Ces résistantes derrière l’Affiche rouge

Ces résistantes derrière l’Affiche rouge

Après la panthéonisation de Mélinée et Missak Manouchian, l’historien Denis Peschanski revient sur le rôle longtemps méconnu mais ô combien important des femmes et des étrangers dans la Résistance.

On parle peu des femmes dans la Résistance, pourquoi sont-elles à ce point rendues invisibles ?
Denis Peschanski1. Pour trois raisons au moins. D’abord et avant tout à cause de leur statut dans la société. À l’époque plus encore qu’aujourd’hui bien entendu. Ensuite, dans le cas de la lutte armée, elles ne se servent pas, en général, des armes à feu et comme elles passent inaperçues, elles transportent les armes sur les lieux des attentats, cachées dans un cabas ou une poussette. Mais ce sont les hommes qui tirent. Il y a bien sûr des exceptions, mais telle est la règle. Au demeurant, elles jouent aussi leur peau en faisant cela. Enfin, troisième raison, avant la guerre elles n’ont toujours pas le droit de vote ; elles s’impliquent donc moins que les hommes dans la vie politique et sont peu présentes dans les partis. L’engagement reste une affaire d’hommes. Elles n’obtiendront le droit de vote qu’en avril 1944, en partie d’ailleurs grâce à leur action pendant la Résistance.

À partir de quand commence-t-on à parler du rôle des femmes dans la Résistance ?
D. P. J’ai l’habitude de dire, à propos de la mémoire collective et notamment pour la Seconde Guerre mondiale, qu’il n’y a pas un moment particulier où une histoire émerge, mais que plusieurs mémoires « fortes » et « faibles » coexistent. Dans le cas de ce conflit, on a vu apparaître alternativement la figure du Résistant, celle du Français veule ou collabo, celle de la victime juive ou encore le régime de Vichy, sans que jamais l’une ou l’autre de ces figures ne soit totalement effacée.

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