Hommage à Suzanne Leclézio et Yvonne Ziegler

Hommage à Suzanne Leclézio et Yvonne Ziegler

Pour celles et ceux qui suivent mes posts, je vous avais informé de la décision du conseil de Paris, de rendre hommage à Suzanne Leclézio et Yvonne Ziegler à la suite de mes sollicitations. Décalée en raison du confinement, la cérémonie de pose d’une plaque aura lieu le 8 mars 2022, journée symbolique, à 11 heures au 22, rue Marcadet paris 18e. Réservez vos agendas.
Suzanne Leclézio, assistante sociale et Yvonne Ziegler, sa compagne, peintre, professeur de dessin, bénévole ont travaillé à partir de 1935 au Centre d’hygiène sociale du 22 rue Marcadet dans le 18e arrondissement de Paris. Ce dispensaire appartenait à cette époque à la Compagnie des chemins de fer du Nord. Suzanne est née à l’ile Maurice en 1898 et décédée le 1er mai 1987 Elle est chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur, décorée de la Croix de guerre et de la médaille de la Résistance française. Yvonne, née à Garches en 1902, a également reçu la Croix de guerre et la médaille de la Résistance. Elle est décédée le 16 janvier 1988.
Elles furent citées à l’ordre de la SNCF en 1942 pour leur rôle dans l’accueil et les soins aux réfugiés lors de l’exode de 1940 et notamment pour avoir procurer du lait aux enfants évacués. En 1942, lors des grandes rafles de Juifs à Paris, elles aident les Scharapan, famille juive du quartier Marcadet en procurant un logement et un emploi à la grand-mère de Nelly Scharapan lui permettant ainsi de survivre et d’échapper à la déportation. Les 21 et 22 avril 1944, elles apportent réconfort et soins aux blessés lors des bombardements des installations ferroviaires du quartier de la Chapelle qui fit plus de 500 morts. Le dispensaire épargné accueille les cheminots, leur famille et les habitants et enfants du quartier. Suzanne Leclézio s’investie également à la maison des enfants de cheminots de Crouy-sur-Ourcq qu’elle visite très régulièrement pour voir les petits patients soignés au dispensaire et dont l’état de santé nécessite leur placement temporaire dans cet établissement.
Patriotes et éprises de liberté, ces deux femmes ont intégré le réseau de résistance Cohors-Asturie le 1er octobre 1943 avec le grade de sous-lieutenant. Elles habitent toutes les deux rue Boissonade et hébergent plusieurs résistants recherchés par la Gestapo. Elles sont dénoncées en juillet 1944. La Gestapo les arrête à leur domicile le 27 juillet 1944 et les torture rue des saussaies. Elles sont ensuite déportées par le dernier convoi parti de Pantin le 15 aout 1944 pour le camp de Ravensbrück. Elles sont ensuite transférées dans plusieurs Kommandos où elles travaillent dans des conditions effroyables. Elles s’évadent au cours des marches de la mort et après quelques jours, elles sont libérées par l’armée soviétique. Elles sont confiées à la Croix-Rouge internationale et rapatriées en France le 25 mai 1945. Suzanne Leclézio est nommée directrice du Centre d’hygiène sociale à son retour. Elle quittera la SNCF en 1958 pour une retraite en Normandie avec Yvonne. Membres de l’Association des anciennes Déportées, Internées de la Résistante, entourées d’amis, neveux, nièces, elles ont été, avec humilité, des belles personnes, impressionnantes par leur courage tranquille et leur dévouement modeste. Leur parcours découvre des problématiques longtemps restées dans l’ombre, et désormais mises en avant : le rôle des femmes dans la résistance et la déportation, la place des couples de femmes dans certains secteurs comme l’action sociale. Aujourd’hui, Bertie Albrecht, surintendante et résistante, n’est plus seule dans les rues de Paris…
« La Fiancée »

« La Fiancée »

#VendrediLecture Dernière lecture que je vous conseille, cette très belle BD sur l’histoire de la résistante Odette Nilès, connue pour avoir été « l’amoureuse » de Guy Môquet au camp d’internement de Choisel à Châteaubriant.
En 1941, Odette a 17 ans. Elle participe à une manifestation contre l’Occupant le 14 juillet 1941, et une nouvelle fois le 13 août 1941. Dix-sept jeunes gens de moins de 20 ans sont arrêtés par la police française : 16 garçons et une fille, Odette. Elle est enfermée à au Cherche Midi puis à La Roquette. En septembre 1941, elle est transférée à Châteaubriant, dans un convoi de 48 femmes. On découvre la vie au camp, la couture, la gymnastique obligatoire, les cours de sténo et d’anglais dispensés par les autres détenus, et les rendez-vous « à la barrière » pour discuter avec les gars du Camp P1. C’est là qu’Odette et Guy se rencontrent. Il joue de l’harmonica, il écrit des poèmes.
Après l’attentat de Nantes, le 20 octobre, elle assiste à la mise à l’écart de la baraque 19, et du départ des 27 Otages. Parmi les fusillés, son amoureux Guy qui lui écrit un dernier petit mot. La jeune femme découvre en même temps l’amour et la mort. Odette survit à la guerre et est toujours en vie. Elle est aujourd’hui âgée de 98 ans.
Guy Môquet, jeune héros de la Résistance française (1924-1941)

Guy Môquet, jeune héros de la Résistance française (1924-1941)

Le 22 octobre 1941, Guy Môquet était fusillé à l’âge de 17 ans, dans un simulacre de procès visant à punir les premières lueurs de la Résistance française. Il fait partie des 48 résistants retenus en otages à être exécutés sommairement par Hitler, pour punir un attentat perpétré à Nantes contre un officier nazi.

Ce 22 septembre 1941, il y a 80 ans, cela fait un an et trois mois que l’Allemagne a défait la France en Juin 1940. Le pays est divisé en deux zones suite à l’armistice du 22 juin. L’une « occupée » au nord par les Nazis et l’autre « libre » sous l’occupation du gouvernement de Vichy dirigée par le maréchal Pétain.

Alors que le 18 juin 1940, le général de Gaulle appelle solennellement à la Résistance contre l’occupant, la France, exsangue, est profondément divisée par l’attitude à adopter face à une Allemagne impétueuse depuis les accords de Munich (1938) et le fameux pacte de non agression germano-soviétique (août 1939). La France est plus que jamais déchirée entre ceux qui veulent la paix et ceux qui veulent résister et continuer le combat.

Dépasser les clivages : résister au nom de la défense nationale

Les deux années qui nous concernent (1940-1941) et durant lesquelles Guy Môquet s’engage dans la Résistance, sont fortement marquées par les enjeux du pacte de non agression germano-soviétique, qui traduisent les positions troubles du parti communiste vis-a-vis de l’Allemagne.

En dépit des clivages idéologiques qui rongent le pays, le sentiment de défense nationale conduit la France à résister avant tout au nom de l’unité nationale. Militant communiste, Guy Môquet fait partie de ces nombreux jeunes du Parti à songer à l’organisation de la Résistance bien avant que n’advienne la rupture du pacte germano-soviétique, le 22 juin 1941, qui voit l’Allemagne s’attaquer à l’URSS dans le cadre de l’opération Barbossa. Bien que ce soit véritablement à ce moment-là que le Parti communiste songe plus activement à l’action violente envers les officiers allemands, Guy Môquet figure, lui, parmi les premiers résistants jeunes communistes à se constituer en force clandestine face aux nazis, distribuant des tracts, et entreprenant des opérations de sabotage.

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Comment Guy Môquet, résistant fusillé par les Allemands il y a 80 ans, a été arrêté à Paris

Comment Guy Môquet, résistant fusillé par les Allemands il y a 80 ans, a été arrêté à Paris

Guy Môquet est une figure centrale de l’histoire de la Résistance française. Fusillé le 22 octobre 1941 par les Allemands à Châteaubriant (Loire), il avait été arrêté à Paris.

Si la Résistance française à l’occupant allemand devait avoir un visage, ce pourrait être celui de Guy Môquet. Arrêté à Paris, l’adolescent de 17 ans a été fusillé il y a 80 ans, le 22 octobre 1941, avec 26 autres résistants à Châteaubriant (Loire-Atlantique).

Défenseur de son père, député communiste déporté en Algérie

La mort de Guy Môquet aura été, comme son engagement politique, précoce. Né dans le 18ème arrondissement, il est le fils de Prospet Môquet, cheminot et député communiste du 17ème. Voyant son père être interpellé en octobre 1939, puis déporté en Algérie, Guy se mobilise. Déjà militant au lycée Carnot où il étudiait, il a redoublé d’efforts.

Après avoir sollicité le gouvernement français responsable de l’arrestation de son père, Guy Môquet passe à l’opposition à l’occupant allemand. À seulement 16 ans, il colle des affiches et distribue des tracts à l’été 1940. Ces documents réclament la libération du « député des Épinettes », dénoncent l’occupation ou ciblent « la dictature de Laval ».

Incarcéré à la prison de la Santé puis à Clairvaux

Guy Môquet a été arrêté après une dénonciation le 13 octobre 1940, en gare de l’Est, par des policiers français. D’autres militants arrêtés passent aux aveux et l’accusent d’être parmi les colleurs de tracts, ce que l’adolescent nie. Jugé en janvier 1941, il est acquitté mais il sera emprisonné, après avis des Renseignements généraux, à la Santé puis à Clairvaux.

En mai 1941, Guy Môquet est transféré dans un camp d’internement de Châteaubriant, avec d’autres militants communistes. Leur destin va basculer le 20 octobre 1941, avec l’assassinat du commandant des troupes d’occupation de la Loire, par un commando communiste. En représailles, les Allemands ordonnent l’exécution de 48 otages. Le choix des fusillés a été facilité par le gouvernement de Vichy, qui a fourni une liste de communistes.

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Lecture

Lecture

#VendrediLecture

Dernière lecture que je vous conseille, cet ouvrage passionnant et éclairant de l’historien Laurent Joly, spécialiste de la Shoah. Omniprésente dans l’imaginaire lié à la France des années noires, la délation contre les juifs n’avait pourtant jamais fait l’objet d’une enquête approfondie.
Croisant approche institutionnelle et études de cas individuels, il examine tour à tour le rôle de la dénonciation dans les pratiques du commissariat général aux Questions juives, de la Gestapo, de la préfecture de Police et du journal Au Pilori. Ayant mis au jour les archives judiciaires concernant les quelque 240 Parisiens jugés, après la guerre, pour dénonciation de juifs sous l’Occupation, Laurent Joly interroge la figure du délateur, décrypte sa mentalité, ses mobiles, ses justifications. À partir de correspondances privées inédites, il fait également revivre le destin de victimes, telle Annette Zelman, dénoncée à la Gestapo par les parents de son fiancé non juif et déportée en juin 1942.
La délation contre les juifs n’est pas ce phénomène de masse que l’on imagine communément. Instrument de la politique génocidaire des nazis, elle n’en a pas moins provoqué la mort de plusieurs milliers de femmes, hommes et enfants.

Dévoilement d’une plaque en hommage à Paulette Sarcey

Dévoilement d’une plaque en hommage à Paulette Sarcey

DEVOILEMENT D’UNE PLAQUE EN HOMMAGE à PAULETTE SARCEY
« C’est avec beaucoup d’émotion que notre association MRJ-MOI s’associe à l’hommage qui sera rendu à notre chère amie Paulette Sarcey, membre de MRJ-MOI, décédée le 4 mai 2020, au cours du dévoilement* d’une plaque en sa mémoire. En raison des conditions sanitaires nous n’avions pas pu lui rendre hommage.
La cérémonie se déroulera le 3 novembre 2021 à 9H45
au 165 rue Pelleport dans le 20ème arrondissement de Paris.
Concert de la liberté !

Concert de la liberté !

Sous le haut patronage de Monsieur le Président de la République
Concert donné au profit des actions historiques et éducatives de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
Jeudi 18 novembre 2021 à 20 heures
à l’Oratoire du Louvre Paris 1er
avec la participation exceptionnelle de Caroline Silhol et de Franck Ferrand et le concours de l’Orchestre à cordes de la Garde Républicaine, Lucile Dollat organiste et Evann Loget-Raymond contre-ténor.
Au programme/ Oeuvres baroques de Bach, Haendel, Purcell et Rameau.
Concert donné au profit des actions historiques et éducatives de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
Deux livres exceptionnels publiés cet automne

Deux livres exceptionnels publiés cet automne

Deux livres exceptionnels publiés cet automne (et lus en cette fin de vacances) : « Et les juifs bulgares furent sauvés… » de Nadège Ragaru ; « Un pays de barbelés » de Vladimir Pozner.
Le premier propose une « histoire des savoirs sur la Shoah en Bulgarie », des procès contre les auteurs présumés de crimes antijuifs initiés dès septembre 1944 jusqu’aux récents contentieux mémoriels entre la Bulgarie et la Macédoine autour des quelque 7000 victimes de la Shoah en Macédoine. Documentation vertigineuse (l’auteure maîtrise à la perfection une demi-douzaine de langues), finesse d’analyse, virtuosité d’écriture, Nadège Ragaru a écrit un grand livre, riche en réflexions multiples dépassant le cas bulgare – et éclairant, en creux, sur nombre de points (l’épuration, la polarisation sur le sauvetage des juifs nationaux, etc.), le cas français.
Magnifique objet, comme toujours chez Claire Paulhan Editions, « Un pays de barbelés. Dans les camps de réfugiés espagnols en France, 1939 » est une œuvre posthume de l’écrivain Vladimir Pozner (1905-1992), conçue par un afficionado docteur en littérature française, Alexis Buffet, à partir des archives Pozner. Le résultat est fabuleux. On y trouve une série de photographies bouleversantes de la « Retirada » commentées par Pozner, des lettres écrites par le militant-écrivain alors qu’il occupait, de Perpignan, les fonctions de délégué du Comité d’accueil aux intellectuels espagnols, et surtout son carnet de notes de l’époque (mars-mai 1939) et ses reportages les plus puissants sur le drame des réfugiés espagnols. Un document de tout premier ordre, formidablement vivant.