Invitation au colloque « La politique des otages en France sous l’Occupation »
Hommage à Jean De VOGÜÉ
Des élèves redonnent un visage à trois résistants exécutés au parc de la Malgrange à Jarville
Pendant deux ans, cinq classes de première du lycée La Malgrange à Jarville ont reconstitué l’histoire de trois résistants exécutés par les Allemands en septembre 1944. Un travail qui a abouti à l’édification d’une stèle commémorative inaugurée ce vendredi 3 septembre.
Ils ont mené un travail d’historiens pendant deux ans. Les élèves de cinq classes de première du collège-lycée La Malgrange à Jarville ont mis au jour un pan oublié de l’histoire de leur établissement et de la ville pendant la Seconde Guerre mondiale : l’exécution le 3 septembre 1944 par les Allemands de trois résistants dans le parc de la Malgrange. 77 ans plus tard, une plaque commémorative a été dévoilée ce vendredi soir dans l’enceinte du collège-lycée privé, là où les trois hommes ont été fusillés. Pierre Feuerstoss, Gilbert Lamoise et Léon Stutzmann avaient 36, 34 et 24 ans.
C’est presque par hasard que cette histoire est découverte : lors d’une exposition à La Malgrange, une visiteuse explique que son grand-père a été tué là. Deux professeurs d’Histoire-géo, Vincent Cavaillet et Alexis Zivré, s’emparent de ce souvenir. Avec leurs élèves, ils remontent le fil et donnent un visage et un parcours de vie à ces hommes engagés dans les FFI (Forces françaises de l’intérieur).
Décès de la résistante Jeanine Morisse-Messerli
Villeneuve-sur-Lot : la Ville honore son « héroïne » Madeleine Pauliac
L’émotion et le recueillement étaient une nouvelle fois au rendez-vous pour rendre hommage à l’une des plus illustres villeneuvoises. 75 ans après sa disparition, Madeleine Pauliac – et son histoire – reste encore une figure trop méconnue des habitants de la bastide. Chose à laquelle le maire Guillaume Lepers veut remédier. « Il est temps que Villeneuve rende un véritable hommage à celle qui est parmi les héros de la ville. » Et ce sont les plus jeunes qui seront les premiers sensibilisés au parcours de cette « héroïne ».
Dès la première cérémonie, au cimetière Saint-Etienne où repose la résistante, des lycéens de Georges-Leygues étaient aux côtés des officiels, élus, associations d’Anciens combattants et admirateurs de la Villeneuvoise. L’occasion d’en apprendre un peu plus sur celle qui est née à le 16 septembre 1912 dans une maison cossue de la rue d’Agen. À 27 ans, quand la Seconde Guerre mondiale éclate elle vient de passer sa thèse de médecine et exerce à l’hôpital des enfants malades, à Paris, avant de s’engager dans la Résistance. L’enfance, une vocation viscérale pour celle qui, une fois la guerre terminée, s’engagea au sein de la Croix-Rouge, qu’on appelle l’Escadron Bleu, pour sillonner toute la Pologne. C’est dans ce pays de l’Est qu’elle trouve la mort, le 13 février 1946, dans un accident de voiture.
Marthe Mercadier nous a quittés
17 septembre 2021 | PAR David Rofé-Sarfati
Fanny, l’amie et la confidente de Micheline Presles dans la série Les Saintes Chéries, Marthe Mercadié-Meyrat, dite Marthe Mercadier est décédé le 15 septembre 2021 à Puteaux.
Fille de Victor Mercadier administrateur de la Société des auteurs, née en 1928, elle connaît dès 5 ans le monde du spectacle par les coulisses. À l’âge de 6 ans, elle devient bègue, puis muette ; un an plus tard, elle se rétablit sans explication. En 1936, elle est paralysée pendant dix-huit mois à la suite d’une grave chute tombant d’une pyramide humaine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, adolescente, elle prend part à la lutte contre l’occupant en entrant dans la Résistance française, transmettant des courriers pour celle-ci. Elle œuvre quelque temps à Bruxelles, avant de fonder sa première association humanitaire. Elle joue pour la première fois sur scène en 1945, pendant le gala de fin d’année du cours d’art dramatique de Maurice Escande. Intégrant le Cours Simon, elle a pour camarades de classe Michel Bouquet, Robert Hirsch ou encore Michel Piccoli.
Dans un premier temps, Marthe Mercadier est souffleuse au théâtre Saint-Georges à Paris. Elle fait ses débuts sur les planches à la fin des années 1940 en jouant essentiellement au théâtre de boulevard, puis devient une comédienne populaire notamment grâce à la télévision en tenant l’un des premiers rôles de la série à succès Les Saintes chéries de 1965 à 1970.
En , elle prend la direction du théâtre du Vieux-Colombier. En plus de ses activités théâtrales, elle tourne au cinéma dans plus d’une trentaine de films et devient parallèlement productrice. En 1981, elle est nommée chargée de mission pour les problèmes de l’audiovisuel. Elle rédige pour François Mitterand un livre blanc sur la place des femmes dans le secteur du spectacle vivant, qui n’aura aucun effet ; elle démissionne.
L’histoire méconnue de Noël et Estelle Arhan, résistants de la première heure à Loctudy
Un colloque exceptionnel est proposé samedi au centre culturel de Loctudy. Il honorera la mémoire de Noël et Estelle Arhan, deux résistants de la première heure dont l’histoire reste largement méconnue.
« Un jour, on saura ce que Noël a fait ». Ces mots sont de la mère de Noël Arhan, Estelle, décédée le 3 juillet 1982, à l’Hôtel-Dieu à Pont l’Abbé, à l’âge de 88 ans, sans s’être jamais remise de la culpabilité qu’elle s’attribuait pour la mort de son fils.
« Mort pour la France », Noël Arhan est l’un des rares Loctudistes titulaires de la Médaille de la Résistance française, attribuée le 31 mars 1947. Cette histoire méconnue sera détaillée samedi, et plus largement, celle de la Résistance, par les différents intervenants du colloque. Pour Yves Blanchard, secrétaire du comité d’organisation du rendez-vous, « elle doit avoir valeur d’exemple pour les jeunes générations ». Plusieurs interventions de professeurs d’histoire, d’historiens et spécialistes locaux (*) permettront de replacer cet engagement familial dans le contexte historique des années d’occupation en Pays bigouden.
Résistance unie, déportation et martyrs
Instaurée le 10 septembre 2004, la cérémonie commémorative de la résistance unie, de la déportation et des martyrs s’est tenue ce vendredi sur le site du mémorial à Vitrac-sur-Montane au pied de la croix de Lorraine, symbole de l’union de la résistance française.
Une centaine d’enfants présentsAfin de transmettre le devoir de mémoire et faire vivre le souvenir, près d’une centaine d’élèves des écoles d’Égletons et du RPI Vitrac Eyrein ont pris part à cette cérémonie en ravivant les flammes de l’espoir sur le site du mémorial.
Au cours de cette cérémonie organisée par le Conseil départemental, Nathalie Marcillac, accompagnée de Frédéric Valy, a interprété le Chant des partisans et la Marseillaise. Un moment empreint d’émotion pour le public venu en nombre.
Dans son allocution, Pascal Coste a remis en avant le rôle de passeurs de mémoire et les valeurs portées par l’association du mémorial, notamment auprès des jeunes, avec un partenariat indispensable avec l’éducation nationale.
« Des valeurs d’unité, de détermination et d’espérance qui ont été le fondement du Conseil national de la Résistance créé par le général De Gaulle et Jean Moulin et qu’il nous appartient collectivement de perpétuer et de défendre », a-t-il réaffirmé.
La préfète de la Corrèze, Salima Saa a, quant à elle, affirmé « qu’un peuple sans passé est un peuple sans avenir. »
La fin de la guerre.
Les opérations, les répressions, les déportations et la fin du IIIème Reich (1944-1945)
La réflexion que propose le thème du CNRD pour 2021-2022 porte sur les relations entre trois réalités historiques séparables mais non séparées : les opérations militaires alliées, leurs objectifs, leur déroulement et leurs résultats ; les répressions et les déportations jusqu’aux limites les plus extrêmes ; la fin du régime nazi, dans le contexte de la période la plus meurtrière de la Seconde guerre mondiale, de 1944 à 1945.
Un des points centraux de cette problématique réside dans les conséquences que les opérations militaires comportent en termes de recrudescence de la brutalisation et de la répression par les nazis, notamment sur les civils et les résistants. En revanche, elles ne changent rien à leur pratique exterminatoire contre les Juifs, ce qui montre par défaut la centralité de celle-ci dans la politique nazie. Pour les nazis et depuis les origines du conflit mais avec une intensification croissante, le conflit est idéologique et racial. Ils continuent de mener la guerre contre les Juifs jusqu’au bout. Vers l’effondrement militaire et le déchainement répressif, les deux dernières années de la guerre sont meurtrières : radicalisation de la violence guerrière, politique de terreur d’Est en Ouest, représailles partout, alors qu’Auschwitz devient l’épicentre du système concentrationnaire nazi.
Cette réflexion s’inscrit dans le cadre et dans la ligne des programmes du collège et des lycées, qui mettent l’accent sur l’importance des faits militaires et de leurs interactions avec les différentes formes de répression et les déportations pratiquées par l’Allemagne nazie et ses vassaux, mais aussi par l’URSS, durant la Seconde guerre mondiale[1]. Fidèle à la réforme du CNRD, elle rejoint les thèmes des quatre dernières années : adossée aux programmes, ouverte aux apports de la recherche, avec des vues larges sur la France et sur l’Europe.
1. Une chronologie des années 1944-1945
Le thème débute en janvier 1944, ce qui permet d’inclure non seulement les convois de déportation à partir de la France, mais aussi l’ensemble de ce qui précède la déportation des Hongrois. La période qui va de janvier à juin 1944 est comme une veillée d’armes au cours de laquelle s’intensifie la répression dans les territoires occupés, pour assurer les arrières de l’armée allemande, en attaquant et en éliminant les maquis (Ain, Glières, Limousin) ou contre les partisans biélorusses sur le front de l’Est. En février 1944, le commandement militaire allemand pour l’Ouest promulgue un texte réglementaire (décret Sperrle) qui transforme les politiques répressives – ce qui concerne notamment la France, qui passe de « territoire ami » à « hostile » et doit donc être traité comme tel. Ces opérations ont aussi un point commun : elles s’accompagnent de rafles contre les civils, au premier rang desquels les Juifs.
Juin 1944, après le tournant de la défaite des armées allemandes à Stalingrad, en février 1943, fournit une césure possible pour marquer le commencement de la fin du conflit, avec le débarquement à l’Ouest, la libération de Rome et l’offensive Bagration quinze jours plus tard, colossale opération qui balaye quasiment tout le front de l’Est et marque le début de la marche à la victoire du côté soviétique[2]. Dans ce début de la phase finale de la guerre, à l’Est comme à l’Ouest, les conséquences des opérations militaires sur les répressions et les déportations sont manifestes. La répression qui s’abat sur les populations est d’autant plus violente que se joue le sort final de la guerre (Oradour, Tulle, le Vercors, Varsovie et les déportations partout).
Alors que sont engagés des combats décisifs, les Allemands mettent en œuvre une véritable stratégie de terreur dans les territoires qui restent sous leur contrôle. La fin de l’été 1944 et l’automne qui suit marquent une troisième césure, avec une retraite généralisée de la Wehrmacht et l’échec de rares contre-offensives[3] qui se traduisent par des violences et des exactions croissantes dans les territoires concernés. La peur devient le quotidien des peuples.
La mention de « la fin du IIIème Reich » dans l’intitulé permet de circonscrire le sujet au continent européen et met l’accent dans un même mouvement historique sur le moment le plus intense, l’échec et les conséquences de la « guerre d’anéantissement » lancée à l’Est par Adolf Hitler le 22 juin 1941, avec l’opération Barbarossa[4] et qui ne prend fin qu’avec la chute de Hitler et la capitulation de l’Allemagne, le 8 mai 1945[5]. Sur le front de l’Ouest, à partir de la fin du mois de juillet 1944, les Alliés piétinent – Paris n’est libérée qu’au mois d’août. La guerre n’est pas terminée à Noël et des régions entières demeurent sous l’occupation, c’est-à-dire sous la répression, allemandes[6].
Ce n’est qu’avec la campagne du Rhin à l’Ouest[7] et le franchissement de la Vistule à l’Est que les Alliés parviennent, au terme de longs et très durs combats de janvier à mai 1945, à progresser à l’intérieur du Reich et à détruire la Wehrmacht qui se bat encore en Italie ou dans les Balkans, y compris contre les résistants. Les conséquences pour les territoires occupés par l’Allemagne ou soumis à leurs vassaux sont terribles.
[1] Programmes d’histoire de terminale des séries générale et technologique BO spécial n° 8 du 25 juillet 2019
[2] Jean Lopez Opération Bagration : La revanche de Staline (1944) Paris, Economica 2014
[3] Anthony Beevor Ardennes 1944. Le va-tout d’Hitler Paris, Le livre de poche2017
[4] Jean Lopez, Lasha Otkhmezuri, Barbarossa. 1941, la guerre absolue Paris, Passé composé 2019
[5] Philippe Richardot Hitler face à Staline. Le front de l’Est 1941-1945 Paris, Belin 2013
[6] Nicolas Aubin La course au Rhin (25 juillet-15 décembre 1944). Pourquoi la guerre ne s’est pas finie à Noël Paris, Economica 2018
[7] Daniel Feldmann et Cédric Mas La campagne du Rhin. Les Alliés rentrent en Allemagne (janvier-mai 1945) Paris, Economica 2016
Tristan Lecoq
Inspecteur général de l’Éducation nationale
Professeur des Universités associé à l’Université Paris Sorbonne
Président du jury national des correcteurs du Concours national de la Résistance et de la déportation (CNRD)