Catégorie : Actualité de la Résistance

Jacques Semelin : « Concernant le maréchal Pétain et les juifs français, Zemmour a exploité une faiblesse de l’historiographie »

Jacques Semelin : « Concernant le maréchal Pétain et les juifs français, Zemmour a exploité une faiblesse de l’historiographie »


[Interview] Spécialiste de la violence de masse, l’historien Jacques Semelin a travaillé de nombreuses années sur la survie des Juifs en France durant la Seconde Guerre mondiale. Il déconstruit les propos d’Éric Zemmour et rappelle combien le régime de Pétain continue d’imprégner nos esprits.
Interview Pascale Tournier
Publié le 04/01/2022 à 11h24 I Mis à jour le 04/01/2022 à 11h24

Directeur de recherche émérite au CNRS affecté au Centre d’études et de recherches internationales, professeur à Science Po Paris, Jacques Semelin est un spécialiste des génocides et de la violence extrême. Une énigme française retrace sa décennie de recherches qui ont abouti à la publication de l’ouvrage Persécutions et entraides dans la France occupée, comment 75 % des Juifs en France ont échappé à la mort (les Arènes-Seuil).

Comment avez-vous accueilli les propos d’Éric Zemmour affirmant que le maréchal Pétain avait sauvé des Juifs français ?

C’est tout simplement scandaleux. Il a repris les arguments de Jacques Isorni, l’un des avocats du maréchal Pétain lors de son procès, tout en s’appuyant sur un auteur dont la thèse est peu reconnue parmi la communauté scientifique. Éric Zemmour a aussi exploité une faiblesse de l’historiographie.

Depuis les travaux de Robert Paxton sur le rôle de la collaboration du régime de Vichy avec l’occupant, les historiens s’étaient surtout concentrés sur les causes de la déportation de 25 % des Juifs de France et fort peu sur celles de la survie des trois autres quarts.

À la demande de Simone Veil, je me suis emparé de cette question en 2008 pour consacrer quelque 10 années de recherche à comprendre les raisons pour lesquelles « la France est le pays où les Juifs ont proportionnellement subi le moins de pertes », comme le formule Serge Klarsfeld. C’est l’histoire de cette enquête que je raconte dans mon nouveau livre Une énigme française. Pourquoi les trois quarts des Juifs en France n’ont pas été déportés (Albin Michel).

Comment expliquer ce chiffre si élevé de 75 % ?

En tout cas, ce n’est pas grâce à Vichy mais en dépit de Vichy. Selon Éric Zemmour, Vichy aurait livré des Juifs étrangers pour sauver les Juifs français. Où a-t-il vu ou lu cela dans les archives ? Il est vrai que Pierre Laval a voulu se débarrasser en priorité des Juifs étrangers, dans le contexte de la xénophobie ambiante. Cela n’a pas empêché des Français d’aider spontanément nombre d’entre eux au moment fatidique de leur possible arrestation.

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Résistants, déportés : un appel à témoignages

Résistants, déportés : un appel à témoignages

Pour ne pas passer à côté de renseignements importants, l’association lance un appel aux personnes susceptibles d’avoir contribué à aider la Résistance ou résistants elles-mêmes.

Entretien avec Serge Libot, membre de l’association Avessac histoire et patrimoine (AHP), à Avessac, près de Redon (Ille-et-Vilaine).

Votre prochaine publication, prévue courant 2022, portera sur les déportés et les résistants de la commune. Quelle est la genèse de ce projet ?

AHP a été sollicité, il y a deux ans et demi, par les Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation pour reconstituer le parcours de six déportés avessacais. La réflexion s’est alors portée sur le devoir de mémoire et le devoir d’histoire. C’est pourquoi nous avons décidé d’élargir nos recherches aux résistants de la commune. Nous avons donc recherché des témoignages pour étayer le vécu de cette époque couvrant la période de 1943 à 1945.

Avec quels retours ?

Ils sont positifs, avec la découverte de quelques pépites. Par ailleurs, nous avons trouvé trois autres déportés. Sur le volet résistance, nous avons trouvé un certain nombre de noms auxquels nous aimerions donner un peu de vie. Certains sont d’authentiques résistants ; d’autres ont contribué à faire vivre la Résistance ou étaient des figurants.

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Atelier pour enfants « Résistance et solidarité » Mémorial de la Shoah Paris

Atelier pour enfants « Résistance et solidarité » Mémorial de la Shoah Paris

Atelier pour enfants « Résistance et solidarité » Mémorial de la Shoah, 1 mars 2022, Paris.
Date et horaire exacts : Le mardi 01 mars 2022
de 14h30 à 17h00
payant
Lors d’une visite-atelier, les enfants découvrent les différentes formes de résistance, de la libération du territoire au sauvetage des enfants.

À travers l’analyse de documents d’archives, ils mettent en lumière l’engagement de personnes aux origines et parcours divers.

Animé par Karine Edry.

Mémorial de la Shoah 17 Rue Geoffroy l’Asnier Paris 75004

Visites commentées de l’exposition temporaire Musée départemental de la Résistance et de la Déportation Toulouse

Visites commentées de l’exposition temporaire Musée départemental de la Résistance et de la Déportation Toulouse

Visites commentées de l’exposition temporaire Musée départemental de la Résistance et de la Déportation, 21 décembre 2021, Toulouse.
Visites commentées de l’exposition temporaire
du mardi 21 décembre au jeudi 30 décembre à Musée départemental de la Résistance et de la Déportation
**Visites commentées de l’exposition Beate & Serge Klarsfeld. Les combats de la mémoire (1968 – 1978 )** La décennie 1968-1978 a marqué un tournant important dans l’évolution de la mémoire de la Shoah en Europe et dans le monde. L’action spectaculaire du couple forme par Beate et Serge Klarsfeld, menée sur plusieurs continents, a exercé un rôle majeur dans ce mouvement vers la reconnaissance de la Shoah.
Entrée libre ,gratuit
Visites commentées de l’exposition Beate & Serge Klarsfeld. Les combats de la mémoire (1968 – 1978)

Musée départemental de la Résistance et de la Déportation 52 allée des demoiselles 31400 Toulouse Toulouse Haute-Garonne

Roger Mazet, le dernier du Maquis d’Ols, s’en est allé

Roger Mazet, le dernier du Maquis d’Ols, s’en est allé

Roger Mazet s’est éteint à 95 ans, laissant derrière lui un passé de combattant exceptionnel.

Il était une figure de la Résistance dans le Bassin ; le dernier du Maquis d’Ols. Roger Mazet s’est éteint à 95 ans, samedi dernier à l’Ehpad Bellevue, où il résidait depuis près de 10 ans et où il recevait selon sa famille « de très bons soins » de la part des personnels (sa famille tient particulièrement à les remercier toutes et tous).
Roger Mazet s’est éteint doucement auprès des siens. Il a ainsi rejoint son épouse Suzanne, ses deux fils Didier et Thierry, de même que ses frères d’armes et ses copains. Roger Mazet était le grand-père de l’élu decazevillois Pascal Mazet et de Karine Hortelano ; et l’arrière-grand-père de Joris et Jessie. Tous se disent « Très fiers de lui, nous étions très proches ».
Né en 1926, route de Bonissard, à Decazeville, Roger Mazet intègre le maquis d’Ols à 16 ans, avec comme nom de guerre « Arago », sous l’égide du commandant Marc pour combattre les fascistes et les nazis. C’est son meilleur ami qui avertit ses parents, disant « qu’il était parti défendre la France et qu’ils ne se fassent pas de soucis ».
Avec le maquis d’Ols, il participe aux combats de Carmaux. Puis, en septembre 1944, il s’engagea comme volontaire jusqu’au 8 mai 1945. Il traversa le Rhin avec le premier Bataillon de l’Aveyron, faisant partie de la 1re Armée française de De Lattre de Tassigny, et a vu notamment un camp de concentration vide ; « une horreur sans nom » se souvenait-il.
Pour Roger, il était fondamental de s’engager pour défendre son pays. Et comme il disait souvent, « s’il fallait le refaire, je le referais ». S’ensuit une anecdote qu’il aimait raconter : « À la libération de Decazeville, le 14 juillet 1944, défilant en camion avec mes compagnons du maquis, j’aperçus mon père. Je fis arrêter le camion et je suis allé l’embrasser, lui disant : Tu as vu ! Je suis en vie ! ».

Distinctions prestigieuses

Quand il entendait « Le chant des partisans », Roger Mazet « devenait un autre homme, empli de fierté. Il le fredonnait tout doucement. On sentait bien que ce moment de la vie l’avait marqué à tout jamais », précise Pascal Mazet, également président de la section du bassin de la Maison Départementale de la Résistance, Déportation, Citoyenneté.
Après la guerre, Roger Mazet s’est réengagé pour 18 mois chez les parachutistes. Il est alors parti en mission en Afrique du Nord (AFN), puis direction Madagascar (insurrection du peuple malgache). Il termina sa carrière militaire en mai 1948. Roger Mazet a obtenu plusieurs distinctions prestigieuses, dont la Croix du combattant et la Croix de guerre, ainsi qu’une citation à Madagascar pour avoir refoulé une contre-offensive ennemie. Il avait obtenu la médaille militaire et, dernièrement, la médaille de reconnaissance de la Nation.
Revenu à Decazeville, il fonda sa famille. Il a travaillé à la Vieille Montagne avec, pour loisir, la pêche à la truite et le rugby de Viviez. Il était toujours et depuis de longues années invariablement présent à la commémoration du 8-Mai 1945, à Decazeville, car pour lui « c’était un devoir d’être présent ». Il pensait beaucoup à ses compagnons de route qui furent tués au combat ou qui sont morts depuis. Il voulait leur rendre hommage.
À sa famille, à ses amis et à tous ceux que cette disparition afflige, nous adressons nos plus sincères condoléances.
Un dernier hommage peut encore être rendu à Roger Mazet ce matin, à la chambre funéraire Spinelli, route d’Agnac à Decazeville.

Ses obsèques religieuses ont lieu ce mardi après-midi, à 14 h 30, en l’église Notre-Dame de Decazeville ; suivies de l’inhumation au cimetière de Viviez.

GDM
Disparition de Robert CREANGE

Disparition de Robert CREANGE

Disparition de Robert CREANGE !
Né le 18 avril 1931 à Paris (XVIe arr.) ; instituteur puis PEGC ; membre du comité fédéral du Loir-et-Cher du PCF (1954-1958) ; associé au comité d’entreprise de Renault depuis 1953, en dirige les activités sociales (1978-1986) ; conseiller municipal de Boulogne-Billancourt (1983-1995) ; secrétaire général de la FNDIRP depuis 1994. (Notice biographique du Maîtron/https://maitron.fr/spip.php?article21056 )
Le père de Robert Créange, Pierre Créange, franc-maçon, socialiste, était homme de lettres, poète. Le Phare, organe de la section de Boulogne, publia en feuilleton un ouvrage autobiographique de son père L’enfant et la haine. Son nom est inscrit au Panthéon sur la plaque « Aux écrivains morts pour la France ». Sa mère, Raymonde, était née Cahen. Robert Créange effectua sa scolarité primaire à Boulogne-Billancourt, puis une classe de 6e au lycée Claude Bernard. Son père, israélite, militant de la Ligue des droits de l’Homme et exerçant des responsabilités à la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA), recherché par la Gestapo, décida de gagner la zone sud, en juillet 1942. Dénoncés par le passeur, les parents de Robert Créange furent déportés à Auschwitz-Birkenau, d’où ils ne revinrent pas. Robert Créange (onze ans) et sa sœur Françoise (treize ans) échappèrent à l’arrestation et furent élevés par leur tante. Après deux années au lycée de Périgueux, Robert Créange acheva ses études secondaires au lycée Claude Bernard et avec le CNTE, puis fit une année de propédeutique lettres modernes. Il effectua en 1951-1952 son service militaire en Allemagne puis à Angers comme sergent.
Sympathisant socialiste SFIO à la fin des années 1940, il vendait de la presse socialiste nationale et locale mais toutefois, en 1949, il milita au Rassemblement démocratique révolutionnaire, qu’animaient Jean-Paul Sartre* et Albert Camus*, et à Citoyens du Monde, aux côtés de Garry Davis. Il adhéra au PCF en 1953, à son retour du régiment.
De 1953 à 1958, Robert Créange exerça le métier d’instituteur à travers le Loir-et-Cher. Il y milita activement dans la FEN-CGT et dans le SNI. Il milita au PCF comme secrétaire de la section de Marchenoir, puis comme membre du comité fédéral (1954-1958), notamment durant la campagne électorale de 1956, militantisme qui lui valut trois procès.
Disparition de Robert Créange

Disparition de Robert Créange

Robert Créange, ancien instituteur, puis professeur, inlassable témoin et passeur de la mémoire de la Shoah vient de mourir. Sa vie fut déterminée par l’arrestation, la déportation et l’assassinat par les nazis, de ses parents, Pierre Créange et Raymonde Cahen. Robert fut un grand secrétaire général de la FNDIRP. Il était communiste. Je l’aimais beaucoup.
« Robert Créange, issu d’une famille juive d’origine lorraine. Ses parents et son grand-père paternel ont été arrêtés en tentant de franchir la ligne de démarcation en Juillet 1942, très vraisemblablement vendus par le « passeur » qu’ils avaient payé. Ils ont été internés à Poitiers puis à Drancy. Son grand-père faisait partie du dernier convoi de vieillards relâchés de Drancy.
Ses parents ont été déportés par le convoi n° 34 du 17 Juillet 1942 en direction d’Auschwitz-Birkenau. Ils meurent en déportation. Pendant sa déportation, Pierre Créange, le père de Robert, a écrit deux poèmes qui sont parvenus comme par miracle à ses enfants. »
Robert a 11 ans ce jour d’août 1942 : « Pendant la guerre et l’occupation, mon père, Pierre Créange, militant de la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière – le parti socialiste français), franc-maçon, juif et poète, a très vite été recherché. Aussi bien par la police française que par la gestapo.
Après la rafle du Vel’dHiv, du 16 juillet 1942, il a décidé de nous faire passer la ligne de démarcation pour rejoindre la zone libre, avec ma mère, mon grand-père maternel et ma sœur âgée de 13 ans. Nous savions qu’il y avait danger, mais nous ignorions complètement l’existence des camps et des chambres à gaz.
Ce jour d’août 1942, ma sœur et moi, nous avons vu nos parents pour la dernière fois, arrêtés par les Allemands. Recueillis par une tante à Périgueux, nous avons pu échanger quelques cartes avec nos parents, tant qu’ils étaient dans la prison de Poitiers et dans le camp de Drancy, jusqu’à l’arrivée de la dernière, sur laquelle un gardien avait inscrit “Partis le 18/09/1942 pour destination inconnue”…
Nous n’avons plus rien su de notre mère, certainement gazée à l’arrivée. Pour notre père, quelqu’un, qui en est revenu, nous a raconté et rapporté deux de ses poèmes écrits au camp. Notre grand-père a eu plus de chance, après la libération, nous l’avons retrouvé à Boulogne-Billancourt ».
Pour passer la ligne de démarcation, Pierre Créange fait appel à un passeur, qui faisait passer d’une zone à l’autre.
Malheureusement les Créange tombent sur un passeur qui se faisait payer par les réfugiés d’un côté et par les nazis de l’autre. Robert, 11 ans, et sa soeur 13, sont 200 mètres en avant. Les Allemands ne font pas attention à eux.
Les deux petits passent.
Photos de Robert Créange, et de son père et sa mère.
Caen. Un hommage rendu aux fusillés du 15 décembre 1941

Caen. Un hommage rendu aux fusillés du 15 décembre 1941


Samedi 11 décembre 2021, un hommage a été rendu aux fusillés du 15 décembre 1941. Une cérémonie a eu lieu face à la plaque des Fusillés du 43e régiment d’artillerie, avenue George-Guynemer à Caen (Calvados).

Dans le cadre des commémorations du 80e anniversaire de l’exécution des fusillés du 15 décembre 1941, une cérémonie était organisée, samedi dernier, face à la plaque des Fusillés du 43e Régiment d’artillerie, avenue George-Guynemer à Caen.

Présidé par Jean-Philippe Venin, secrétaire général de la préfecture, ce temps mémoriel s’est déroulé en présence des autorités civiles et militaires et des familles des victimes.

En représailles aux attentats perpétrés à Paris par la Résistance, à l’automne 1941, 95 otages juifs ou communistes, désignés par les autorités allemandes, ont été exécutés. 69 d’entre eux furent passés par les armes au Mont Valérien et 13 furent exécutés à Caen, à la caserne Claude-Decaen.

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Tags anti-passe au Mont Valérien : des caméras bientôt installées sur le site du mémorial

Tags anti-passe au Mont Valérien : des caméras bientôt installées sur le site du mémorial

Le Mont Valérien a été vandalisé dans la nuit de dimanche 12 à lundi 13 décembre 2021. Une inscription « Anti Pass », avec une référence au nazisme a été taguée sur ce monument érigé à la mémoire des résistants et des combattants français de la Seconde Guerre mondiale. Des caméras de surveillance y seront bientôt installées.

Le Mont Valérien, monument à la mémoire des résistants et des combattants français de la Seconde Guerre mondiale, a été vandalisé dans la nuit du dimanche 12 au lundi 13 décembre 2021 par une inscription « Anti Pass », avec deux « S » dessinés à la manière du sigle « SS ». Inauguré en 1960 par général de Gaulle, le Mémorial est situé à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine.

Le Mont Valérien, monument à la mémoire des résistants et des combattants français de la Seconde Guerre mondiale, a été vandalisé dans la nuit du dimanche 12 au lundi 13 décembre 2021 par une inscription « Anti Pass », avec deux « S » dessinés à la manière du sigle « SS ». Inauguré en 1960 par général de Gaulle, le Mémorial est situé à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine.

Des caméras de vidéosurveillance seront installées dès le début de l’année 2022, a annoncé Jean-Baptiste Romain, directeur des Haut-Lieu de la mémoire en Ile-de-France et gestionnaire du site, sur Franceinfo. Une réunion avec les services de la préfecture des Hauts-de-Seine à ce sujet aura lieu dans les prochaines semaines.

La veille, Rachel Gerroumi, responsable de la communication du mémorial, expliquait au Figaro qu’avant les dégradations, des travaux étaient justement « en voie d’installation » équiper le site.

Faute d’images enregistrées, la tâche des enquêteurs s’annonce ardue.

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Des résistants vraiment très Vivants

Des résistants vraiment très Vivants

Des Vivants, Raphaël Metz et Louise Moaty (scénario), Simon Roussin (dessin). Éditions 2024, 260 pages, 29 euros. (Parution octobre 2021).

La Résistance se rappelle à notre souvenir en cet automne. Jean-Dominique Morvan et Dominique Bertail commencent ainsi à faire revivre, avec son concours, la jeunesse de Madeleine Riffaut. Et c’est un autre trio d’auteurs qui s’attache ici à décrire la naissance, l’action puis la liquidation par les nazis du réseau Résistance, né au sein du Musée de l’Homme, à Paris, autour de quelques-uns de ses jeunes membres.

Dès son ouverture, en 1938, le Musée a pris position contre la doctrine raciste nazie, avec son directeur Paul Rivet. Au printemps 1940, il est l’un des rares bâtiments publics à ne pas fermer au moment de l’offensive allemande. Si une partie du personnel est plutôt favorable à Vichy, d’autres sont choqués par cette capitulation française. Réunis autour de l’ethnologue Boris Vildé, tout récemment évadé d’un camp de prisonniers militaires, la bibliothécaire Yvonne Oddon ou un autre chercheur en ethnologie, Anatole Lewitsky, démobilisé, vont commencer à mettre en place un réseau de résistance. Celui-ci va s’inscrire dans une filière d’évasion et d’hébergement clandestin de soldats évadés, de personnes cherchant à rejoindre Londres. Dans un deuxième temps, le petit groupe se lance dans la contre-propagande, diffusant d’abord des tracts puis un petit journal au nom emblématique : Résistance. Des contacts se nouent avec d’autres groupes de résistants, dans le Nord de la France ou avec celui d’une autre ethnologue, Germaine Tillion. Et ils commencent à songer à passer à une étape supplémentaire, d’action directe contre l’occupant.

Mais au début de l’année 1941, le réseau commence à subir des arrestations, à cause d’un traître en son sein notamment. Après plusieurs mois d’emprisonnement, sept hommes, dont Vildé et Lewitsky sont fusillés le 23 février 1942 au Mont-Valérien, quatre femmes dont Yvonne Oddon sont déportées en Allemagne. Plus tard, Germaine Tillion sera arrêtée à son tour.

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