Il y a exactement 80 ans, 500 000 républicains espagnols franchissaient les Pyrénées…
Il y a exactement 80 ans, 500 000 républicains espagnols franchissaient les Pyrénées. Tristes commémorations d’un accueil français particulièrement odieux à l’heure où l’Espagne veut retrouver sa mémoire de la guerre civile.
En ce petit matin du 7 avril dernier, ils étaient nombreux dans les Pyrénées atlantiques à se retrouver à Gurs, là où, il y a exactement 80 ans, la IIIe République « inaugurait » l’ouverture de ce camp de transit pour les réfugiés espagnols rescapés de la terrible guerre civile. Survivants, leurs enfants, petits-enfants, drapeaux rouge-jaune-violet de la République espagnole, vert-rouge-blanc des Basques, ainsi que les étamines couvertes d’honneur des combattants espagnols de la 2e D.B. de Leclerc et des maquis du grand sud flottaient au vent. Camp de « transit », doux euphémisme pour vingt-cinq camps disséminés dans tout le sud de la France, construits en urgence en ce printemps 1939 par une Troisième République qui semblait se satisfaire de l’assassinat financier du Front populaire, avant de s’auto-dissoudre à Bordeaux quelques mois plus tard, se jetant dans les bras du sauveur de Verdun, un certain maréchal Pétain qui fut le premier ambassadeur de la République française auprès du gouvernement franquiste de Burgos en 1938 !
De transit, ils n’avaient rien, ressemblant à ces immondes baraques que le Reich avait déjà construites dans l’Allemagne nazie dès 1933. A Gurs, 25 000 Espagnols, essentiellement des Basques, s’y installeront dans le froid, les rations de misère, les coups des gendarmes. Ils seront rejoints par les Juifs étrangers (dont Hannah Arendt) raflés par Vichy. Sur les plages d’Argelès, femmes et enfants dormiront à même le sable alors qu’en ce printemps particulièrement froid, le thermomètre passera sous le zéro.
Avec le régime de Vichy la situation des emprisonnés va se détériorer. Mais avec l’occupation de la zone libre en novembre 1942, les malheureux passent sous la botte allemande. Des milliers d’entre eux seront directement envoyés dans les camps de la mort. Les autres, esclaves modernes, construiront la base sous-marine de Bordeaux et une partie du mur de l’Atlantique.