Témoignage de Francine Christophe : ma libération



Les articles de la rubrique Idées n’expriment pas nécessairement le point de vue de l’organisation mais de camarades qui interviennent dans les débats du mouvement ouvrier. Certains sont publiés par notre presse, d’autres sont issus de nos débats internes, d’autres encore sont des points de vue extérieurs à notre organisation, qui nous paraissent utiles.
es terres de Guyane, de Martinique, de Guadeloupe et ses dépendances1, sont en 1939-1945 des lambeaux caribéens de la colonisation française ayant débuté au XVIIe siècle. On disait alors qu’elles étaient de « vieilles colonies ».
Or en 1939, il y a moins d’un siècle que l’esclavage a été aboli (1848) et 108 ans (depuis 1831) que la traite négrière devenue clandestine a été surmontée. Ces nouvelles sociétés post-abolitionnistes ont affronté de nombreux drames en quatre-vingt-dix ans.
Ce furent d’abord les 18 années du régime de Napoléon III pendant lesquelles une fraction des anciens maîtres a cru pouvoir revenir sur les acquis des révoltes de mai-juin 1848 et a fait perdurer les préjugés racistes, les rigoureux modes de vie ségrégationnistes et les pratiques bien affirmées d’exploitation de classes.
Ces sociétés vécurent ensuite les trois phases de la terrible crise du sucre de canne entre 1884 et 1910, entraînant une affreuse misère dans les campagnes tant pour les afro-descendants que pour les émigrés récents (Hindous, Chinois et Congos, ces derniers aussi afro-descendants). Cette débâcle a généré une résistance populaire suivie en contrepoint de multiples massacres d’ouvrierEs agricoles comme par exemple celui de février 1900 au François (en Martinique) ou de l’usine Sainte-Marthe en février 1910 (en Guadeloupe) ou à Capesterre en mars 1910 (toujours en Guadeloupe). La Guyane pour sa part connut les tragédies liées au bagne (répression des fuyards et des révoltés chez les relégués et les déportés) et de récurrentes émeutes populaires dans d’autres secteurs.
Ces sociétés subirent encore, dans l’entre-deux guerres, les enchaînements catastrophiques du contingentement du rhum que les planteurs s’appliquèrent à faire payer aux ouvrierEs d’usine et de champs par des despotiques baisses de salaire. Ce fut de nouveau, une époque de fermes luttes des travailleur/ses face à une répression brutale et meurtrière et d’assassinats de militants syndicaux et politiques (dont André Aliker en Martinique en 1934). La célèbre marche de la faim en février 1935 à Fort-de France est -ne illustration de cette vigoureuse riposte. Cette faim des pauvres et surtout des gens des campagnes pour ces trois zones, n’était que le prolongement dans tout le bassin caribéen de la crise capitaliste mondiale de 1929.
Toutefois, avec cette résistance populaire consistante dès la fin du XIXe siècle, un mouvement syndical endurant, axé sur la lutte de classes, se développa pour aboutir, au moment du Front populaire dans les années 1930, tant en Guadeloupe qu’en Martinique, à des affiliations à la CGT. Concomitamment, l’idéologie socialiste s’ancrait (voir un article de Rosa Luxemburg en 1898 sur Hégésippe Légitimus en Guadeloupe) tandis que l’idéologie communiste en Martinique put arracher l’élection d’un conseiller général en 1937.
Cette ébullition des idéologies socialistes et communistes, mûrie par un jaillissement de l’action syndicale combative qui payait de lourds tributs humains, venait-elle en contrepoint de la pratique politique des Républicains, issus des couches élitistes des Noirs et des mulâtres ?
Ceux-ci, pendant soixante-dix ans, avaient d’abord intégré quelques activités économiques lucratives dans les distilleries traditionnelles, s’étaient implantés dans les professions libérales et les fonctions administratives, avaient acquis largement, sous la Troisième république, les mandats politiques, s’étaient montrés farouchement opposés à la « plantocratie des Blancs créoles » (comme ils disent) quand bien même ils réalisèrent plusieurs fois des compromis incontestablement douteux.
Leur républicanisme s’habilla de la glorification de la République de 1792 abolissant l’esclavage, le 4 février 1794 (16 pluviôse an II).
Ils s’attachèrent de même, sentimentalement, aux abolitionnistes des années 1820 à 1848 comme Schoelcher, Arago, Isambert et même aux plus modérés de la Seconde république de 1848 Garnier-Pagès, Lamartine ou Armand Marrast.
« Maladroite », « émotive », « trouillarde », voilà comment elle était décrite par ses chefs dans la résistance. Pourtant, c’est avec sang-froid et courage émérite que cette princesse musulmane a donné sa vie pour lutter contre l’oppression nazie.
Première femme envoyée en France occupée comme opératrice radio pour le SOE (Special Operation Executive), le destin héroïque et tragique de Noor Inayat Khan témoigne du rôle – longtemps tu, minimisé du moins – des femmes dans la résistance.
Née à Moscou d’une mère américaine et d’un père indien musulman, Noor Inayat Khan a 26 ans quand l’armée allemande envahit la France, sa terre d’adoption où elle mène une vie romantique faite de poésie et de musique.
Elle raconte.
(Ceci est un récit posthume, qui ne constitue pas les dires de Noor Inayat Khan)
En novembre 1940, j’avais rejoint la WAAF (Women’s Auxiliary Air Force), une section de l’armée britannique qui formait les femmes aux tâches administratives et logistiques principalement ou, dans mon cas, à l’espionnage. Quoi de mieux que l’innocence d’une femme pour éviter les soupçons de l’ennemi ?
Mon destin bascule un jour d’octobre 1942 lorsque, dans la chambre 238 de l’Hôtel Victoria, je fais la connaissance d’un officier recruteur du SOE, les services secrets britanniques dépendant directement de Churchill.
Il est responsable de la section « F », « F » pour « France », où l’heure devient grave pour la résistance. Les agents capables de parler correctement le français se faisant rares dans les rangs de la section, je devenais un agent intéressant à envoyer sur le terrain.
Face aux réserves de quelques leaders douteux de mon courage, j’accepte cette mission périlleuse à condition de ne jamais avoir à tuer quiconque. Ce refus de la violence, c’était un héritage du soufisme paternel.
La nuit du 16 juin 1943, ma passion ardente pour la liberté m’envoie tout droit sur le front de l’ombre, où l’espérance de vie d’un opérateur de radio ne dépasse pas les 6 mois. Soldate sans uniforme, je renonce donc à toute protection des lois de Genève, et risque la torture, voire peut-être même la mort.
Des faux papiers, quelques tickets de rationnement et du cyanure en guise d’armes, je deviens Jeanne-Marie Renier, bonne d’enfants insignifiante au nom de code « Madeleine ». En réalité, j’allais vite devenir la seule opératrice radio en activité en terre parisienne et dans les alentours.
Les temps sont durs pour la résistance : les coups de filet allemands se multiplient, les résistants tombent comme des mouches en raison notamment de la présence d’agents double, sans oublier les progrès ennemis en radiogoniométrie.

L’exposition qui s’ouvre le 17 septembre au musée de l’Armée, aux Invalides, célèbre le 80e anniversaire de la campagne de France, de l’appel du 18 juin et de la création de la France Libre. Visite en avant-première.
L’atmosphère d’une année terrible. Celle de 1940, année de la campagne de France, de l’appel de De Gaulle à Londres, de la capitulation française et du gouvernement de Vichy. A travers 250 objets, le musée de l’Armée, aux Invalides, met en scène les coulisses et la façon dont les Français ont perçu cette année. L’exposition « Comme en 40 » se découpe en deux salles. Deux ambiances.
La première déroule 1940 de façon chronologique, avec carte animée, uniformes, exemplaires de « Mein Kampf ». Dans la seconde salle, la visite évolue du sombre des prisonniers à la lumière de la liberté. Sur un écran défilent une centaine de gros titres du journal Le Petit Parisien, sous une vitrine de tickets de rationnement, de photos d’Allemands festifs à Paris. On découvre que le premier mouvement collectif de résistance a été monté au musée de l’Homme, créé en 1938 face à la montée du nazisme. Son directeur et fondateur, Paul Rivet, placarde sur la porte du musée le 14 juin 1940, le poème « If » (« Tu seras un homme mon fils ») de Kipling. De tous les objets vus au fil de la visite, en voici quatre, exceptionnels ou témoins symboliques de cette terrible année.
L’Association Nationale des Familles de Fusillés et Massacrés de la Résistance française et de leurs Ami(e)s (ANFFMRFA)
Vous invite
À la Cérémonie d’Hommage
Aux Résistants Fusillés dans la Région Parisienne
Et inhumés au Cimetière parisien d’Ivry.
SAMEDI 10 OCTOBRE 2020 à 15h
Rassemblement (à 14h45)
Devant l’entrée du cimetière parisien d’Ivry
Avenue de Verdun (nationale 305) – Ivry-sur-Seine.
Métro porte de Choisy, bus 183
Samedi 3 octobre 2020 à 15 H

À l’entrée du Groupement Hospitalier Intercommunal du Vexin dans le parc de la Bucaille, à Aincourt (Val-d’Oise),se tiendra la cérémonie commémorative du 80ème anniversaire de l’ouverture du camp d’internement d’Aincourt.
Le dépôt de gerbes sera suivi de :
– L’allocution d’Emmanuel Couesnon, Maire d’Aincourt, Membre du Conseil d’Administration de « Mémoire d’Aincourt »
– L’allocution de Solveig Hennebert, Membre du Conseil d’Administration de « Mémoire Vive des convois des 45 000 et des 31 000 »
– « Histoires du camp oublié »
Une évocation théâtrale de la Résistance présentée par le Théâtre des Oiseaux.
Conception et mise en espace : Bernard Martin Fargier.
Je m’appelle François Jazbinsek. Je suis né en 1922. J’ai été déporté au camp de concentration nazi de Mittelbau-Dora durant la seconde guerre mondiale. Je suis mort en déportation avant d’avoir atteint les 22 ans. Mon frère Joseph quant à lui a survécu à cet enfer. Aujourd’hui, ce n’est pas seulement notre histoire que je vais vous raconter mais celle des 9000 déportés du camp de concentration de Mittelbau-Dora.
Interview, images, montage et musique : Fabrice JAZBINSEK
Traduction : Gilbert BARTHEL Secrétariat : Célestine JACOBI Remerciements : La Coupole Centre Historique Le Mémorial de Mittelbau-Dora L’Université de Göttingen
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La médaille de la Résistance française a été décernée à Plougasnou par décret en date du 31 mars 1947 (17 villes ou villages de métropole ainsi que la Nouvelle-Calédonie ont reçu cette décoration).
Les lieux de mémoire de Plougasnou sont référencés sur la carte interactive du Musée de la Résistance en ligne grâce au travail de Maryvonne Moal, présidente des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation du Finistère : http://www.museedelaresistanceenligne.org/lieux/
De même, toujours grâce au travail effectué par madame Moal, le musée de la Résistance en ligne présente dans sa base nominative de résistants, une rubrique « Chemin de mémoire Plougasnou » qui renvoie aux biographies d’une quinzaine de résistants locaux (http://www.museedelaresistanceenligne.org/liste-personne.php)
Le 11, 12 et 13 septembre 2020, la commune de Plougasnou accueillera les représentants des 18 collectivités territoriales françaises Médaillées de la Résistance pour un week-end de commémoration (passation du drapeau des collectivités médaillées de la Résistance).
Qui étaient-ils ? D’où venaient-ils ? Pour quelles raisons ont-ils été arrêtés ? Que sont devenus les survivants ? Ces parcours ici relatés témoignent de l’engagement, du courage dont ont fait preuve ces déportés, résistants pour la plupart, mais aussi des souffrances terribles qu’ils ont endurées.
Tous nous semblent familiers tant, jusqu’à la guerre, leur destin semblait se fondre dans celui des hommes de leur époque : ouvriers, fonctionnaires, ingénieurs, artisans, étudiants ou vétérans de 1914-1918… Au fil des pages, nous découvrons Pierre Walter, jeune militaire de 22 ans, qui tentait de rejoindre les Forces française libres ; Émile Fabre, 50 ans, arrêté pour résistance communiste dans les Bouches-du-Rhône ; Robert Bailly, 20 ans, Jurassien, réfractaire au STO ; Isidore Haggai, 32 ans, tailleur à Paris, arrêté au motif qu’il ne portait pas l’étoile jaune.
Depuis Roger Abada jusqu’à Benjamin Zyman, en passant Stéphane Hessel et Simone Veil, ces notices biographiques, enrichies d’un index par département, retracent l’histoire d’un pan entier de la déportation dans toutes ses composantes et sa complexité.
Fruit de près de deux décennies de recherches, du recoupement de milliers d’archives, de la mobilisation sans précédent d’historiens, de professeurs, d’archivistes, de bénévoles, Le Livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora rend enfin justice à l’engagement et au combat mené par les déportés contre le nazisme.

Il y eut Romain Gary l’écrivain mais aussi le soldat déterminé à se battre malgré la capitulation française en 1940. Un focus un peu étonnant sur l’interminable attente du combat.
Grand écrivain français du XXe siècle et deux fois prix Goncourt, Romain Gary fut également décoré du titre de Compagnon de la Libération pour avoir, le 25 janvier 1944, bombardé des rampes de lancement de V1 allemands au sud de Saint-Omer et ramené son équipage sain et sauf, bien que blessé lui-même.
Un fait d’armes que raconte Catherine Valenti et Claude Plumail, dans le quatrième volet d’une série consacrée à quelques uns des 1.038 compagnons de la Libération, un ordre créé par le Général de Gaulle afin de récompenser les braves ayant rejoint la France libre et la Résistance.
Pourtant cet épisode de 1944 ne forme pas le coeur de l’album. Car ici, ce qui ressort ce sont l’admiration que Romain Gary vouait à de Gaulle, l’amour qu’il portait à sa mère – dont l’annonce romancée de la mort est reprise telle que décrite dans « La Promesse de l’aube » – et surtout l’attente du combat. Une attente d’autant plus interminable que le jeune homme veut à tout prix se battre pour sa patrie d’adoption et qu’il semble sans cesse jouer de « malchance » et accumuler les manqués, arrivant après la bataille ou restant cloué sur un lit d’hôpital plusieurs mois… Résultat, cette histoire complète en 56 pages au dessin classique – enrichie d’un cahier documentaire sur son parcours – surprend un peu par sa légèreté et son humour, quitte peut-être à estomper un peu l’image héroïque de l’homme…
Dessinateur: Claude Plumail – Scénariste: Catherine Valenti – Editeur: Grand Angle – Prix: 14,50 euros.