Ginette Kolinka, rescapée d’Auschwitz : « Maintenant, vous savez… »

Ginette Kolinka, rescapée d’Auschwitz : « Maintenant, vous savez… »

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Pendant plus de deux heures, Ginette Kolinka, 96 ans, a raconté à des collégiens son extraordinaire histoire dans l’enfer des camps de la mort, dont elle a réchappé.

Les élèves de 4e et 3e du collège de Chavagnes ont été émus par le témoignage de Ginette Kolinka (1), au centre culturel René-Monory, bien que préparés par leur professeur d’histoire Anne Lemetayer. Elle a été accueillie par le principal Grégory Adam et Joël Dazas, le maire de Loudun.
Au début de sa conférence, Ginette Kolinka montre deux photos. L’une, c’est son frère de 10 ans et l’autre, son neveu de 14 ans. Elle demande aux collégiens : « Regardez-moi bien et ces photos que je vous montre, est-ce que ce sont des gens normaux ? » La réponse est évidemment affirmative. « Pour vous, nous sommes normaux, mais pas pour les nazis, nous ne sommes pas normaux parce que nous sommes juifs. »
« Mon père, mon frère et mon neveu sont gazés à l’arrivée » Elle évoque le souvenir d’une enfance normale. Elle est née à Paris en février 1925, la petite dernière d’une famille de six filles et un garçon. « Avec mes sœurs, nous avions un stand au marché d’Aubervilliers, on vendait de la lingerie et mon père avait un atelier de confection. »
Fin décembre 1942, les juifs sont recensés dans les commissariats, la mention « juif » est apposée sur leur carte d’identité, ils sont obligés de porter une étoile jaune bordée de noir sur leurs vêtements. « En 1942, toute la famille est partie s’installer à Avignon, après un périple avec des faux papiers et l’aide de passeurs. » « En 1944, nous pensions que tout le monde avait oublié que nous étions juifs avec nos nouveaux papiers mais, autour de nous, tout le monde savait », se souvient-elle. Le 13 mars 1944 sur dénonciation, la Gestapo et la Milice viennent arrêter son père, son frère de 12 ans, son neveu de 14 ans et Ginette elle-même sur le marché.
« Nous sommes internés au camp de Drancy, le 13 avril. Nous sommes déportés en wagons à bestiaux depuis la gare de Bobigny jusqu’à Auschwitz Birkenau. Mon père, mon frère et mon neveu rejoignent les camions et sont gazés à l’arrivée. Moi, je pensais que nous allions rejoindre un camp de travail. »
Puis elle raconte l’impensable horreur : « En un instant, c’était fini, on perdait notre identité, notre humanité, il fallait se déshabiller, on nous rasait les cheveux et le sexe, on nous tatouait un matricule sur le bras. Nous étions couchés à deux sur une couchette étroite, rien pour la toilette, nous vivions dans la crasse et la puanteur, dévorés par les poux. Une humiliation intentionnelle et méthodique, accentuée par les coups des kapos, la faim et la peur. »
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