L’indomptable Étienne Mattler, footballeur de haut niveau et grand résistant
C’était le 4 décembre 1938, à Naples. Match de football amical entre l’Italie et la France. Plus que la défaite (1 à 0), c’est l’accueil réservé à l’équipe de France qui a ulcéré Étienne Mattler, son capitaine. Elle a été sifflée durant toute la rencontre et l’hymne français n’a pas été joué avant le coup d’envoi.
À cette époque, l’Italie s’abîme dans le fascisme et l’Europe, chauffée à blanc par la fièvre nationaliste, accélère à l’approche de l’abîme.
À Naples, il chante la Marseillaise, debout sur une table
À l’issue du match, le onze tricolore est allé se désaltérer dans un bar napolitain. « Étienne Mattler est monté sur une table et a entonné la Marseillaise, reprise en chœur par ses coéquipiers, devant des Italiens sidérés », raconte Michaël Verry, directeur de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) du Territoire de Belfort. « Pour saluer ce coup d’éclat relaté par la presse française, le président de la République, Albert Lebrun, avait offert à Étienne Mattler un vase de Sèvres. »
Voilà une anecdote qui résume bien cette personnalité hors du commun : « Un homme fascinant et enthousiasmant, un battant, un fédérateur capable d’insuffler une énergie folle à toute son équipe, un lion indomptable », s’enthousiasme-t-il.
Des missions périlleuses durant la guerre
Né le jour de Noël 1905 à Belfort, joueur emblématique du Football Club de Sochaux et de l’équipe de France , Étienne Mattler s’est aussi illustré pendant la Seconde Guerre mondiale, d’abord dans l’armée française laminée en 1940, puis dans la Résistance à partir de début 1942 (Corps Francs, groupe Ferrand). Ses actes lui ont valu deux Croix de Guerre (en 1940 et 1945) et deux citations militaires.