« La Fiancée »
Guy Môquet, jeune héros de la Résistance française (1924-1941)
Le 22 octobre 1941, Guy Môquet était fusillé à l’âge de 17 ans, dans un simulacre de procès visant à punir les premières lueurs de la Résistance française. Il fait partie des 48 résistants retenus en otages à être exécutés sommairement par Hitler, pour punir un attentat perpétré à Nantes contre un officier nazi.
Ce 22 septembre 1941, il y a 80 ans, cela fait un an et trois mois que l’Allemagne a défait la France en Juin 1940. Le pays est divisé en deux zones suite à l’armistice du 22 juin. L’une « occupée » au nord par les Nazis et l’autre « libre » sous l’occupation du gouvernement de Vichy dirigée par le maréchal Pétain.
Alors que le 18 juin 1940, le général de Gaulle appelle solennellement à la Résistance contre l’occupant, la France, exsangue, est profondément divisée par l’attitude à adopter face à une Allemagne impétueuse depuis les accords de Munich (1938) et le fameux pacte de non agression germano-soviétique (août 1939). La France est plus que jamais déchirée entre ceux qui veulent la paix et ceux qui veulent résister et continuer le combat.
Dépasser les clivages : résister au nom de la défense nationale
Les deux années qui nous concernent (1940-1941) et durant lesquelles Guy Môquet s’engage dans la Résistance, sont fortement marquées par les enjeux du pacte de non agression germano-soviétique, qui traduisent les positions troubles du parti communiste vis-a-vis de l’Allemagne.
En dépit des clivages idéologiques qui rongent le pays, le sentiment de défense nationale conduit la France à résister avant tout au nom de l’unité nationale. Militant communiste, Guy Môquet fait partie de ces nombreux jeunes du Parti à songer à l’organisation de la Résistance bien avant que n’advienne la rupture du pacte germano-soviétique, le 22 juin 1941, qui voit l’Allemagne s’attaquer à l’URSS dans le cadre de l’opération Barbossa. Bien que ce soit véritablement à ce moment-là que le Parti communiste songe plus activement à l’action violente envers les officiers allemands, Guy Môquet figure, lui, parmi les premiers résistants jeunes communistes à se constituer en force clandestine face aux nazis, distribuant des tracts, et entreprenant des opérations de sabotage.
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Comment Guy Môquet, résistant fusillé par les Allemands il y a 80 ans, a été arrêté à Paris
Guy Môquet est une figure centrale de l’histoire de la Résistance française. Fusillé le 22 octobre 1941 par les Allemands à Châteaubriant (Loire), il avait été arrêté à Paris.
Si la Résistance française à l’occupant allemand devait avoir un visage, ce pourrait être celui de Guy Môquet. Arrêté à Paris, l’adolescent de 17 ans a été fusillé il y a 80 ans, le 22 octobre 1941, avec 26 autres résistants à Châteaubriant (Loire-Atlantique).
Défenseur de son père, député communiste déporté en Algérie
La mort de Guy Môquet aura été, comme son engagement politique, précoce. Né dans le 18ème arrondissement, il est le fils de Prospet Môquet, cheminot et député communiste du 17ème. Voyant son père être interpellé en octobre 1939, puis déporté en Algérie, Guy se mobilise. Déjà militant au lycée Carnot où il étudiait, il a redoublé d’efforts.
Après avoir sollicité le gouvernement français responsable de l’arrestation de son père, Guy Môquet passe à l’opposition à l’occupant allemand. À seulement 16 ans, il colle des affiches et distribue des tracts à l’été 1940. Ces documents réclament la libération du « député des Épinettes », dénoncent l’occupation ou ciblent « la dictature de Laval ».
Incarcéré à la prison de la Santé puis à Clairvaux
Guy Môquet a été arrêté après une dénonciation le 13 octobre 1940, en gare de l’Est, par des policiers français. D’autres militants arrêtés passent aux aveux et l’accusent d’être parmi les colleurs de tracts, ce que l’adolescent nie. Jugé en janvier 1941, il est acquitté mais il sera emprisonné, après avis des Renseignements généraux, à la Santé puis à Clairvaux.
En mai 1941, Guy Môquet est transféré dans un camp d’internement de Châteaubriant, avec d’autres militants communistes. Leur destin va basculer le 20 octobre 1941, avec l’assassinat du commandant des troupes d’occupation de la Loire, par un commando communiste. En représailles, les Allemands ordonnent l’exécution de 48 otages. Le choix des fusillés a été facilité par le gouvernement de Vichy, qui a fourni une liste de communistes.
Lecture
#VendrediLecture
Dernière lecture que je vous conseille, cet ouvrage passionnant et éclairant de l’historien Laurent Joly, spécialiste de la Shoah. Omniprésente dans l’imaginaire lié à la France des années noires, la délation contre les juifs n’avait pourtant jamais fait l’objet d’une enquête approfondie.
Croisant approche institutionnelle et études de cas individuels, il examine tour à tour le rôle de la dénonciation dans les pratiques du commissariat général aux Questions juives, de la Gestapo, de la préfecture de Police et du journal Au Pilori. Ayant mis au jour les archives judiciaires concernant les quelque 240 Parisiens jugés, après la guerre, pour dénonciation de juifs sous l’Occupation, Laurent Joly interroge la figure du délateur, décrypte sa mentalité, ses mobiles, ses justifications. À partir de correspondances privées inédites, il fait également revivre le destin de victimes, telle Annette Zelman, dénoncée à la Gestapo par les parents de son fiancé non juif et déportée en juin 1942.
La délation contre les juifs n’est pas ce phénomène de masse que l’on imagine communément. Instrument de la politique génocidaire des nazis, elle n’en a pas moins provoqué la mort de plusieurs milliers de femmes, hommes et enfants.