Opération Boléro-Paprika : quand la France expulsait ses Résistants espagnols
En 1950, la France arrêtait 288 résistants étrangers, dont 177 Espagnols, surtout à Toulouse et en Occitanie, et les expulsait en Corse, en Algérie et dans les pays de l’Est. La Région vient de voter un vœu réclamant « justice, réparation et gratitude envers ces Espagnols résistants FFI ».
« Opération Bolero Paprika ». C’est le curieux nom de code de la rafle policière organisée, cinq ans après la Libération, pour arrêter, surtout en région toulousaine, des Résistants étrangers qui avaient lutté, avaient été blessés ou emprisonnés, à Saint-Michel à Toulouse, notamment. « Boléro » visait les Espagnols, « Paprika », les ressortissants d’Europe de l’Est (*).
Banco pour Franco
Le gouvernement français déclenchait l’opération le 7 septembre 1950, sur fond de guerre froide et sous la pression de Franco. 288 résistants étrangers étaient arrêtés, qui avaient combattu pour la libération de la France, dont 177 Espagnols, accusés surtout d’être communistes, alors qu’il y avait aussi nombre de républicains, socialistes et anarchistes. 61 furent envoyés en Corse, 84 en Algérie (encore française), 32 vers les frontières de l’Est. Ils y restèrent des années. Certains ne sont jamais revenus en France métropolitaine. Peu avant la rafle, le gouvernement avait dissous diverses organisations de l’exil républicain espagnol (Parti Communiste d’Espagne, Parti Socialiste Unifié de Catalogne, Parti Communiste d’Euskadi) et interdit leurs publications. Cette répression choquante, lancée par un gouvernement de centre gauche présidé par René Pleven (UDSR), suscita de nombreuses manifestations d’indignation.