Sylvin Rubinstein, le danseur de flamenco qui se déguisait en femme pour tuer des nazis
Après avoir perdu sa sœur jumelle dans le camp d’extermination de Treblinka, il n’eut de cesse de se venger. Il participa à diverses actions de sabotage, fomenta des attentats et commit plusieurs assassinats.
C’est une histoire de vengeance à la Inglourious Basterds, une histoire à rebondissements, presque trop romanesque pour être vraie. «Au début je n’ai pas cru un mot de ce que Sylvin Rubinstein me racontait, son récit me paraissait trop fantastique», se souvient le journaliste allemand Kuno Kruse, ancien reporter au magazine Stern et auteur de la biographie Dolores et Imperio. Die drei Leben des Sylvin Rubinstein, et coréalisateur du documentaire He danced Life. «Mais j’ai commencé à mener des recherches et tous les détails qu’il m’avait donnés se sont avérés», poursuit-il.
Kuno Kruse a fait la connaissance de Sylvin Rubinstein au début des années 2000 alors qu’il faisait un reportage sur les artistes de cabaret de Sankt-Pauli, le quartier rouge de Hambourg. Danseur de flamenco à la retraite, Sylvin Rubinstein s’y était fait connaître sous le nom de scène de «Dolores» et d’«Imperia Dolorita». Car c’est déguisé en femme, dans d’exubérantes robes de flamenca, qu’il se produisit plusieurs décennies durant dans les bars et les discothèques du quartier des plaisirs des marins. Ses jambes interminables, dévoilées par d’habiles pas de danse, étaient légendaires à Sankt-Pauli. Les doigts tendus vers le ciel, les yeux fermés, Sylvin Rubinstein frappait le sol avec une grâce troublante.