Hommage à Jules Fuzellier

Hommage à Jules Fuzellier

Jules Fuzellier, militant de la CGT, maire communiste de Joigny sur Meuse, résistant, arrêté par la police de Vichy, fusillé par les nazis le 14 février 1942. 80 ans jour pour jour après son assassinat, en présence de sa famille, de syndicalistes, de militants politiques et de nombreux citoyens et citoyennes, hommage lui a été rendu par la CGT, le PCF et le maire de Joigny.

René-Pierre Colinet, historien local, entretient la mémoire de l’action de Jules Fuzellier. – Photo Karen Kubena.

La mémoire de Jules Fuzellier semble sonner de plus en plus creux à Joigny-sur-Meuse, au sein du village qui l’a vu naître au début du siècle dernier. Il en fut pourtant le maire, de 1935 à 1939, avant d’être destitué par les Allemands, puis fusillé en 1942 à titre d’exemple après avoir intégré la Résistance française.

« Mais aujourd’hui, persifle René-Pierre Colinet, historien local et Jovignien, il n’est plus que le gars qui a son portrait affiché sur le perron de la mairie… »

C’est à la fois inexact, mais aussi criant de vérité, car au-delà des quelques noms de rues de villes et villages environnants qui perpétuent son existence et celle de son combat, il ne reste plus grand-chose du héros qu’il fut pour sa ville et les Ardennes. Même l’orthographe de son nom, entaché d’une faute, n’a jamais été réhabilité. Fuzellier s’écrit avec deux « L », et non un seul.

Cet enfant de l’Ardenne, né en juillet 1901, était un homme de gauche et un homme du peuple. Fils d’ajusteur, forgeron, il n’avait en poche qu’un simple certificat d’études primaires. « Ce qui ne l’empêchait pas d’être un garçon intelligent », selon René-Pierre Colinet.

Dénoncé et arrêté dans les Ardennes

Sa conscience politique, qui est aussi une conscience de classe, le conduit très vite à adhérer à la CGTU, une branche communiste de la Confédération générale du travail. Il rejoint cinq ans plus tard, en 1926, le Parti communiste français (PCF). Sa relation avec Henriette Gérard, son épouse, ne l’empêche en rien de s’engager au point de siéger au comité national de la fédération des métaux de la CGTU.

En représailles aux attentats commis sur des soldats allemands par la Résistance, il est exécuté comme otage le 14 février 1942

« C’était un ouvrier cultivé, un gars qui a vite été repéré pour son militantisme. C’est la génération Maurice Thorez  », avance l’historien. Maurice Thorez, lui l’ancien ministre, ex député, mais surtout le secrétaire général du Parti communiste français pendant trente ans et la période du Front Populaire.

Quelques rues portent son nom et mentionnent l’horreur qu’il a subie.
Quelques rues portent son nom et mentionnent l’horreur qu’il a subie.

C’est dans ce contexte de progrès social et de revendications courageuses qu’il prend du galon politique. La circonscription de Vouziers lui échappe en 1932 et 1936. Ça ne l’empêche pas, parallèlement, de participer à la marche de la faim de février 1935 et de devenir maire de Joigny-sur-Meuse trois mois plus tard. Fidèle de Thorez, et de la ligne dictée par Staline depuis l’URSS, il approuve le Pacte germano-soviétique en 1939. Comme tous les communistes, il est déchu de son mandat en janvier 1940 par le régime de Daladier. Il en était d’ailleurs un farouche opposant.

Le jour de son inhumation, en 1946, la foule s’était déplacée.

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