Mois : mars 2024

A voir sur la plage d’Argelès-sur-Mer !
Du mercredi 14 février au lundi 22 avril
Monolithe – Plage Nord
Gratuit
Exposition
Mémoires du camp d’Argelès sur le sable
À l’occasion des 85 ans de l’ouverture du camp d’Argelès-sur-Mer, une exposition de 50 photographies, issues de nombreux fonds, rappelle son histoire. C’est ici-même, plage Nord, que le camp d’Argelès fut installé à la hâte en février 1939, lors de la Retirada. Délimité par des barbelés, il fut fermé en juin 1942. Durant ces trois ans et demi, plus de 170.000 hommes, femmes et enfants transitèrent par ce camp sur le sable ; des Républicains espagnols mais aussi d’autres “indésirables” dont des nomades français, des Juifs étrangers et des apatrides. Découvrez leur(s) mémoire(s).
A partir du 14 février et jusqu’au 22 avril, la ville d’Argelès-sur-Mer et le Mémorial du camp vous proposent de revoir l’exposition « 50 photographies du camp » sur la plage nord face au Monolithe.
L’année 2024 marque les 85 ans de la création du camp et de l’exil républicain espagnol, mais également les 25 ans de travail initié par notre commune – en partenariat avec l’association FFREEE (Fils et Filles de Républicains Espagnols et Enfants de l’Exode) – sur la récupération de cette Mémoire démocratique et de l’histoire du camp.
Une année symbolique, donc, que l’équipe municipale souhaite commémorer fortement grâce, entre autres, à cette exposition de photographies d’époque du camp, in situ, sur le lieu même où il fut installé.
La Retirada nous rappelle un épisode terrible de notre histoire, préfiguration du second conflit mondial et qui a marqué notre mémoire régionale.
Cette Espagne Républicaine qui nous est chère à Argelès-sur-Mer, parce que notre population a partagé ce drame. Elle a accueilli des centaines de réfugiés espagnols. Chez nous, les mots « Républicains espagnols » et « Retirada » ont un sens fort, très fort ! Cela fait partie de notre patrimoine culturel, de notre ADN.
Pour la ville d’Argelès-sur-Mer, il est essentiel de faire œuvre pédagogique, de ne pas oublier, de faire connaître cette histoire récente, intimement liée à notre territoire, qui fut longtemps passée sous silence. Il s’agit de transmettre la Mémoire de femmes, d’enfants et d’hommes dont le seul tort fut d’avoir voulu vivre libres.
Cette exposition sera libre d’accès à tous : scolaires, promeneurs, habitants, visiteurs occasionnels et touristes.
Nous vous attendons nombreux pour découvrir ou redécouvrir cette exposition qui inscrit notre ville dans une dynamique mémorielle – saluée dans notre département et au plus haut niveau Outre-Pyrénées – dont l’actualité nous montre tous les jours l’urgente nécessité.
Argelès-sur-Mer n’oublie pas !
15 mars 1944 : « Les jours heureux », le programme du Conseil national de la Résistance

15 mars 1944 : « Les jours heureux », le programme du Conseil national de la Résistance

Le 15 mars 1944, tous les membres du Conseil national de la Résistance approuvent à l’unanimité le Programme d’action de la Résistance, également connu sous le nom de « programme du CNR ». Ce document établit les directives pour les actions à entreprendre en vue de la Libération, ainsi que les réformes nécessaires pour la reconstruction du pays après la guerre.

ée de la volonté ardente des Français de refuser la défaite, la Résistance n’a pas d’autre raison d’être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée. Cette mission de combat ne doit pas prendre fin à la Libération. Ce n’est, en effet, qu’en regroupant toutes ses forces autour des aspirations quasi unanimes de la nation, que la France retrouvera son équilibre moral et social et redonnera au monde l’image de sa grandeur et la preuve de son unité.

Aussi les représentants des organisations de la Résistance, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du CNR, délibérant en assemblée plénière le 15 mars 1944, ont-ils décidé de s’unir sur le programme suivant, qui comporte à la fois un plan d’action immédiate contre l’oppresseur et les mesures destinées à instaurer, dès la Libération du territoire, un ordre social plus juste.

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L’exposition « Les juifs de France dans la Shoah » inaugurée

L’exposition « Les juifs de France dans la Shoah » inaugurée

Vendredi dernier a eu lieu au Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation en Ariège le vernissage de l’exposition « Les juifs de France dans la Shoah ». Cette exposition, gracieusement prêtée par l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), revient sur les grandes étapes de la persécution des juifs de France, sous l’Occupation lors de la Seconde Guerre Mondiale. Vingt panneaux, réalisés par le Mémorial de la Shoah, présentent cette période tragique : les premières mesures d’exclusions antijuives d’octobre 1940 instituées par le régime de Vichy, l’internement dans des camps en France, puis la déportation systématique et massive dans les camps étrangers, ainsi que la mise en œuvre de la « Solution finale » par le IIIe Reich.

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Ces résistantes derrière l’Affiche rouge

Ces résistantes derrière l’Affiche rouge

Après la panthéonisation de Mélinée et Missak Manouchian, l’historien Denis Peschanski revient sur le rôle longtemps méconnu mais ô combien important des femmes et des étrangers dans la Résistance.

On parle peu des femmes dans la Résistance, pourquoi sont-elles à ce point rendues invisibles ?
Denis Peschanski1. Pour trois raisons au moins. D’abord et avant tout à cause de leur statut dans la société. À l’époque plus encore qu’aujourd’hui bien entendu. Ensuite, dans le cas de la lutte armée, elles ne se servent pas, en général, des armes à feu et comme elles passent inaperçues, elles transportent les armes sur les lieux des attentats, cachées dans un cabas ou une poussette. Mais ce sont les hommes qui tirent. Il y a bien sûr des exceptions, mais telle est la règle. Au demeurant, elles jouent aussi leur peau en faisant cela. Enfin, troisième raison, avant la guerre elles n’ont toujours pas le droit de vote ; elles s’impliquent donc moins que les hommes dans la vie politique et sont peu présentes dans les partis. L’engagement reste une affaire d’hommes. Elles n’obtiendront le droit de vote qu’en avril 1944, en partie d’ailleurs grâce à leur action pendant la Résistance.

À partir de quand commence-t-on à parler du rôle des femmes dans la Résistance ?
D. P. J’ai l’habitude de dire, à propos de la mémoire collective et notamment pour la Seconde Guerre mondiale, qu’il n’y a pas un moment particulier où une histoire émerge, mais que plusieurs mémoires « fortes » et « faibles » coexistent. Dans le cas de ce conflit, on a vu apparaître alternativement la figure du Résistant, celle du Français veule ou collabo, celle de la victime juive ou encore le régime de Vichy, sans que jamais l’une ou l’autre de ces figures ne soit totalement effacée.

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Conférence

Conférence

Venez assister gratuitement à cette conférence de Gisele Provost sur un sujet d’actualité…la résistance et la déportation le jeudi 21/3 à 18h à la salle des fêtes d’Entraigues. Une dédicace se fera à la fin avec la possibilité d’acheter le livre sur place.
Parution

Parution

LAZARE PYTKOWICZ, « PLUS JEUNE COMPAGNON DE LA LIBERATION »
[bloc-notes]
«Une mère qui pleure ses enfants, c’est le monde qui confirme avoir un sens», écrit Jean-Christophe Notin dans son magnifique dernier livre, Petit Louis (Grasset). Nous sommes en 1942, à Paris, occupé par des Allemands en manque de sang juif. Dans la nuit noire du nazisme et du fascisme, la rafle du Vél’d’Hiv, entièrement organisée par les collaborateurs du régime de Vichy et la police française, est en cours. Le héros de ce récit d’Histoire n’a rien d’un personnage fictif, il a bien existé – le bloc-noteur le rencontra même à plusieurs reprises, au croisement des années 1990-2000. Il s’appelait Lazare Pytkowicz. Le 16 juillet 1942, il n’a alors que 14 ans. Et lorsqu’il est arrêté avec ses parents et une sœur, le gamin ne sait pas encore qu’il deviendra, quelques années plus tard, « le plus jeune Compagnon de la Libération ». Né à Paris, dans une famille juive polonaise exilée en France, fils de Perla et de Jankiel, le petit Lazare doit sa vie à l’insouciance de son audace, dont il ne se glorifiera jamais.
«On sanglote, on s’évanouit, on prie, on crie, on supplie. Tous avec une étoile. La constellation de la honte dans la nuit de la France.» À l’intérieur du Vél’d’Hiv, écrit Jean-Christophe Notin, «le pire est cette affreuse chorale permanente de pleurs d’enfants, de cris d’adultes, de désespérance, de colère, d’indignation et de silences de ceux qui ne savent plus quoi dire face à leur sort. Personne pour les renseigner sur ce qui les attend». La mort, pour tous ou presque, à Auschwitz ou ailleurs. Dans les gradins où peu de temps avant tournaient les vélos, le petit Lazare dit à sa mère : «Maman, je voudrais m’évader.» Son père : «Il faut qu’il tente sa chance.» Profitant d’une scène de confusion, Lazare se glisse entre des policiers et fuit dans Paris. C’est sa première évasion. Sa sœur Fanny était avec ses parents, elle les accompagnera dans ce long voyage. Sans retour. Rien ne put dès lors empêcher le gamin en culotte courte de souffrir du syndrome du «pourquoi moi et pas elle ?». Et «pourquoi une fenêtre s’est-elle ouverte devant lui pour se refermer aussitôt derrière ?» questionne Jean-Christophe Notin.
L’aventure tragique et héroïque se met en marche. Échappant de justesse à la déportation, Lazare voit sa vie basculer dans la clandestinité, en dépit de son jeune âge, d’abord dans la capitale, puis à Lyon où il devint un actif agent de liaison au sein des Mouvements unis de la Résistance (MUR). Celui qui était devenu Louis Picot peu avant la guerre – parce que Pytkowicz, c’était trop compliqué pour certains instituteurs parisiens –, ou tout simplement «Petit Louis», son pseudo dans la Résistance, allait faire preuve d’une résolution exceptionnelle. Lui, qui fut associé à la préparation d’un projet d’évasion de Jean Moulin, sera arrêté par les policiers allemands le 24 octobre 1943 (il croisera Klaus Barbie sous la torture et témoignera à son procès), échappant de justesse à ces tristes sires en filant dans les rues de Lyon. Avant d’être de nouveau capturé – par la Milice française, cette fois – le 27 janvier 1944, réussissant à s’évader en gare de Lyon, le 14 juillet 1944, échappant ainsi au sort déjà réservé à tous les membres de sa famille… Après guerre, alors que « la société, toute la société n’a pas envie de les entendre », il n’a que 17 ans quand il reçoit sa décoration, une plaque en bronze à croix de Lorraine des mains d’un militaire : « Lazare Pytkowicz, nous vous reconnaissons comme notre compagnon pour la libération de la France dans l’honneur et par la victoire. » Accolade. Félicitations. « Pas de petits-fours », racontera Lazare, qui retourne dans sa classe en prenant soin de fourrer dans sa poche la distinction. Il ajoutera : « Je dois vous dire que, quand on est un enfant, ça ne fait pas grand-chose. » Au Lutetia, durant des mois, il n’eut jamais de nouvelles de ses parents et de sa sœur. Et, dans le 18e arrondissement de Paris, il restera un communiste engagé, jusqu’à sa disparition, en forme de dernière évasion, le 12 octobre 2004. Le bloc-noteur pense très fort à l’ami Pierre Pytkowicz, le fils de Lazare, ancien photographe de l’Humanité, mort en 2019, à l’âge de 67 ans.
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Mon bloc-notes, publié dans l’Humanité du 8 mars 2024… JED