Dordogne : le décès d’un « passeur de mémoire »

Dordogne : le décès d’un « passeur de mémoire »

Vincent Garcia, Républicain espagnol, ancien résistant déporté à Buchenwald, est décédé à l’âge de 94 ans.

C’est un infatigable « passeur de mémoire » qui vient de disparaître à l’âge de 94 ans à Trélissac (Dordogne), un témoin des turbulences des plus terribles événements du XXe siècle. Dans son enfance durant la guerre d’Espagne, Vincent Garcia avait vu son père et son frère fusillés par les Franquistes. Comme beaucoup de familles de Républicains, il a trouvé le salut dans l’exil en France, interné à Argelès.

Il s’était retrouvé en 1942 en Dordogne pour travailler et avait intégré un réseau de la Résistance comme agent de liaison. Arrêté après une dénonciation, il avait été déporté au camp de Buchenwald, en Allemagne, sous le matricule 42.553. Il y survécut 18 mois, notamment grâce à la solidarité communiste. Il en était revenu avec la ferme intention que personne n’oublie ces moments.

l y a deux ans, un chemin de Trélissac a été baptisé du nom de l’ancien déporté Vincent Garcia. archives Christian Espitalié

Chef de chantier dans le bâtiment et militant, il était fidèle à ses idéaux. Après avoir pris sa retraite, il a entamé d’innombrables séances de témoignages dans les écoles.

L’esprit de transmission

Pour Norbert Pilmé, le président de l’association pour la mémoire de la Déportation en Dordogne, qui l’accompagnait souvent, « il avait construit une pédagogie de la mémoire. Il avait pris à cœur cette transmission auprès des jeunes. Il racontait les choses facilement pour que les enfants comprennent, en leur expliquant en souriant qu’il était agent secret dans le maquis ou ce qu’il mangeait, ou pas, dans son camp de déportation. » Il intervenait aussi bien dans les classes élémentaires qu’au lycée, donnait de son temps pour le concours de la Résistance et de la Déportation. Toujours avec le même calme pour parler de moments terribles.

C’était l’un des derniers déportés vivant encore en Dordogne. La Ville de Trélissac avait baptisé un chemin à son nom il y a deux ans, sans oublier la mention « passeur de mémoire ». Ses obsèques civiles seront célébrées mardi 14 mai, précédées d’un hommage public au foyer rural de Trélissac à 14 h 30.

Comments are closed.