Catégorie : Actualité de la Déportation

Hommage à 6 survivants de la Shoah qui se sont récemment éteints

Hommage à 6 survivants de la Shoah qui se sont récemment éteints

Un auteur connu, un député et un comédien figurent parmi ces personnalités et éducateurs communautaires dont les décès ont été éclipsés par la politique américaine et la pandémie

JTA — L’afflux constant d’informations de dernière minute sur la politique américaine et sur la pandémie de coronavirus a contribué à éclipser un fait attristant : Six survivants de la Shoah, qui avaient consacré une grande partie de leurs vies à éduquer les autres contre la haine, sont décédés en Europe au cours du dernier mois.

Voici leurs histoires.

Maurice Cling

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Musée de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne

Musée de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne

Le COUP DE COEUR de … Catherine Monnot-Berranger, responsable de la médiation culturelle
« Ce cliché de Germaine Chaumel a été choisi pour accueillir les visiteurs à l’entrée d’une exposition dont le propos, bien que souvent sombre, irradie parfois, comme ici, et nous traverse d’un regard espiègle et d’un chaleureux sourire. Cette photo semble tout dire du paradoxe Chaumel : des gamins aux jambes nues malgré le froid que l’on devine, les vêtements rapiécés et tâchés, entourés par la boue et les détritus, mais emprunts de l’amour de leur mère penchée sur eux, les couvant du regard, et dégageant cette douce gravité de l’enfance.
Ces enfants sont ceux du bidonville de Bourrassol, ce quartier de la rive gauche de la Garonne où sont relégués les plus pauvres des toulousains jusqu’au début des années soixante. Ils bénéficient en 1939 du suivi des premiers services sociaux, comme en témoigne l’article de la Dépêche pour lequel Germaine Chaumel a réalisé cette photo.
A regarder ces enfants, on ne peut s’empêcher de se demander ce que sont devenus ces quatre petits, ce qu’a été leur vie après avoir grandi dans des conditions matérielles qu’aucun parent ne souhaiterait pour ses propres enfants. Sont-ils restés à Toulouse ? Ont-ils été heureux malgré tout ? Sont-ils toujours parmi nous ?
On ne peut non plus s’empêcher de penser que ces enfants en rappellent d’autres, qui grandissent non loin de nous aujourd’hui, et d’autres bidonvilles à quelques kilomètres à peine de celui du Bourrassol de 1939. Et lorsque, comme Germaine Chaumel, on s’autorise les chemins de traverse pour aller jusqu’à eux, on en jurerait, leurs regards, leurs sourires et ceux de leurs mères, sont exactement les mêmes. »
Photographie Germaine Chaumel, fonds Martinez Chaumel, 674-2-4
FR La première Stolperstein dévoilée en Normandie

FR La première Stolperstein dévoilée en Normandie

Un pavé de 10 cm sur 10 recouvert d’une couche de laiton a été scellé dans le trottoir devant une maison de la route de Bayeux à Bretteville l’orgueilleuse dans le Calvados. Un acte artistique et mémoriel pour que le nom de Jean-Pierre Catherine jeune résistant mort à Dora en mars 1945 ne soit jamais oublié. ►reportage de Thierry Cléon et Jean-Michel Guillaud

Prix du Concours de la meilleure photographie d’un lieu de mémoire

Prix du Concours de la meilleure photographie d’un lieu de mémoire

Le premier prix du Concours de la meilleure photographie d’un lieu de mémoire a été décerné à Justine CHEVILLARD, élève de troisième au collège Henri de Navarre à Nérac (Lot-et-Garonne) pour son cliché pris du camp de concentration de Vught-Hertogenbosch

Dans ce camp de concentration nazi situé au sud des Pays-Bas ont été internés plus de 30 000 prisonniers entre janvier 1943 et septembre 1944, dont des Juifs, des Tsiganes, des homosexuels et des résistants.

Cette candidate a accompagné sa création de réflexions que lui inspira ce lieu mais surtout d’un poème traduisant son émotion dans ce camp de concentration.
« Le cliché représente une double barrière de barbelés, électrifiés pendant la guerre, séparée par un fossé où se reflètent trois miradors. Plus à gauche se trouve une baraque de prisonniers. Autant de vestiges qui témoignent encore aujourd’hui d’une lourde impression d’enfermement et de privation de liberté. J’ai souhaité donner un effet sépia à ma photographie pour rehausser l’intensité du lieu et exprimer un caractère d’éternité comme si le temps s’y était figé, avec l’objectif de faire ressentir à chacun la nécessité de ne pas oublier les crimes atroces qui s’y sont déroulés. Quand je regarde cette photographie, je ne cesse ainsi de penser à ce millier d’enfants passés par Vught avant d’être exterminés à Sobibor, à ces 70 femmes enfermées dans une cellule de 9 mètres carrés sans ventilation(*), à ces 749 prisonniers qui y sont morts. Pourquoi cette haine ? Une question et des sentiments qui m’ont inspiré ce poème. »

Pourquoi cette haine ?
Ici, je la ressens partout,
Tout autour de nous cette haine.
Emprisonné depuis 20 jours
Cette haine me fait de la peine.
Je suis juif, j’ai 10 ans,
Je demande à maman
Pourquoi cette haine ?
Elle non plus ne sait pas
D’où vient-elle cette haine ?
Ça changera, dit-elle
Et je m’endors dans ses bras.
Toute la journée cette haine
Dans les yeux de ces criminels
Diaboliques comme Himmler,
Tyranniques comme Hitler.
Chaque jour ce ciel bleu,
Et cet horizon noir.
Me voient-ils mes aïeux
Derrière ce crématoire ?
La Mort va-t-elle nous prendre
Dans ses bras par centaines
Nous ôtant cette haine
Où nous laisser attendre ?
Je vois bien une obscure clarté
Dans le regard des prisonniers
Mélange de haine et d’espoir
Et la liberté la revoir.
Pourquoi ?
Pourquoi cette haine ?

(*) Le drame du bunker a eu lieu du 15 au 16 janvier 1944. Alors que plusieurs femmes ont montré leur solidarité envers une des codétenues, le commandant du camp décide d’en enfermer le plus possible dans une cellule. Au total 74 femmes sont ainsi emprisonnées dans une cellule de 9 m2. Pendant quatorze heures, elles restent ainsi entassées manquant rapidement d’oxygène. Lorsque la cellule est ouverte, dix femmes sont retrouvées mortes.

plus d’info sur le concours : https://www.fondationresistance.org/…/concours_p.htm

 

Hommage national à Daniel Cordier : « Il était le patron de mémoire de l’Ordre de la Libération »

Hommage national à Daniel Cordier : « Il était le patron de mémoire de l’Ordre de la Libération »

Comment faire perdurer la mémoire de la Résistance ? C’est le travail de Lionel Boucher, secrétaire de la Commission nationale de la médaille de la Résistance française, qui recueille au quotidien les témoignages des anciens résistants encore en vie.

Article rédigé par

Florence Morel – franceinfo
France Télévisions

Recueillir et transmettre. Telles sont les missions de Lionel Boucher, secrétaire de la Commission nationale de la médaille de la Résistance française, décernée à plus de 65 000 résistants, après-guerre. Moins connue que sa grande sœur, la Croix de la Libération, cette décoration est toujours décernée à titre posthume.

Daniel Cordier, mort à 100 ans vendredi 20 novembre et dont l’hommage national a lieu jeudi 26 novembre, était l’un des deux derniers Compagnons de la Libération encore en vie et chancelier d’honneur de l’Ordre de la Libération. Au fil des ans, il est parfois difficile de recueillir le témoignage et entretenir la mémoire de ceux qui ont vécu ces heures cruciales pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est précisément le travail de Lionel Boucher, qui détaille auprès de franceinfo ses méthodes pour connaître chaque jour un peu plus ces résistants qui ont façonné l’histoire du pays.

Franceinfo : Daniel Cordier s’est éteint vendredi dernier. Il était l’un des deux derniers Compagnons de la Libération encore en vie. Que représentait-il pour vous ?

Lionel Boucher : J’ai eu la chance de le côtoyer, car il était le chancelier d’honneur de l’Ordre de la Libération depuis octobre 2017 et la mort de son prédécesseur, le chancelier Fred Moore. Daniel Cordier était notre représentant officiel, l’emblème des Compagnons et de la Résistance encore en vie. Notre patron de mémoire, en quelque sorte. Depuis sa création, l’Ordre de la Libération a toujours eu un Compagnon de la Libération à sa tête. Le prochain sera très certainement Hubert Germain, le dernier Compagnon encore en vie.

Nous sommes à la fin de l’année 2020, il ne reste plus qu’une centaine de médaillés de la Résistance encore en vie. Comment entretenez-vous leur mémoire ?

Pour l’entretenir, nous avons beaucoup travaillé avec les Compagnons de la Libération française par le passé. Le travail est désormais en cours avec les médaillés de la Résistance. Mon rôle est de faire connaître au monde entier les parcours de ces héros de la Résistance. Cela consiste à étoffer leurs dossiers et lancer des études scientifiques pour les faire connaître au plus grand nombre au sein du musée de l’Ordre de la Libération.

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DISPARITION DE MAURICE CLING, UN ENFANT À AUSCHWITZ !

DISPARITION DE MAURICE CLING, UN ENFANT À AUSCHWITZ !

« La première valeur du récit de Maurice Cling réside dans le fait qu’il nous livre le témoignage de l’un des très rares enfants juifs qui ont survécu à la « solution finale » et aux dures épreuves du système concentrationnaire. Qu’il ait survécu à l’âge de quinze ans est déjà un fait exceptionnel qui relève du miracle. Mais, par-delà cet aspect essentiel en soi, le caractère exceptionnel du récit que nous livre Maurice Cling réside ailleurs. En effet, contrairement à la grande masse des témoignages dont nous disposons et qui sont le résultat d’un « effort de mémoire », l’écrit de Maurice Cling se compose exclusivement des abondantes et très détaillées notes qu’il a prises sur son vécu concentrationnaire dès son retour en France, alors qu’il avait à peine seize ans !
Ni les exigences de la maturité, ni les amples lectures ultérieures, ni le fervent engagement politique de l’auteur vieillissant ne viennent altérer les sentiments, les perceptions et les paroles du jeune enfant d’alors. Ni thématisées par le travail de la mémoire, ni remémorées par de douloureux forages dans l’épaisseur des souvenirs, les perceptions de l’enfant sont livrées dans leur état brut, direct, sans aucune espèce de médiation, voir de médiation a posteriori.
Témoignage de l’intérieur, à partir de son lieu d’origine et qui nous fait découvrir, sous un angle inédit, le quotidien du vécu concentrationnaire à Auschwitz »
Extrait de la préface de Yannis Thanassekos, ami de Maurice et directeur de la fondation Auschwtiz (Bruxelles)
Mort de la résistante Noëlla Rouget, la déportée qui fit gracier son bourreau

Mort de la résistante Noëlla Rouget, la déportée qui fit gracier son bourreau

Morte à Genève dimanche à l’âge de 100 ans, cette ancienne institutrice s’est battue pour obtenir la grâce de celui qui la déporta et fut responsable de l’exécution de son fiancé.

Par Publié hier à 17h17, mis à jour hier à 17h28

En se dressant contre les nazis, dès les débuts de l’Occupation, Noëlla Rouget, qui est morte le dimanche 22 novembre à Genève à l’âge de 100 ans, aura combattu moins un ennemi que l’inhumanité. Et cela, cette volonté arc-boutée de faire triompher la bonté, ce besoin viscéral de vaincre la haine par le pardon, ce refus obstiné de venger le sang versé par un autre sang versé, ses camarades de la Résistance ne le comprendront que difficilement quand, vingt ans après la fin de la guerre, elle plaidera devant les juges pour sauver la tête de son bourreau.

Noëlla, née Peaudeau à Saumur (Maine-et-Loire) le 25 décembre 1919, est élevée dans une fervente foi catholique. A Angers, où la famille a très tôt déménagé, la guerre interrompt tous ses projets d’avenir. Dès 1941, devenue institutrice, elle entre dans la résistance, comme agente de liaison, au sein du mouvement gaullien « Honneur et patrie », puis du réseau Buckmaster Alexandre Privet, monté par les services d’espionnage britanniques. Au cœur de ces années sombres, elle se fiance avec Adrien Tigeot, également instituteur et également résistant, au sein du réseau Front national, d’obédience communiste.

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La bibliothécaire d’Auschwitz : l’histoire vraie

La bibliothécaire d’Auschwitz : l’histoire vraie

Dita Kraus n’a que quatorze ans lorsqu’elle devient la bibliothécaire d’Auschwitz. Grâce à elle, les enfants s’évadent par la lecture. Dans son bloc, un autre jeune homme accomplit des miracles, il s’appelle Otto et réalise des tours de magie…
À la Libération, Otto et Dita se marient et sont emportés par le vent de l’histoire qui les conduit de Prague aux kibboutz d’Israël pour échapper aux Soviétiques.
Sa vie durant, Dita est restée une passeuse de savoir. Elle s’est battue pour l’éducation des esprits en devenant professeure, puis en allant témoigner aux quatre coins du monde afin d’honorer la mémoire des victimes de la Shoah et éviter que de telles atrocités se reproduisent.
HOMMAGE. Bernard Bouveret, dernier passeur de Franche-Comté et Résistant, est décédé à 96 ans

HOMMAGE. Bernard Bouveret, dernier passeur de Franche-Comté et Résistant, est décédé à 96 ans

Bernard Bouveret, jurassien Résistant, passeur mais aussi ancien déporté de Dachau est décédé ce samedi 7 novembre à l’âge de 96 ans.

Il était un sacré personnage. Ceux qui ont eu la chance de le rencontrer, dans son Haut-Jura natal ou ailleurs, se souviennent de lui comme d’un homme hors du commun. « Nous nous souviendrons de l’homme que tu étais : courageux, engagé, simple, généreux, attentionné. Merci pour ce beau passage sur terre ! Beaucoup de chagrin mais nous te gardons solidement dans notre coeur. Tu seras un exemple pour ces autres passagers que nous sommes » peut-on lire sur une page web qui lui est destinée, et sur laquelle les hommages se multiplient depuis l’annonce de son décès.

Il faut dire que le Jurassien a eu une vie incroyable. En 1940, à l’âge de 16 ans, il s’engage dans la Résistance française par l’intermédiaire d’un ami de son père. Commencent alors des va-et-vient incessants entre Chapelle-des-Bois, son lieu de vie, et la Suisse voisine, mais en passant par les bois pour éviter les troupes allemandes.

Près de 200 personnes passent la frontière avec Bernard

Le massif du Risoux, il finit par le connaître par coeur. Il transporte des documents secrets, des micro-films, puis lorsque la guerre se durcit, ce sont des familles juives fuyant les Nazis qu’il aide à traverser.

Le passeur aura guidé près de 200 personnes, souvent en pleine nuit, jusqu’aux bornes suisses, en prenant des risques considérables. L’un de ces amis passeurs perdra la vie dans ce bois, mort sous les balles des Allemands.

Le « Journal de guerre » de Paul Morand, un témoignage capital sur le rôle de Vichy dans l’extermination des juifs

Le « Journal de guerre » de Paul Morand, un témoignage capital sur le rôle de Vichy dans l’extermination des juifs

Des notations de première main qui révèlent l’état d’esprit du gouvernement de Vichy, accablant, mêlant cynisme hâbleur, mauvaise conscience agressive et humour poisseux.

Par Laurent Joly Publié le 05 novembre 2020 à 07h30 – Mis à jour le 05 novembre 2020 à 07h52

A qui douterait de l’inanité historique de la théorie du « moindre mal » (en vertu de laquelle le gouvernement de Vichy n’aurait livré les juifs apatrides aux nazis à l’été 1942 que pour sauver les juifs français exigés par l’occupant et en ignorant le sort fatal qui attendait les déportés), on ne pourrait que conseiller de se reporter aux pages du Journal de guerre de Paul Morand (Tome I. Londres, Paris, Vichy.1939-1943, Gallimard, « Les cahiers de la NRF », 1028 p., 27 €) consacrées au « problème juif ». D’une authenticité incontestable, ces notations de première main révèlent un état d’esprit accablant, mêlant cynisme hâbleur, mauvaise conscience agressive et humour poisseux. Le vase clos de Vichy dans ce qu’il avait de pire.

Antisémite chevronné

C’est Laval défendant froidement sa politique en petit comité le 15 août 1942 : « L’alignement du problème juif français sur le problème juif allemand (…) ne nous coûte rien et n’a pour nous que des avantages. Le sol seul compte. »

C’est Bousquet, le chef de la police de Vichy, pérorant à la « popote » de l’Hôtel du Parc, le 31 août 1942 : « Je ne les poursuis [les juifs] que comme antigouvernementaux. Je les sonne dur pour qu’ils comprennent. J’en ai liquidé treize mille et continuerai jusqu’à ce qu’ils se calment. » Puis, réagissant à la remarque d’un collaborateur de Laval au sujet des exemptions pour certains juifs, de s’exclamer : « Dès qu’on fait une exception, tous y passent. »

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