Hommage à Cécile Rol-Tanguy

Hommage à Cécile Rol-Tanguy

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Hommage à Cécile Rol-Tanguy

Cécile Rol-Tanguy est décédée le 8 mai 2020 à l’âge de 101 ans. Avec elle disparaît une des dernières figures de la Résistance intérieure française.

En accord avec sa famille, la Ville lui a rendu un dernier hommage, au passage du convoi funéraire. Ses funérailles ont eu lieu dans l’intimité familiale.

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Communiqué du maire, Marc Gricourt

C’est avec une profonde émotion que nous avons appris, dans un jour si particulier qu’est la commémoration des 75 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, la disparition, de Cécile Rol-Tanguy à l’âge de 101 ans, héroïne de la Résistance et de la Libération, dont l’action restera un exemple de dévouement à la cause de la Liberté.

Alors que l’engagement des femmes dans la Résistance française fut longtemps occulté, de nombreuses héroïnes de l’ombre, qui ont refusé l’Occupation, ont joué un rôle décisif dans le combat contre Vichy et l’occupant nazi. Cécile Rol-Tanguy en est le parfait exemple.

Porteuse des plus hautes distinctions de la République, elle a, tout au long des quatre années d’Occupation, occupé le rôle d’agent de liaison en transportant des armes, des messages et des tracts. Elle a notamment tapé l’ordre de l’insurrection parisienne dicté par son mari, Henri Rol-Tanguy devenu le chef militaire des Forces Françaises de l’Intérieur d’Île-de-France, et qui aboutira huit jours plus tard à la Libération de la capitale.

Tout au long de sa vie, Cécile Rol-Tanguy a tenu à faire vivre la mémoire de la Résistance tout en s’investissant dans d’autres combats tels que militer en faveur de la paix, de la liberté, des droits des femmes en s’opposant à toute forme d’intolérance.

Blois a eu le plaisir et l’honneur de l’accueillir en voisine à plusieurs occasions notamment lors de l’inauguration de lieu portant le nom de personnages emblématiques de la Résistance tels que la place Rol-Tanguy le 7 septembre 2008, le mail Pierre-Sudreau et la promenade Mendès-France le 6 septembre 2009 ainsi qu’à la cérémonie d’obsèques de Pierre Sudreau le 28 janvier 2012.

Mes pensées vont aujourd’hui à l’ensemble de sa famille et je tiens à leur adresser en mon nom et au nom du conseil municipal de Blois mes plus sincères condoléances.

Communiqué de la famille Rol-Tanguy

Cécile Rol-Tanguy est décédée ce jour 8 mai 2020 à 12 h 10, à son domicile de Monteaux (Loir-et-Cher), à l’âge de 101 ans. Avec elle disparaît une des dernières figures de la Résistance intérieure française et plus précisément de la Libération de Paris en août 1944.

Porteuse des plus hautes distinctions de la République (grand officier de la Légion d’honneur, grand croix dans l’ordre national du Mérite, médaille de la Résistance, croix du combattant volontaire de la Résistance), elle était emblématique de la place de femmes dans le combat contre Vichy et l’occupant nazi. Cécile Rol-Tanguy soulignait toujours qu’elle n’acceptait ces décorations qu’en hommage à toutes les femmes de l’ombre, rouages indispensables de la lutte clandestine. Aux déportées, aux internées, à toutes celles assassinées par l’ennemi et pourtant si souvent oubliées à l’heure de la victoire. À toutes les femmes qui, comme elle, une fois la guerre terminée, reprirent simplement leur place dans la vie quotidienne de leur famille et du pays.

Née Cécile Le Bihan le 10 avril 1919, elle était la fille unique de François Le Bihan, ouvrier électricien, militant du Parti communiste français depuis sa création en 1920 et dirigeant syndical de la CGT, déporté-résistant mort à Auschwitz en 1943 et de Germaine Jaganet, femme au foyer et résistante, elle aussi.

L’engagement de Cécile Rol-Tanguy date de 1936, du Front populaire et de la guerre d’Espagne. C’est au syndicat des métaux CGT de Paris, où elle est employée, qu’elle rencontre Henri Tanguy, dirigeant des métallos parisiens, combattant volontaire dans les Brigades internationales aux côtés de la République espagnole attaquée par Franco. Ils se marient en 1939, juste avant la guerre durant laquelle il est mobilisé en première ligne.

Dès la fin juin 1940, alors qu’elle vient de perdre leur premier enfant, Françoise, le jour de l’entrée de la Wehrmacht dans Paris, elle rejoint ce qui deviendra la Résistance. Elle tape des tracts, des journaux syndicaux et autres documents illégaux de la CGT interdite et travaille pour les avocats communistes qui défendent les premiers emprisonnées du régime de Vichy.

Le 18 août 1940, elle accueille Henri Tanguy à Paris, tout juste démobilisé. Le jour même, elle le met en contact avec les cadres clandestins de la CGT. Quatre ans plus tard, jour pour jour, elle tapera l’ordre de l’insurrection parisienne que son mari — devenu le colonel Rol, chef militaire régional des FFI de l’Île de France — lui dictera à l’aube de la semaine insurrectionnelle victorieuse de la capitale. Entre temps, le couple a plongé dans la clandestinité dès octobre 1940. Elle vivra alors, aux côtés de son époux dont elle est l’agent de liaison, la vie clandestine des résistants. Elle donnera aussi le jour — en mai 1941 et novembre 1943 — à deux enfants, Hélène et Jean.

Elle participera à la semaine insurrectionnelle de Paris du 19 au 26 août 1944, au cœur de la décision et de l’action, dans le PC souterrain du colonel Rol, sous la place Denfert-Rochereau. Elle sera la seule femme présente quand le général De Gaulle recevra l’état-major des FFI d’Île-de-France, le 26 août 1944 à l’Hôtel de Ville. Cécile et Henri Rol-Tanguy, avec Lucie et Raymond Aubrac, resteront comme les deux couples symboles de la Résistance intérieure française. Après-guerre, elle donnera naissance à deux autres enfants, Claire (1946) et Francis (1953) et demeurera l’indispensable collaboratrice de son mari.

Jusqu’à son dernier souffle, Cécile Rol-Tanguy témoignera de sa fidélité à l’utopie généreuse du communisme, à ses engagements de jeunesse pour la justice sociale et l’émancipation des femmes.

À la suite de son mari, décédé en 2002, Cécile était également présidente de l’Anacr (association nationale des Anciens combattants de la Résistance) et présidente d’honneur de l’Acer/Aver (amis des combattants en Espagne républicaine/amicale des volontaires en Espagne républicaine). Jusqu’en 2014, elle animera régulièrement des échanges sur la Résistance avec des collégiens et lycéens. Enfin, en août 2019, elle assistera aux cérémonies du 75e anniversaire de la Libération de Paris.

Monteaux, le 8 mai 2020

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