Catégorie : Actualité de la Déportation

Marie-Claude Vaillant-Couturier, décédée, il y a 25 ans

Marie-Claude Vaillant-Couturier, décédée, il y a 25 ans

Marie-Claude Vaillant-Couturier, décédée, il y a 25 ans, le 11 décembre 1996, devient, très jeune, reporter photographe. Pour le magazine Vu, elle est la première, en 1933, à montrer au monde les camps de concentration allemands. Juillet 1938, elle se retrouve en Espagne, en pleine guerre civile, croise Henri Tanguy, le futur Rol-Tanguy, découvre les Brigades internationales. L’un des bataillons se nomme Paul Vaillant-Couturier. En 1942, elle est arrêtée, par la police française, passe de prison en prison pour finir à Auschwitz-Birkenau puis à Ravensbrück. Sa « force », alors, c’est qu’elle maîtrise parfaitement la langue allemande, dont elle se sert pour se préserver, survivre à l’enfer. Libérée par l’Armée rouge, elle reste dans le camp tout un temps au service des plus faibles des détenues puis elle témoigne de l’horreur nazie au procès de Nuremberg, en 1946. Une militante infatigable de la mémoire de la déportation, pacifiste et féministe de combat, élue et dirigeante communiste respectée. Une sainte ? Le mot a été prononcé à son sujet à la Libération. Une héroïne ? Une légende ? Un mythe ? Rien de tout cela, en fait. Plus simplement une femme habitée par la passion politique, d’une incroyable vitalité, élégante et discrète, humble mais tenace, simple et altière à la fois.
Vichy et les juifs : l’historien Robert O. Paxton répond à Eric Zemmour, dans un rare entretien au « Monde »

Vichy et les juifs : l’historien Robert O. Paxton répond à Eric Zemmour, dans un rare entretien au « Monde »

Depuis plusieurs années, Eric Zemmour répète dans ses livres et sur les plateaux de télévision son point de vue sur le rôle du régime de Vichy dans le génocide des juifs. Dans son essai Le Suicide français, il dénonçait la « thèse » d’une « malfaisance absolue du régime de Vichy » (page 88). « Vichy a protégé les juifs français et donné les juifs étrangers », insistait-il sur Europe 1 le 26 septembre 2021, niant toutefois vouloir « réhabiliter Pétain ».

Qu’en disent les historiens de la seconde guerre mondiale ? Le plus célèbre d’entre eux, l’Américain Robert O. Paxton, a publié en 1973 La France de Vichy, dont les conclusions ont profondément renouvelé le regard sur la responsabilité de ce régime dans les persécutions et les déportations de juifs, français et étrangers. Un travail construit grâce à des archives françaises et allemandes alors inédites, affiné depuis et complété par d’autres historiens.

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Hommage à Suzanne Leclézio et Yvonne Ziegler

Hommage à Suzanne Leclézio et Yvonne Ziegler

Pour celles et ceux qui suivent mes posts, je vous avais informé de la décision du conseil de Paris, de rendre hommage à Suzanne Leclézio et Yvonne Ziegler à la suite de mes sollicitations. Décalée en raison du confinement, la cérémonie de pose d’une plaque aura lieu le 8 mars 2022, journée symbolique, à 11 heures au 22, rue Marcadet paris 18e. Réservez vos agendas.
Suzanne Leclézio, assistante sociale et Yvonne Ziegler, sa compagne, peintre, professeur de dessin, bénévole ont travaillé à partir de 1935 au Centre d’hygiène sociale du 22 rue Marcadet dans le 18e arrondissement de Paris. Ce dispensaire appartenait à cette époque à la Compagnie des chemins de fer du Nord. Suzanne est née à l’ile Maurice en 1898 et décédée le 1er mai 1987 Elle est chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur, décorée de la Croix de guerre et de la médaille de la Résistance française. Yvonne, née à Garches en 1902, a également reçu la Croix de guerre et la médaille de la Résistance. Elle est décédée le 16 janvier 1988.
Elles furent citées à l’ordre de la SNCF en 1942 pour leur rôle dans l’accueil et les soins aux réfugiés lors de l’exode de 1940 et notamment pour avoir procurer du lait aux enfants évacués. En 1942, lors des grandes rafles de Juifs à Paris, elles aident les Scharapan, famille juive du quartier Marcadet en procurant un logement et un emploi à la grand-mère de Nelly Scharapan lui permettant ainsi de survivre et d’échapper à la déportation. Les 21 et 22 avril 1944, elles apportent réconfort et soins aux blessés lors des bombardements des installations ferroviaires du quartier de la Chapelle qui fit plus de 500 morts. Le dispensaire épargné accueille les cheminots, leur famille et les habitants et enfants du quartier. Suzanne Leclézio s’investie également à la maison des enfants de cheminots de Crouy-sur-Ourcq qu’elle visite très régulièrement pour voir les petits patients soignés au dispensaire et dont l’état de santé nécessite leur placement temporaire dans cet établissement.
Patriotes et éprises de liberté, ces deux femmes ont intégré le réseau de résistance Cohors-Asturie le 1er octobre 1943 avec le grade de sous-lieutenant. Elles habitent toutes les deux rue Boissonade et hébergent plusieurs résistants recherchés par la Gestapo. Elles sont dénoncées en juillet 1944. La Gestapo les arrête à leur domicile le 27 juillet 1944 et les torture rue des saussaies. Elles sont ensuite déportées par le dernier convoi parti de Pantin le 15 aout 1944 pour le camp de Ravensbrück. Elles sont ensuite transférées dans plusieurs Kommandos où elles travaillent dans des conditions effroyables. Elles s’évadent au cours des marches de la mort et après quelques jours, elles sont libérées par l’armée soviétique. Elles sont confiées à la Croix-Rouge internationale et rapatriées en France le 25 mai 1945. Suzanne Leclézio est nommée directrice du Centre d’hygiène sociale à son retour. Elle quittera la SNCF en 1958 pour une retraite en Normandie avec Yvonne. Membres de l’Association des anciennes Déportées, Internées de la Résistante, entourées d’amis, neveux, nièces, elles ont été, avec humilité, des belles personnes, impressionnantes par leur courage tranquille et leur dévouement modeste. Leur parcours découvre des problématiques longtemps restées dans l’ombre, et désormais mises en avant : le rôle des femmes dans la résistance et la déportation, la place des couples de femmes dans certains secteurs comme l’action sociale. Aujourd’hui, Bertie Albrecht, surintendante et résistante, n’est plus seule dans les rues de Paris…
Lecture

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#VendrediLecture

Dernière lecture que je vous conseille, cet ouvrage passionnant et éclairant de l’historien Laurent Joly, spécialiste de la Shoah. Omniprésente dans l’imaginaire lié à la France des années noires, la délation contre les juifs n’avait pourtant jamais fait l’objet d’une enquête approfondie.
Croisant approche institutionnelle et études de cas individuels, il examine tour à tour le rôle de la dénonciation dans les pratiques du commissariat général aux Questions juives, de la Gestapo, de la préfecture de Police et du journal Au Pilori. Ayant mis au jour les archives judiciaires concernant les quelque 240 Parisiens jugés, après la guerre, pour dénonciation de juifs sous l’Occupation, Laurent Joly interroge la figure du délateur, décrypte sa mentalité, ses mobiles, ses justifications. À partir de correspondances privées inédites, il fait également revivre le destin de victimes, telle Annette Zelman, dénoncée à la Gestapo par les parents de son fiancé non juif et déportée en juin 1942.
La délation contre les juifs n’est pas ce phénomène de masse que l’on imagine communément. Instrument de la politique génocidaire des nazis, elle n’en a pas moins provoqué la mort de plusieurs milliers de femmes, hommes et enfants.

Deux livres exceptionnels publiés cet automne

Deux livres exceptionnels publiés cet automne

Deux livres exceptionnels publiés cet automne (et lus en cette fin de vacances) : « Et les juifs bulgares furent sauvés… » de Nadège Ragaru ; « Un pays de barbelés » de Vladimir Pozner.
Le premier propose une « histoire des savoirs sur la Shoah en Bulgarie », des procès contre les auteurs présumés de crimes antijuifs initiés dès septembre 1944 jusqu’aux récents contentieux mémoriels entre la Bulgarie et la Macédoine autour des quelque 7000 victimes de la Shoah en Macédoine. Documentation vertigineuse (l’auteure maîtrise à la perfection une demi-douzaine de langues), finesse d’analyse, virtuosité d’écriture, Nadège Ragaru a écrit un grand livre, riche en réflexions multiples dépassant le cas bulgare – et éclairant, en creux, sur nombre de points (l’épuration, la polarisation sur le sauvetage des juifs nationaux, etc.), le cas français.
Magnifique objet, comme toujours chez Claire Paulhan Editions, « Un pays de barbelés. Dans les camps de réfugiés espagnols en France, 1939 » est une œuvre posthume de l’écrivain Vladimir Pozner (1905-1992), conçue par un afficionado docteur en littérature française, Alexis Buffet, à partir des archives Pozner. Le résultat est fabuleux. On y trouve une série de photographies bouleversantes de la « Retirada » commentées par Pozner, des lettres écrites par le militant-écrivain alors qu’il occupait, de Perpignan, les fonctions de délégué du Comité d’accueil aux intellectuels espagnols, et surtout son carnet de notes de l’époque (mars-mai 1939) et ses reportages les plus puissants sur le drame des réfugiés espagnols. Un document de tout premier ordre, formidablement vivant.
Seconde Guerre mondiale : Le camp de Souge, lieu méconnu où les nazis ont fusillé des résistants par dizaines

Seconde Guerre mondiale : Le camp de Souge, lieu méconnu où les nazis ont fusillé des résistants par dizaines

GIRONDE Une cérémonie en hommage aux 256 fusillés du camp de Souge, entre 1940 et 1944, est organisée ce dimanche

  • Le 24 octobre 1941, 50 otages étaient fusillés au camp de Souge à Martignas-sur-Jalle (Gironde) en représailles à l’attaque perpétrée contre un officier allemand.
  • En tout, 256 résistants provenant d’une zone allant de Poitiers à Bayonne, ont été fusillés par les Allemands dans ce camp.
  • L’Association du souvenir des fusillés de Souge continue son travail de mémoire, ainsi que ses recherches pour identifier tous les hommes qui ont trouvé la mort dans le camp militaire.

Comme chaque année aux alentours du 24 octobre, les noms des 256 fusillés du camp de Souge à Martignas-sur-Jalle ( Gironde) seront égrenés ce dimanche, à l’occasion de la traditionnelle cérémonie en leur hommage. Mais cette année sera particulière, puisqu’on célèbre les 80 ans des premières fusillades massives au camp de Souge.

« Souge est un camp militaire, qui a été occupé par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale, rappelle le président de l’association du Souvenir des fusillés de Souge, Jean Lavie. Ici, ils ont fusillé 256 résistants patriotes entre 1940 et 1944, provenant d’une zone allant de Poitiers à Bayonne. On retrouve des gens qui venaient de Dordogne, de Charente-Maritime, des Pyrénées-Atlantiques, des maquis des Landes et du Médoc. Le camp de Souge est ainsi après le Mont-Valérien le deuxième lieu de fusillade en France. »

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80 ans après, la mémoire des fusillés de la Sablière ne s’efface pas à Châteaubriant

80 ans après, la mémoire des fusillés de la Sablière ne s’efface pas à Châteaubriant

Ce dimanche 17 octobre 2021, des milliers de personnes se sont rassemblées dans la carrière de la Sablière, à Châteaubriant (Loire-Atlantique), 80 ans après l’exécution des 27 otages par les Nazis. Un moment émouvant.

Les années ont passé mais les souvenirs sont restés. Dans la carrière de la Sablière, là où 27 otages du camp de Choisel, à Châteaubriant (Loire-Atlantique), ont été exécutés par les militaires allemands, 6 000 personnes se sont réunies, ce dimanche 17 octobre 2021, pour leur rendre hommage.

D’une manière très solennelle, le cortège a quitté, en début d’après-midi, le rond-point Fernand-Grenier, pour rejoindre le site historique des fusillades du 22 octobre 1941, au rythme des porte-drapeaux venus nombreux.

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Transmettre, garder trace…

Transmettre, garder trace…

Transmettre, garder trace…
évidemment à sa manière, comme chacun peut le faire.
Le photographe Michael Kenna ne pouvait que photographier avec une esthétique qui lui est propre.
Comment photographier ces lieux d’horreur, comment transmettre en les présentant autrement ? Cette légitimité à aborder ainsi cette mémoire, Michael Kenna y a répondu en invitant les gens à regarder, à réagir, à entrer dans un sujet, même en critiquant le média choisi, pour finalement s’impliquer et se souvenir.
C’est pour cela que Michael Kenna a décidé que ce travail photographique ne serait jamais commercialisé ni diffusé en agence. Désirant transmettre au plus grand nombre, grâce à cette collection impressionnante, le souvenir de ce que nous devons transformer en mémoire, il a fait don à la France en 2000 de 301 négatifs et tirages, que la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine possède aujourd’hui.
Le Musée de la Résistance nationale conserve 6 385 négatifs, 6 472 contacts, 1 644 tirages de travail ainsi que 261 épreuves d’artiste reçus en donation également entre 2011 et 2021.
Dans le cadre de l’exposition Michael Kenna : la lumière de l’ombre, photographies des camps nazis, le Musée de la Résistance nationale expose 82 tirages argentiques, de petit et de grand format, réalisés par l’artiste lui même et, en écho, des objets issus de la collection du MRN créés par les déportés dans les camps de concentration nazis, ainsi que des témoignages.
Dossier Presse
Le village de Pechbonnieu rend hommage à Blanche et Lucien Robène, « Justes parmi les nations »

Le village de Pechbonnieu rend hommage à Blanche et Lucien Robène, « Justes parmi les nations »

Pendant l’occupation, Blanche et Lucien Robène ont hébergé dans leur maison de Pechbonnieu au nord-est de Toulouse des personnes recherchées, réfractaires au STO, communistes, juifs, résistants. Une plaque commémorative est dévoilée pour saluer leur acte de courage désintéressé.

ls n’avaient écouté que leur courage, entre 1940 et 1944, Blanche et Lucien Robène , une famille de Pechbonnieu  a accueilli, caché, logé et nourri, dans leur maison des résistants, des réfractaires du STO, des prisonniers de guerre évadés, des familles juives, jusqu’à des déserteurs allemands refusant l’uniforme nazi. Le département de Haute-Garonne dévoile ce vendredi 1er octobre 2021 une plaque commémorative devant la mairie de la commune pour saluer le geste désintéressé de ce couple qui a su aider les persécutés, avec la complicité de tout un village.

Des héros ordinaires

Blanche Lavalade et Lucien Robène se marient à Bordeaux en 1928 . Ils auront deux filles nées à Toulouse, Lucette et Marguerite.  Ils s’installent à Pechbonnieu, à une dizaine de kilomètres des usines Latécoère, où Lucien est ouvrier chaudronnier .

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Un appel à la collecte d’objets de la Seconde guerre mondiale

Un appel à la collecte d’objets de la Seconde guerre mondiale

Thomas Fontaine est venu à Châteauroux accompagné de Xavier Aumage, archiviste au Musée national de la Résistance de Champigny (Val-de-Marne). Installé au bout de la grande table, dans l’appartement du siège castelroussin de l’Anacr, il explore avec minutie les objets collectés par l’association : « C’est un véritable travail d’enquête que nous effectuons pour tenter de relier un objet à son histoire, souligne-t-il, en époussetant délicatement, avec une brosse, un appareil morse bricolé avec une pince en bois. On peut commencer par retrouver celui qui a remis l’objet et ainsi remonter le fil. Parfois, il faut faire attention aux contrefaçons qui étaient beaucoup vendues dans les années 1960, 1970… »
Les objets collectés seront ainsi expertisés par les scientifiques du musée de Champigny, avant de rejoindre le musée de Châteauroux, dont l’ouverture est espérée d’ici trois ans. « Nous comptons vraiment sur cette collecte et nous lançons donc un appel aux maires de l’Indre, mais surtout aux familles de résistants ou de déportés, aux collectionneurs et à toute personne susceptible de détenir des traces », insiste Michel Fouassier, secrétaire de l’ACRDI.
Car le temps passe : les derniers témoins de la guerre disparaissent, « Et il serait dommage qu’au moment où l’Indre s’apprête à présenter au public l’histoire de la Seconde Guerre mondiale telle qu’elle s’est déroulée dans le département, des documents ou objets précieux restent ignorés et fnissent par disparaitre », s’alarme Michel Fouassier, qui tient à rassurer les futurs donateurs : « Les dons seront fait dans les conditions régies par les monuments nationaux. En attendant l’ouverture du centre, ils seront conservés sous la responsabilité des Archives municipales de Châteauroux. »
Pour faire un don, prendre contact avec l’ACRDI, tél. 02.54.08.33.08. Email : contact@resistance-indre.fr