Autriche : les survivants du camp de Gusen se battent pour en faire un lieu de mémoire
Durant la Seconde Guerre mondiale, Gusen fut le camp d’extermination le plus meurtrier et le plus vaste d’Autriche. Pourtant, les familles de déportés et les survivants se battent seuls pour que les vestiges ne disparaissent pas.
Gusen, en Autriche. Entre 1940 et 1945, plus de 35 800 déportés ont trouvé la mort dans ce camp d’extermination par le travail. Républicains espagnols, résistants français, polonais, au total, 27 nationalités y ont été exploitées, torturées, tuées. Pourtant, Gusen, le camp le plus meurtrier et le plus vaste d’Autriche, tombe peu à peu dans l’oubli. Un lotissement a même été construit sur l’emplacement du camp. Des maisons luxueuses, avec piscine, se sont installées à côté des vestiges.
« Nous devons aux survivants d’avoir un mémorial »
Sans l’initiative des familles de déportés et des survivants, tout aurait disparu. « Grâce à des dons, les survivants ont acheté dans les années 1960 le terrain où se trouvait le crématorium, et ils ont construit un mémorial, mais il n’est pas connu et il est tout petit. Nous devons aux survivants d’avoir un mémorial », explique Bernhard Mühleder, historien spécialiste de Gusen. Ce modeste centre d’accueil ne suffit pas cependant à apaiser la douleur des Polonais. Sur les 71 000 détenus, 90% venaient de Pologne. Varsovie fait pression depuis des années pour que le site devienne un véritable lieu de mémoire. En janvier, Vienne a enfin annoncé le déblocage de 2 millions d’euros.