Seconde Guerre. Sur les traces du père, 75 ans après
Son père, aviateur, a quitté Douarnenez pour l’Angleterre en janvier 1944 à bord du Breiz Izel : l’Australien John Carleton reviendra sur ses traces, lundi, dans le cadre d’un parcours mémoriel qui le mène de Givet (Ardennes) à Hastière-Lauvaux (Belgique), en passant par Douarnenez et Falmouth.
Lundi matin, une cérémonie se tiendra à la pointe de Tréboul à la mémoire des passagers de la pinasse Breiz Izel. Dans la nuit du 22 au 23 janvier 1944, ce bateau commandé par Gabriel Cloarec, un jeune patron pêcheur, quittait Douarnenez, au nez et à la barbe des Allemands, cap sur l’Angleterre. À bord, se trouvaient 18 Français fuyant l’occupant et 14 aviateurs britanniques, canadiens et américains. Paddy Carleton, un aviateur britannique, faisait partie des passagers. Son fils John et Suzie, son épouse, qui vivent dans le Queensland en Australie, seront présents lundi à la cérémonie.
Un parcours mémoriel
Biologiste marin aujourd’hui à la retraite, John Carleton effectue un parcours mémoriel sur les traces de son père. Paddy Carleton, originaire de Belfast (Irlande du Nord), s’engage dans la Royal Air Force (RAF) pendant la Seconde Guerre mondiale. La nuit du 31 juillet 1943, il est à bord d’un bombardier Stirling qui se dirige vers Remscheid pour participer à un raid aérien sur la Ruhr. L’avion de la RAF est attaqué par un chasseur de nuit de la Luftwaffe.
L’équipage du bombardier britannique est composé de sept hommes. Robert Broadbent, le mitrailleur de queue, et William Ford, le radio, sont tués dans l’attaque. Le sergent Dunbar est capturé par les Allemands. Paddy Carleton se cache dans un verger près de Givet dans les Ardennes. Une famille de la région lui fournit de la nourriture et de l’eau, avant d’organiser un rendez-vous avec la Résistance française pour le faire passer en Belgique. De l’autre côté de la Meuse, Paddy Carleton est recueilli à Hastière-Lauvaux (province de Namur) où il est soigné et habillé. La Résistance belge lui fournit des faux papiers. Les trois autres membres de l’équipage sont arrêtés par la Gestapo, suite à une dénonciation.
Caché chez Désirée Kervarec
Entre août et décembre 1943, Paddy Carleton mettra cinq mois pour traverser la France et une partie de la Belgique pour finalement arriver à Douarnenez. Le 24 décembre au soir, il doit embarquer sur La Jeanne, une pinasse pour rallier l’Angleterre. Mais ce projet d’évasion programmé le soir de Noël est abandonné. Paddy Carleton et d’autres aviateurs alliés sont cachés chez Désirée Kervarec, dite Yvonne pour la Résistance. Finalement, le 23 janvier, c’est le départ, à bord du Breiz Izel. « Pour celui qui croit au bon Dieu, c’est le moment de lui faire une prière », lance Gabriel Cloarec, le patron du bateau, au moment de partir. Le Breiz Izel arrivera à Falmouth, le lendemain. L’Union Jack et le pavillon français seront hissés dans la mâture. Une croix de Lorraine a été tracée sur le pavillon tricolore avec du coaltar.