Noor Inayat Khan, résistante musulmane au service de Churchill

Noor Inayat Khan, résistante musulmane au service de Churchill

Romane Carmon

« Maladroite », « émotive », « trouillarde », voilà comment elle était décrite par ses chefs dans la résistance. Pourtant, c’est avec sang-froid et courage émérite que cette princesse musulmane a donné sa vie pour lutter contre l’oppression nazie.

Première femme envoyée en France occupée comme opératrice radio pour le SOE (Special Operation Executive), le destin héroïque et tragique de Noor Inayat Khan témoigne du rôle – longtemps tu, minimisé du moins – des femmes dans la résistance.

Née à Moscou d’une mère américaine et d’un père indien musulman, Noor Inayat Khan a 26 ans quand l’armée allemande envahit la France, sa terre d’adoption où elle mène une vie romantique faite de poésie et de musique.

Elle raconte.

(Ceci est un récit posthume, qui ne constitue pas les dires de Noor Inayat Khan)

En novembre 1940, j’avais rejoint la WAAF (Women’s Auxiliary Air Force), une section de l’armée britannique qui formait les femmes aux tâches administratives et logistiques principalement ou, dans mon cas, à l’espionnage. Quoi de mieux que l’innocence d’une femme pour éviter les soupçons de l’ennemi ?

Une fleur au bout du fusil

Mon destin bascule un jour d’octobre 1942 lorsque, dans la chambre 238 de l’Hôtel Victoria, je fais la connaissance d’un officier recruteur du SOE, les services secrets britanniques dépendant directement de Churchill.

Il est responsable de la section « F », « F » pour « France », où l’heure devient grave pour la résistance. Les agents capables de parler correctement le français se faisant rares dans les rangs de la section, je devenais un agent intéressant à envoyer sur le terrain.

Face aux réserves de quelques leaders douteux de mon courage, j’accepte cette mission périlleuse à condition de ne jamais avoir à tuer quiconque. Ce refus de la violence, c’était un héritage du soufisme paternel.

De Noor à Madeleine

La nuit du 16 juin 1943, ma passion ardente pour la liberté m’envoie tout droit sur le front de l’ombre, où l’espérance de vie d’un opérateur de radio ne dépasse pas les 6 mois. Soldate sans uniforme, je renonce donc à toute protection des lois de Genève, et risque la torture, voire peut-être même la mort.

Des faux papiers, quelques tickets de rationnement et du cyanure en guise d’armes, je deviens Jeanne-Marie Renier, bonne d’enfants insignifiante au nom de code « Madeleine ». En réalité, j’allais vite devenir la seule opératrice radio en activité en terre parisienne et dans les alentours.

Les temps sont durs pour la résistance : les coups de filet allemands se multiplient, les résistants tombent comme des mouches en raison notamment de la présence d’agents double, sans oublier les progrès ennemis en radiogoniométrie.

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