Damira s’en est allée

Damira s’en est allée

Figure emblématique de la Résistance, Damira Asperti est morte à 87 ans.

« C’est une grande dame, que l’on admirait tous, qui vient de nous quitter. Au-delà de sa figure de grande résistante, Damira, comme nous l’appelions tous à travers le village, était énormément appréciée pour son humanisme. Elle s’est toujours montrée très respectueuse des autres tout en demeurant, tout au long de sa vie, fidèle aux idéaux qui ont bercé sa jeunesse », témoigne, visiblement ému, Gérard Stuyk, le maire de Monclar-d’Agenais.

Héroïne de Marc Lévy Celle qui eut un destin exceptionnel, au point qu’elle inspira totalement l’écrivain Marc Lévy pour camper l’héroïne de son roman « Les Enfants de la liberté », s’est éteinte à l’âge de 87 ans à son domicile de Monclar. Avec elle, disparaît l’une des très grandes figures de la Résistance à travers le département. Fille d’immigrés italiens ayant fui le régime mussolinien, Damira Titonel-Asperti est entrée en Résistance comme on entre dans les ordres. Par vocation. Celle de défendre à tout prix la liberté. Suivant l’exemple de son père, César Titonel et partageant cet idéal familial avec ses frères Lucio, Armand et Mathieu. La ferme de Borde-Basse, à Monclar, servait de refuge et de cache pour les Juifs, les réfractaires, les insoumis.

Damira n’a que 19 ans lorsqu’elle rejoint les rangs de la 35e brigade des FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans main-d’œuvre immigrée). Elle débute son combat en collant tracts et affiches dénonçant le régime de Pétain, avant de jouer les courriers, transmettant des messages verbaux aux différents responsables de la 35e brigade des FTP-MOI. Puis, elle achemine des armes et des explosifs. Jusqu’au funeste 3 avril 1944 où son destin bascule. Ce jour-là, en effet, la jeune résistante lot-et-garonnaise est arrêtée par la police vichyste en gare de Toulouse-Matabiau. Suivront huit jours d’interrogatoires et quatre mois d’emprisonnement à Saint-Michel, avant d’être livrée aux Allemands.

Une voix et une conscience Damira ignore alors qu’elle n’a vécu que l’antichambre de l’enfer. La jeune femme sera en effet déportée au camp de concentration de Ravensbrück dont elle sera l’une des rares survivantes.

Médaillée militaire, officier de la Légion d’honneur, Damira Asperti a ces dernières années poursuivi un autre combat. Celui d’entretenir le devoir de mémoire. Témoignant inlassablement auprès des collégiens et lycéens lot-et-garonnais de la barbarie nazie et de l’univers concentrationnaire. « Je ne suis pas une personnalité hors du commun. Ce que je suis, je le dois à des circonstances exceptionnelles », avait-elle coutume de dire modestement. Aujourd’hui, son nom orne la halle de Monclar ainsi que la façade du collège de Penne-d’Agenais. Damira Asperti était la mère de Michel Asperti, adjoint au maire de Villeneuve-sur-Lot en charge des associations et du patrimoine communal.

« Damira Asperti était une femme admirable. Une conscience et une voix forte et très respectée. Les témoins disparaissent. Soyons fidèles à leur message et dignes de leur courage », déclarait hier Jérôme Cahuzac, le député du Villeneuvois.

Les obsèques de Damira Asperti seront célébrées aujourd’hui, à 15 heures, au cimetière de Monclar où un hommage lui sera rendu.

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