La SNCF sous l’Occupation, racontée sans manichéisme

La SNCF sous l’Occupation, racontée sans manichéisme

Le documentaire de Catherine Bernstein fait une lecture nuancée du rôle des cheminots pendant la guerre.

Par Publié le 21 novembre 2019 à 03h02 – Mis à jour le 21 novembre 2019 à 06h13

Lorsque le film de René Clément, La Bataille du rail, est projeté au premier Festival de Cannes, son accueil chaleureux – il y remporte les prix du jury international et de la mise en scène avant de décrocher en fin d’année le premier prix Méliès, au titre du meilleur film de 1946 – contribue à fonder la légende d’une exemplaire résistance française face à l’occupant nazi. Cette vision héroïque de l’engagement des cheminots n’est écornée qu’un quart de siècle plus tard, lors du débat télévisé des « Dossiers de l’écran », qui suit la diffusion du film de Clément, où est posée la responsabilité des conducteurs des convois qui assuraient la déportation vers les camps.

Mais l’argument fait long feu, et il faut attendre les années 1990 pour que le sujet devienne un enjeu mémoriel fort, où le soupçon d’une collaboration active avec l’ennemi entache la belle image de la geste cheminote.

Légende dorée contre légende noire, le documentaire de Catherine Bernstein, coécrit par l’historien Laurent Douzou, auteur de la si précieuse Résistance française : une histoire périlleuse (Seuil, 2005), refuse les simplismes et offre une lecture nuancée, sans être timorée, de ce moment terrible. D’autant que les témoins sont filmés avec délicatesse, sans souci de sensationnalisme. Sur un tel dossier, il était nécessaire de convaincre l’entreprise d’apporter son concours. Ainsi les ressources de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) conjuguées aux extraits du film de Clément, toujours sourcés, permettent un montage judicieux qui sert au mieux le propos.

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