Laurence Patrice est avec Geneviève Garrigos



Poésie. En deux volumes, un récit et une anthologie, le regard d’un poète résistant sur ses semblables, entre 1939 et 1945. Saisissant.
Que voilà une réédition qui a du sens, aujourd’hui que la guerre sévit à nouveau en Europe. Pierre Seghers, poète, résistant de la première heure, est également devenu le principal éditeur de poésie en France, en créant en 1944, la mythique collection Poètes d’aujourd’hui. Il est mort en 1987, à 81 ans, mais sa maison d’édition existe toujours.
Dans les années 1970, il a publié La Résistance et ses poètes, qui retrace de manière très détaillée (500 pages pour le premier volume !) l’engagement de toute une génération de poètes au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Certains sont très connus : Aragon, Éluard, Vercors… D’autres pas du tout, voire anonymes.
Publications clandestines, mais aussi arrestations, tortures, déportation. Nous sommes dans l’histoire de France, avec ce regard particulier porté sur ceux qui résistent et qui écrivent. Pourquoi rappeler le souvenir de ces héros, se demande Pierre Seghers en 1974 : « leurs enfants peuvent être à nouveau plongés dans le chaos […] l’extermination totale, la terre transformée en planète morte, brûlée. La force, ses canons et ses bombes n’abdiquent pas. »
Les poètes ? Ils représentent « cet effort insensé de maintenir la dignité humaine, et appel du fond de l’abîme de l’homme tombé, ce refus d’accepter le destin des vaincus », écrivait Aragon dans les Poèmes impurs, en 1945.

Après le succès de la très belle exposition sur les époux Klarsfeld, le Musée de la Résistance et de la Déportation à Toulouse met maintenant en avant une figure panthéonisée en 2021 : l’artiste engagée Joséphine Baker. L’exposition inédite et gratuite ouvre ce samedi 25 juin, jusqu’au 29 octobre.
« Joséphine Baker, une vie d’engagements », c’est la nouvelle exposition du Musée de la Résistance de Toulouse sur l’allée des Demoiselles (Busca) présentée du 25 juin au 29 octobre. Elle est construite autour la liberté d’artiste de Joséphine Baker, ses combats et son héritage. Elle met en lumière son engagement pendant la Seconde Guerre mondiale et évoque son amour pour la France, aux côtés de ceux qui ont lutté contre le racisme dans le monde.
L’artiste, femme engagée et résistante, Joséphine Baker (1906-1975), entre au Panthéon le 30 novembre 2021 à Paris. L’Américaine devenue Française a vécu de nombreuses années en Dordogne. Sa dépouille repose à Monaco, mais ne sera pas transférée à Paris, c’est le souhait de ses enfants. Elle est la première femme noire à faire son entrée au Panthéon.

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Les fais remontent à début février dernier mais n’ont été révélés par la presse locale que la semaine dernière : une stèle dédiée à la résistante juive allemande Marianne Cohn a été profanée à Viry, en Haute-Savoie.
Memorallem, l’association qui l’a fait installer, a déposé plainte auprès de la gendarmerie de Valleiry.
Le président de l’association a été le premier à découvrire la dégradation. Le visage de la résistante a ainsi été rayé sur toute sa longueur.
Les fais remontent à début février dernier mais n’ont été révélés par la presse locale que la semaine dernière : une stèle dédiée à la résistante juive allemande Marianne Cohn a été profanée à Viry, en Haute-Savoie.
Memorallem, l’association qui l’a fait installer, a déposé plainte auprès de la gendarmerie de Valleiry.
Le président de l’association a été le premier à découvrire la dégradation. Le visage de la résistante a ainsi été rayé sur toute sa longueur.
« Seul son visage a été touché alors qu’il y a aussi un texte de Simone Veil et le nom de trois résistants qui l’ont aidée », a précisé Maurice Monsigny, ancien maire de la commune, qui a participé à créer Memorallem en 2015 – l’association vise notamment à perpétuer les valeurs de la résistance et préserver la mémoire de la déportation.
Dans un communiqué envoyé à la presse le 8 juin, Memorallem a déploré « une attitude et un acte nourris par la haine. Elle dénonce avec la plus extrême vigueur un geste empreint de violence et d’antisémitisme ».

Acteur majeur de l’unification de la Résistance française durant la Seconde Guerre mondiale, Jean Moulin repose aujourd’hui au Panthéon. Chaque année, un hommage national lui est rendu le 17 juin, en souvenir de son premier acte de résistance en 1940. À cette occasion, le ministre des Armées Sébastien Lecornu déposera une gerbe sur le tombeau de Jean Moulin.
Un peu d’Histoire…
Né à Béziers en 1899, Jean Moulin fut, après des études de droit, le plus jeune sous-préfet, puis le plus jeune préfet de France.
Lorsque la guerre éclate, il veut rejoindre les troupes de l’armée de l’Air, mais il est maintenu en affectation spéciale à Chartres où il fait face à l’exode de la population. Il est alors préfet d’Eure-et-Loir. Le 17 juin 1940, il reçoit les premières unités allemandes qui veulent lui faire signer une déclaration accusant des unités de tirailleurs africains d’avoir commis des atrocités envers des civils à Saint-Georges-sur-Eure, en réalité victime des bombardements allemands. Maltraité et enfermé parce qu’il refuse de signer, il se tranche la gorge. Sauvé in extremis par les Allemands, il reste à son poste avant d’être révoqué par Vichy début novembre.
En septembre 1941, il quitte la France pour rejoindre l’Angleterre depuis le Portugal après avoir traversé l’Espagne. A Londres, il est reçu par le général de Gaulle auquel il fait le compte-rendu de l’état de la résistance en France et de ses besoins. Rapidement convaincu de l’intelligence et des capacités de son interlocuteur, le général de Gaulle renvoie Jean Moulin en métropole avec pour mission de rallier et d’unir les mouvements de résistance.

Ce que l’on sait moins, c’est qu’il n’y pas eu qu’un seul appel.
Le discours le plus connu est en effet celui du 22 juin, le premier n’ayant pas été enregistré.
« Vive la France, libre dans l’honneur et dans l’indépendance ». Cette conclusion de l’appel de Charles de Gaulle aux Français en juin 1940 demeure gravée dans les mémoires. Pourtant, il ne s’agit pas d’un extrait de l’appel du 18 juin, ou du moins pas réellement. Ces mots sont plutôt ceux d’une autre intervention radiophonique effectuée quelques jours plus tard, le 22. La date du 18 juin 1940 est évidemment décisive puisqu’il s’agit effectivement du premier appel du général à poursuivre les combats. Pour autant, il n’en existe plus aucune trace sonore aujourd’hui ; ce jour-là, l’allocution n’a pas été enregistrée par les techniciens de la BBC, elle n’a été que diffusée. Seuls demeurent les manuscrits dont on sait que certains passages diffèrent de la version prononcée. Mais alors que sait-on véritablement de ce discours du 18 juin ?
Après à peine un mois de combat, la situation de la France à la mi-juin 1940 est désespérée. Le 14, les Allemands ont fait leur entrée dans Paris. Leur avance semble irrésistible et les soldats français capturés se comptent déjà en centaines de milliers. Plusieurs millions de civils fuient sur les routes face à la poussée allemande et le corps expéditionnaire allié est en miettes. Le 16 juin, Philippe Pétain est nommé à la tête du gouvernement à la place d’un Paul Reynaut démissionnaire. Au vu de la situation du pays, il choisi de demander la cessation des combats. Le lendemain, il s’exprime alors à la radio pour prévenir les Français qu’il va demander l’armistice avec l’Allemagne.