“Tahar Ibtatène, dit Tintin” de Lyazid Benhami Le fabuleux destin d’un héros de guerre

“Tahar Ibtatène, dit Tintin” de Lyazid Benhami Le fabuleux destin d’un héros de guerre

“Tintin” s’est engagé lors des principales guerres du XXe siècle contre des systèmes oppresseurs. Chaque page, chaque document lève le voile sur une vie d’exception qui laisse imaginer qu’elle fut encore plus exceptionnelle.

Quel destin fabuleux que celui de Tahar Ibtatène ! Né en 1909 dans les montagnes de Kabylie, arrivé en France en 1924, il passe le reste de sa vie à Paris. Le livre que Lyazid Benhami lui consacre nous fait découvrir, avec un mélange d’émerveillement et d’admiration, la personnalité et le parcours de cet homme que rien ne semblait vouer à un destin aussi exceptionnel. Le jeune homme besogneux menait une vie normale à Paris.

Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale va bouleverser son existence tranquille. Étant d’esprit libre et opposé à toutes formes d’oppression, il ne tarda pas à s’engager dans la lutte contre le nazisme en rejoignant la Résistance française, plus précisément les services secrets du général de Gaulle qui dirigeait la Résistance à partir de Londres.

Grâce  à  son  intelligence  et  à sa  discipline,  il  devient  un  agent  secret  au BCRA, l’ancêtre de la DST, où  il  fut surnommé “Tintin” et  où  il  eut  à  son actif des faits héroïques de premier plan. Tahar Ibtatène dit “Tintin” avait infiltré les  services  de  renseignement  allemands,  puis  ceux de Vichy.  Il  fut tellement discret et efficace qu’à la Libération, certains le taxèrent de “collabo” avant que son véritable rôle d’agent secret ne soit dévoilé à tout le monde.

Après la guerre, il reprit une vie normale en travaillant comme restaurateur à Paris. Les évènements de 1945 en Algérie l’ont bouleversé, et c’est tout naturellement qu’il s’engage pour l’indépendance de son pays en 1954.

“Comment lui, le combattant volontaire pour la liberté et contre l’occupation allemande, pourrait-il, en 1954, rester insensible au désir d’émancipation et d’indépendance légitime de ses frères algériens ?”, écrit Nils Anderson dans la préface. Au déclenchement de la guerre d’Algérie, il prit à nouveau ses responsabilités en rejoignant le FLN, sans jamais perdre espoir que de Gaulle, s’il revenait aux affaires, pouvait contribuer à l’ouverture d’une voie pour l’indépendance de l’Algérie.

Il pensait qu’“il était le seul homme politique français à pouvoir contrer le lobby colonial, les militaires factieux et l’OAS coalisés, à imposer l’indépendance de l’Algérie”. Sa conviction se renforça après le putsch d’Alger en 1958. Pour lui, la suite des évènements a conforté ses certitudes puisque “la lucidité politique de Gaulle l’a amené aux négociations et aux accords d’Évian”.

Après 1962, Tahar Ibtatène reste en Algérie, mais pas pour longtemps : affairisme, corruption… La désillusion était grande, “ce n’est pas ce dont la Révolution était porteuse”. Il quitte l’Algérie pour de bon. Il tient un restaurant dans le 18e arrondissement de Paris où se croisent des hommes politiques et des intellectuels, jusqu’à sa fermeture pour rénovation du quartier.

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