d’Amiens, contre l’attaque des forces allemandes venues par la Belgique.

La 5e compagnie a constitué un point d’appui dans un groupe isolé de maisons, au nord du bourg. Le premier assaut allemand qui se produit le 4 juin est repoussé, ainsi qu’un second assaut le lendemain.

Le 6 juin, la ville est contournée et encerclée par les Allemands, et subit un intense bombardement combiné de l’aviation et de l’artillerie ennemies, qui détruit presque entièrement la bourgade, mais sans briser la résistance des hommes de Charles N’Tchoréré.

Devant cette résistance inattendue, une délégation allemande se présente pour parlementer et tenter d’obtenir la reddition du bataillon qui défend Airaines, mais essuie un refus du commandant Seymour. Cet intermède est suivi de tentatives d’infiltrations de l’infanterie légère allemande, qui est repoussée dans les bois par une contre-attaque de la compagnie du capitaine N’Tchoréré.

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Visite libre du Musée de la Résistance Carrière des fusillés et musée de la Résistance Châteaubriant

Visite libre du Musée de la Résistance Carrière des fusillés et musée de la Résistance Châteaubriant

Châteaubriant Visite libre du Musée de la Résistance, 21 septembre 2019-23 septembre 2019, Carrière des fusillés et musée de la Résistance Châteaubriant .

Installé dans l’ancienne ferme à l’entrée du site dit de La Sablière une importante collection est présentée enrichie en permanence par de nombreux dons. Près de 500 pièces sont exposées parmi lesquels des documents d’archives : lettres photographies affiches articles de presse – et des objets : vêtements armes parachute poste-radio vélo -. Sur deux niveaux et à travers trois espaces d’expositions le musée propose aux visiteurs de partir à la découverte de la Résistance en France pendant la Seconde Guerre mondiale.

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Binic-Étables-sur-Mer. Le réseau Shelburn, un exemple pour les jeunes

Binic-Étables-sur-Mer. Le réseau Shelburn, un exemple pour les jeunes

C’est pour célébrer le jour du Débarquement, le 6 juin 1944, que les collégiens en parcours d’excellence à Saint-Brieuc, Plémet et Collinée ont découvert, jeudi à l’Estran, le film consacré au réseau Shelburn. Un long-métrage qui illustre l’action, en 1944, d’hommes et de femmes de la région de Plouha dans la Résistance.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le réseau Shelburn avait permis d’évacuer par la mer et vers l’Angleterre 135 aviateurs alliés abattus au-dessus de la France. Le film réalisé par Nicolas Guillou a montré aux jeunes comment des citoyens ordinaires se sont volontairement engagés pour une cause. Aujourd’hui, cette cause peut être associative comme ce fut le cas autour du projet de l’association Les Mémoires de l’histoire de Plouha, à l’initiative du film.

L’exemple de Shelburn a pour objectif de motiver ces élèves de quartiers ou de milieux défavorisés à poursuivre leurs études ou à mieux s’insérer sur le plan professionnel via un tutorat par des étudiants et des visites culturelles dès la troisième. Ce tutorat s’accompagne d’un suivi individualisé tout au long de la scolarité, quelle que soit la filière choisie.

Après avoir échangé avec le réalisateur et les membres de l’association, les collégiens et les étudiants tuteurs ont mis le cap sur Plouha pour une découverte de ce haut-lieu de la Résistance française.

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Le maquis et la Résistance commémorés

Le maquis et la Résistance commémorés

Le 27 mai est la date anniversaire de la création du Conseil national de la Résistance, crée autour de Jean Moulin afin de coordonner les différents mouvements de Résistance française, en 1943 pendant l’Occupation. Cette date a été célébrée lundi matin à Brougues, sur les hauteurs de Croquié, sur la commune de Mercus. Les discours officiels de la préfète, du sénateur et de la maire de Mercus ont eu lieu devant le monument érigé en l’honneur de la Résistance ariégeoise. Paul Gos, fils de grands résistants, a ensuite pris la parole au nom de l’Office national des anciens combattants et résistants. Il a pris le temps d’échanger avec les élèves de l’école primaire de Mercus et ceux venus du collège du Couserans à Saint-Girons et de leur raconter «le maquis de Croquié».

Attentifs et curieux d’approfondir le sujet abordé en classe, les premiers ont chanté «La Marseillaise», tandis que les collégiens présentaient une partie de leur futur spectacle mêlant chorégraphie et textes traitant de la Résistance. Cette cérémonie a eu lieu à l’endroit même où ce maquis s’était constitué, au pied de ce singulier et émouvant monument qui en garde la mémoire.

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Qui était Henri Fertet, jeune résistant dont Emmanuel Macron a lu la lettre d’adieu ?

Qui était Henri Fertet, jeune résistant dont Emmanuel Macron a lu la lettre d’adieu ?

À l’occasion du 75ème anniversaire du Débarquement, le président a lu la dernière lettre que le jeune homme, fusillé à l’âge de 16 ans, a adressée à ses parents.

Une lettre poignante, écrite par un jeune résistant français avant d’être fusillé : tel était le texte choisi mercredi matin par Emmanuel Macron lors de la cérémonie internationale du 75e anniversaire du Débarquement à Portsmouth.

À l’âge de 16 ans, Henri Fertet écrit sa dernière lettre, adressée à ses parents. « Je meurs pour ma patrie. Je veux une France libre et des Français heureux. Non pas une France orgueilleuse et première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête. Que les Français soient heureux, voilà l’essentiel… Papa, je t’en supplie, prie. Songe que, si je meurs, c’est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable pour moi que celle-là ? Adieu, la mort m’appelle, je ne veux ni bandeau ni être attaché ».

Un résistant arrêté à 16 ans

Fils d’instituteur, élève de seconde à Besançon, Henri Fertet avait été arrêté en 1943 chez ses parents, puis exécuté dans la même ville le 26 septembre 1943, avec quinze de ses 23 co-inculpés.

Après 87 jours d’emprisonnement et de torture, il écrit à ses parents, et conclut sa lettre par ces mots : « C’est quand même dur de mourir. Mille baisers. Vive la France ».

75 ans plus tard, ses adieux ont été repris par Emmanuel Macron, qui a choisi de ne pas faire d’autre discours. À l’issue de cette lecture, le baryton britannique Sir Willard White a interprété Le chant des Partisans, hymne de la Résistance française.

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75e D-Day. Emmanuel Macron a rendu hommage aux fusillés de la prison de Caen, et à la résistance normande

75e D-Day. Emmanuel Macron a rendu hommage aux fusillés de la prison de Caen, et à la résistance normande

Pour la première fois, un président de la République est venu rendre hommage aux 80 fusillés de la prison de Caen (Calvados), le 6 juin 1944. La cérémonie s’est déroulée ce 5 juin.

Au cours d’une cérémonie très intime devant la maison d’arrêt de Caen (Calvados), mercredi 5 juin 2019, la présidence de la République a tenu à rendre hommage aux résistants français pendant la Seconde guerre mondiale, et particulièrement aux fusillés de la prison de la ville. 35 familles de 71 des hommes fusillés identifiés comme ayant était victimes de ce massacre, étaient présentes.

Parmi les invités, Bernard Duval, déporté le 20 mai 1944 depuis la maison d’arrêt caennaise. Cette décision des autorités allemandes lui a permis d’échapper à la fusillade. Il « porte le stigmate de cette tragédie et il est la mémoire de leur chair sacrifiée », comme l’a présenté Valérie Rapeau, directrice du protocole à la mairie avant qu’il ne prenne la parole :

« Il y a 75 ans, a été commis un massacre que seul le régime nazi savait orchestrer. Et il était dit que devant l’impossibilité d’un transfert de prisonniers, la Gestapo ne pouvait qu’ordonner leur exécution pure et simple. »

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Les Compagnons de la Libération, Leclerc à Koufra, Messmer à Bir Hakeim

Les Compagnons de la Libération, Leclerc à Koufra, Messmer à Bir Hakeim

Retour sur Histoire, celle de la défaite française de juin 40, le régime collaborationniste de Pétain à Vichy, le message du 18 juin du général De Gaulle qui appelle les Français Libres à la résistance et à poursuivre le combat. Ils seront peu nombreux au départ mais pour distinguer les meilleurs d’entre-eux, bien souvent des anonymes qui ont dit non à la défaite, De Gaulle crée l’ordre de la Libération. Les titulaires seront ses compagnons. Un ordre très peu décerné que ce soit à des femmes (pas beaucoup, 6), à des hommes restés pour la plupart méconnus, à des villes françaises martyres, des unités combattantes. Au total 1038 personnes, 5 communes, 18 unités ont été élevées dans cet ordre qui disparaîtra à la mort du dernier compagnon et n’a plus admis de membre après 1946.

On va retrouver quelques figures de cet ordre mythique, prestigieux, dans Les Compagnons de Libération, collection que publie Grand Angle. Une excellente façon de rendre hommage à ces Français qui se sont battus pour que la France vive, se libère, au péril de leur vie, de leur famille restées otages, sans certitude du lendemain. Deux noms célèbres ouvrent les pages du souvenir, le Général Leclerc qui avait fait le serment que le drapeau français reflotterait sur Strasbourg, et Pierre Messmer qui deviendra ensuite ministre de De Gaulle. Il y aura aussi Jean Moulin et, on l’espère, des noms de personnages moins connus mais tout autant héroïques.

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Bande dessinée et résistance : quand la BD réécrit le Roman National

Bande dessinée et résistance : quand la BD réécrit le Roman National

Parce qu’il ne faut pas laisser la nation aux nationalistes, parce que nous devons être reconnaissants vis-à-vis des aînés qui se sont battus pour notre liberté, parce que la démocratie est une longue chaîne de combats de chaque instant jamais épuisés, il est utile de prendre exemple sur les héros de la Résistance mais aussi de méditer sur les raisons et les façons de résister. Plusieurs auteurs de bande dessinée s’y sont récemment employés…

Lors du Salon du Livre en mars dernier, nous assistions à une rencontre entre Émile Bravo, l’auteur d’un Spirou hors du commun, L’Espoir malgré tout (Dupuis), Vincent Dugomier et Benoît Ers, les auteurs de la série Les Enfants de la Résistance (Le Lombard) et Henry Rousso, grand historien connu notamment pour avoir forgé les vocables de « résistancialisme » et de « négationnisme ».

Celui-ci rappela la définition basique du mot « résistance » : nuire à la puissance occupante. Il remit aussi dans nos mémoires la singularité de la France occupée pendant la Seconde Guerre mondiale : contrairement au reste de l’Europe, il y avait en France un gouvernement « légitime » qui a collaboré avec l’Allemagne. Beaucoup de gens n’ont pas résisté parce qu’il y avait Pétain qui « arrêtait la guerre » faisant le don de sa personne à la nation. C’était, pour la plupart de ces gens qui avaient un vif souvenir de la Première Guerre mondiale, un immense soulagement.

Se battre contre Vichy -une dictature, rappelons-le- n’était pas évident en raison de la popularité du vieux maréchal. Peu de gens étaient pro-allemands mais beaucoup étaient pro-Pétain. Rousso rappelle à juste titre que la résistance à Vichy avait joué un rôle essentiel dans le soutien à De Gaulle. C’était une résistance essentiellement politique, mais qui a été très importante dans le discrédit de Pétain, figure paternelle très forte soutenue par un travail de propagande puissant dans les écoles autour de la « Révolution nationale », produit de la vieille droite maurassienne.

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Résistance. Bientôt une rue Simone-Weil

Résistance. Bientôt une rue Simone-Weil

Claude Renoult l’a annoncé ce lundi en fin de matinée : il y aura bientôt une rue Simone-Weil à Saint-Malo. Dans son discours à l’occasion de la 76e Journée de la Résistance, le maire a évoqué le passé et l’engagement de l’ancienne ministre.

Un jour après les élections européennes, le maire est revenu sur l’engagement de l’ancienne résistante et de son combat pour l’Europe : « Au lendemain d’un suffrage qui a malheureusement enregistré la montée des partis eurosceptiques, il est salutaire de rappeler aujourd’hui les paroles prononcées par Simone Veil, qui fut la première présidente du Parlement européen : « Se fixant de grandes ambitions, l’Europe pourra faire entendre sa voix et défendre des valeurs fortes : la paix, la défense des droits de l’homme, davantage de solidarité entre les riches et les pauvres. L’Europe, c’est le grand dessein du XXIe siècle ». Ces mots, prononcés par cette femme admirable qui fut victime de la barbarie nazie, résonnent admirablement aujourd’hui dans cet enclos de la Résistance ».

Le maire a également rappelé le souvenir des résistants malouins, disparus ou encore en vie. « Pierre Demalvillain qui entre dans un réseau à l’orée de ses 15 ans, le docteur Jean Andreïs qui survivra à Dachau, et reviendra à Saint-Malo vivant mais très affaibli, Jeannine Leclerc qui se fit employer à la Kommandantur de Saint-Malo pour y recueillir, au péril de sa vie, de précieux renseignements. Souvenons-nous des frères Cotteret, Marcel, fusillé au Mont Valérien et Henri qui s’engage dans les Forces françaises libres. N’oublions jamais ceux qui, comme lui, ne pouvant accepter la défaite, prirent les armes pour continuer le combat : Raymond Perrussel, Joseph Guerlavais, Jean Morel et Jacques Legall ».

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