Témoignage de Marie-Claude Vaillant Couturier

Témoignage de Marie-Claude Vaillant Couturier

Le 28 janvier 1946 Marie-Claude Vaillant Couturier (31 685), témoignera au procès de Nuremberg, quelques mois après son ouverture. Elle est interrogée par Charles Dubost, un procureur français présent au procès de Nuremberg.
Voici quelques extraits de son témoignage :
M. Dubost: Vous faisiez partie d’un convoi?
Mme V-C: Je faisais partie d’un convoi de 230 françaises. Il y avait parmi nous Danielle Casanova qui est morte à Auschwitz, Maï Politzer, qui est morte à Auschwitz, Hélène Salomon. Il y avait de vieilles femmes…
M. Dubost: Quelle était leur condition sociale ?
Mme V-C : Des intellectuelles, des institutrices, un peu de toutes les conditions sociales. Maï Politzer était médecin; elle était la femme du philosophe Georges Politzer. Hélène Salomon est la femme du physicien Salomon ; c’est la fille du professeur Langevin. Danielle Casanova était chirurgien-dentiste et elle avait une grande activité parmi les femmes; c’est elle qui a monté un mouvement de résistance parmi les femmes de prisonniers.
M. Dubost: Combien êtes-vous revenues sur 230 ?
Mme V-C: 49. Il y avait dans le transport, de vieilles femmes; entre autres, je me souviens d’une de 67 ans, arrêtée pour avoir eu dans sa cuisine le fusil de chasse de son mari, qu’elle gardait en souvenir et qu’elle n’avait pas déclaré pour qu’on ne le lui prenne pas. Elle est morte au bout de 15 jours à Auschwitz.
Le Président: Vous avez dit que seulement 49 étaient revenues. Voulez-vous dire que seulement 49 sont arrivées à Auschwitz ?
Mme V-C: Non, seulement 49 sont revenues en France.
Il y avait également des infirmes, en particulier une chanteuse qui n’avait qu’une jambe. Elle a été sélectionnée et gazée à Auschwitz.
Il y avait aussi une jeune fille de 16 ans, une élève de lycée, Claudine Guérin. Elle est morte également à Auschwitz.
Il y avait aussi deux femmes qui avaient été acquittées par le Tribunal militaire allemand; elles s’appellent Marie Alonzo et Marie-Thérèse Fleuri; elles sont mortes à Auschwitz.
Le voyage était extrêmement pénible, car nous étions 60 par wagon et l’on ne nous a pas distribué de nourriture ni de boissons pendant le trajet. Comme nous demandions aux arrêts aux soldats lorrains enrôlés dans la Wehrmacht qui nous gardaient si l’on arrivait bientôt, ils nous ont répondu: « Si vous saviez où vous allez, vous ne seriez pas pressées d’arriver ». Nous sommes arrivées à Auschwitz au petit jour. On a déplombé nos wagons et on nous a fait sortir à coups de crosses pour nous conduire au camp de Birkenau, qui est une dépendance du camp d’Auschwitz, dans une immense plaine qui, au mois de janvier, était glacée. Nous avons fait le trajet en tirant nos bagages. Nous sentions tellement qu’il y avait peu de chance d’en ressortir – car nous avions déjà rencontré les colonnes squelettiques qui se dirigeaient au travail – qu’en passant le porche, nous avons chanté la Marseillaise pour nous donner du courage.
On nous a conduites dans une grande barraque, puis à la désinfection. Là, on nous a rasé la tête et on nous a tatoué sur l’avant-bras gauche le numéro de matricule. Ensuite, on nous a mises dans une grande pièce pour prendre un bain de vapeur et une douche glacée. Tout celà se passait en présence des SS, hommes et femmes, bien que nous soyons nues. Après, on nous a remis des vêtements souillés et déchirés, une robe de coton et une jaquette pareille.
Pour lire le témoignage intégral de Marie-Claude Vaillant-Couturier (31685) : http://www.fndirp.fr/index…/temoignage-mc-vc-nuremberg.pdf
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