Parution du dernier numéro de la Lettre de la Fondation de la Résistance

Parution du dernier numéro de la Lettre de la Fondation de la Résistance

A l’occasion de la parution du dernier numéro de la Lettre de la Fondation de la Résistance consacré aux étrangers dans la Résistance, l’association des amis de la fondation de la Résistance a posé 3 questions à Fabrice Grenard, chef du département recherche et pédagogie de la Fondation.
Quelle a été la contribution des étrangers à la résistance en France ?
La contribution des étrangers à la résistance française est restée longtemps mal connue. Elle ne correspondait pas à une certaine vision gaullienne de la Résistance selon laquelle celle-ci avait été l’œuvre des seul.e.s Français.e.s qui refusaient l’armistice et s’opposaient au régime de Vichy. Pourtant cette contribution a été importante. Elle s’explique par le fait que la France ait été un pays refuge pour de nombreux étrangers fuyant dans toute l’Europe avant la guerre le fascisme et les régimes autoritaires. Ces étrangers ont immédiatement conscience de ce que représentent les dangers du nazisme au début de l’Occupation. Ils sont souvent les premiers à basculer dans la lutte et dans la clandestinité, poursuivant ainsi l’engagement antifasciste qui était déjà le leur avant d’arriver en France.
Si des étrangers peuvent s’engager au sein des organisations qui se développent dans le cadre de la Résistance française naissante, d’autres rejoignent des organisations qui leur sont propres et ne se fixent pas pour seul objectif de libérer la France du nazisme mais aussi les pays dont leurs membres sont originaires. C’est le cas par exemple de l’Organisation polonaise de lutte pour l’indépendance (POWN) constituée en 1941 grâce à Aleksander Kawalkowski, ancien consul polonais à Lille ou de l’UNE (Union nationale espagnole) qui cherche à rassembler les républicains espagnols réfugiés en France pour leur permettre de préparer la « reconquista ». Si les étrangers ont ainsi pu jouer un rôle dans la Résistance française, une résistance étrangère en France contre le nazisme a également pu exister au cours de la période.
Quelles formes a pris cette résistance ?
Au sein de la lutte clandestine qui se développe en France, les étrangers occupent une position souvent spécifique du fait de certaines caractéristiques propres (connaissances linguistiques, contacts à l’étranger). Cela les amène à participer notamment aux opérations de renseignements et d’espionnages développées par les réseaux ainsi qu’aux actions d’infiltrations et de contre-propagande menées au cœur même de l’armée d’occupation allemande. Des antinazis allemands ou autrichiens participent par exemple au « Travail allemand » qui consiste à diffuser des journaux et tracts clandestins écrits en allemand et qui appellent les soldats de la Wehrmacht à la désobéissance. Comme les étrangers réfugiés en France ont pu participer avant la guerre à différentes formes de lutte armée, notamment lors de la guerre d’Espagne au sein de l’armée républicaine ou des brigades internationales, ils constituent également des recrues de choix pour les maquis qui manquent de cadres et de personnes possédant une expérience des armes.
Quelles étaient les nationalités les plus représentées dans cette résistance ?
La nationalité la plus représentée était indéniablement celle des Espagnols car lors de la « Retirada » quelque 500 000 républicains espagnols sont venus se réfugier en France lors de la victoire de Franco. Installés dans les régions du Sud-Ouest, nombreux sont ces anciens républicains espagnols qui rejoignent les maquis qui se développent dans le secteur à partir du printemps et de l’été 1943. Mais on compte aussi parmi ces étrangers des Allemands, des Autrichiens qui ont fui le nazisme après l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933 et l’Anschluss en 1938 ou encore des Italiens qui ont fui le régime de Mussolini. De nombreux polonais se sont réfugiés en France lors de la défaite de la Pologne en 1939, y compris une partie de l’armée polonaise. Ils alimenteront eux aussi la Résistance. Enfin on compte de nombreux Georgiens, Ukrainiens, Arméniens enrôlés de force dans la Wehrmacht et qui désertent les unités auxquelles ils appartiennent stationnées en France, surtout après le 6 juin 1944.
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Documents et décorations © Collection Maurice Bleicher
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