L’artiste C215 rend hommage aux résistants communistes
En partenariat avec le street artiste, l’Humanité met à disposition de ses lecteurs, pendant cinq semaines, des reproductions de ses portraits de résistants. Guy Môquet, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Gabriel Péri, Martha Desrumaux et Missak Manouchian, une sélection opérée parmi treize portraits dessinés sur des originaux de unes de l’Humanité clandestine datant de 1944, laquelle comprend donc également les portraits de Danielle Casanova, Jacques Decour, Maïe Politzer, Tony Bloncourt, Elsa Triolet, Jean-Pierre Timbaud, Pierre Georges (Colonel Fabien) et Paulin Coutelas.
Comment est né ce projet de mettre en lumière ces héros et héroïnes issus du mouvement ouvrier ? Qu’est-ce qui anime les œuvres de l’artiste ? Avec sa bombe et son spray, il a donné de la couleur aux murs gris des banlieues. Et un nouveau souffle au street art. Christian Guémy, alias C215, est né à Bondy (Seine-Saint-Denis) en 1973. Après avoir été élevé en province par ses grands-parents, il revient à Paris étudier l’histoire de l’art, l’économie et les langues. Il se lance dans l’art de la rue en 2016, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), dont il contribue à faire la capitale française du street art. Artiste polyvalent, engagé et humaniste, C215 mène des projets à foison depuis son atelier d’Ivry-sur-Seine, avec toujours à cœur de mettre son talent au service des opprimés. Rencontre avec le street artiste.
Parution de « La Lettre du Mont-Valérien » N°19
Exposition de 13 portraits de résistantes et de résistants communistes
QUAND CHARLES DENNER ETAIT MAQUISARD DANS LE VERCORS
Prix du Concours de la meilleure photographie d’un lieu de mémoire
Le premier prix du Concours de la meilleure photographie d’un lieu de mémoire a été décerné à Justine CHEVILLARD, élève de troisième au collège Henri de Navarre à Nérac (Lot-et-Garonne) pour son cliché pris du camp de concentration de Vught-Hertogenbosch
Dans ce camp de concentration nazi situé au sud des Pays-Bas ont été internés plus de 30 000 prisonniers entre janvier 1943 et septembre 1944, dont des Juifs, des Tsiganes, des homosexuels et des résistants.
Cette candidate a accompagné sa création de réflexions que lui inspira ce lieu mais surtout d’un poème traduisant son émotion dans ce camp de concentration.
« Le cliché représente une double barrière de barbelés, électrifiés pendant la guerre, séparée par un fossé où se reflètent trois miradors. Plus à gauche se trouve une baraque de prisonniers. Autant de vestiges qui témoignent encore aujourd’hui d’une lourde impression d’enfermement et de privation de liberté. J’ai souhaité donner un effet sépia à ma photographie pour rehausser l’intensité du lieu et exprimer un caractère d’éternité comme si le temps s’y était figé, avec l’objectif de faire ressentir à chacun la nécessité de ne pas oublier les crimes atroces qui s’y sont déroulés. Quand je regarde cette photographie, je ne cesse ainsi de penser à ce millier d’enfants passés par Vught avant d’être exterminés à Sobibor, à ces 70 femmes enfermées dans une cellule de 9 mètres carrés sans ventilation(*), à ces 749 prisonniers qui y sont morts. Pourquoi cette haine ? Une question et des sentiments qui m’ont inspiré ce poème. »
Pourquoi cette haine ?
Ici, je la ressens partout,
Tout autour de nous cette haine.
Emprisonné depuis 20 jours
Cette haine me fait de la peine.
Je suis juif, j’ai 10 ans,
Je demande à maman
Pourquoi cette haine ?
Elle non plus ne sait pas
D’où vient-elle cette haine ?
Ça changera, dit-elle
Et je m’endors dans ses bras.
Toute la journée cette haine
Dans les yeux de ces criminels
Diaboliques comme Himmler,
Tyranniques comme Hitler.
Chaque jour ce ciel bleu,
Et cet horizon noir.
Me voient-ils mes aïeux
Derrière ce crématoire ?
La Mort va-t-elle nous prendre
Dans ses bras par centaines
Nous ôtant cette haine
Où nous laisser attendre ?
Je vois bien une obscure clarté
Dans le regard des prisonniers
Mélange de haine et d’espoir
Et la liberté la revoir.
Pourquoi ?
Pourquoi cette haine ?
(*) Le drame du bunker a eu lieu du 15 au 16 janvier 1944. Alors que plusieurs femmes ont montré leur solidarité envers une des codétenues, le commandant du camp décide d’en enfermer le plus possible dans une cellule. Au total 74 femmes sont ainsi emprisonnées dans une cellule de 9 m2. Pendant quatorze heures, elles restent ainsi entassées manquant rapidement d’oxygène. Lorsque la cellule est ouverte, dix femmes sont retrouvées mortes.
plus d’info sur le concours : https://www.fondationresistance.org/…/concours_p.htm
Héros de la résistance à Dechy, Zygmunt Wlodarczyk n’est plu
Le Caporal-Chef Zygmunt Wlodarczyk, commandant de la deuxième section de réserve de l’armée polonaise et résistant en France pendant l’Occupation s’est éteint le 5 novembre dernier, en Pologne. Zygmunt Wlodarzyk est né en France et a vécu son enfance dans la Cité de la Croix de Pierre à Dechy.
Hommage national à Daniel Cordier : « Il était le patron de mémoire de l’Ordre de la Libération »
Comment faire perdurer la mémoire de la Résistance ? C’est le travail de Lionel Boucher, secrétaire de la Commission nationale de la médaille de la Résistance française, qui recueille au quotidien les témoignages des anciens résistants encore en vie.
Recueillir et transmettre. Telles sont les missions de Lionel Boucher, secrétaire de la Commission nationale de la médaille de la Résistance française, décernée à plus de 65 000 résistants, après-guerre. Moins connue que sa grande sœur, la Croix de la Libération, cette décoration est toujours décernée à titre posthume.
Daniel Cordier, mort à 100 ans vendredi 20 novembre et dont l’hommage national a lieu jeudi 26 novembre, était l’un des deux derniers Compagnons de la Libération encore en vie et chancelier d’honneur de l’Ordre de la Libération. Au fil des ans, il est parfois difficile de recueillir le témoignage et entretenir la mémoire de ceux qui ont vécu ces heures cruciales pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est précisément le travail de Lionel Boucher, qui détaille auprès de franceinfo ses méthodes pour connaître chaque jour un peu plus ces résistants qui ont façonné l’histoire du pays.
Franceinfo : Daniel Cordier s’est éteint vendredi dernier. Il était l’un des deux derniers Compagnons de la Libération encore en vie. Que représentait-il pour vous ?
Lionel Boucher : J’ai eu la chance de le côtoyer, car il était le chancelier d’honneur de l’Ordre de la Libération depuis octobre 2017 et la mort de son prédécesseur, le chancelier Fred Moore. Daniel Cordier était notre représentant officiel, l’emblème des Compagnons et de la Résistance encore en vie. Notre patron de mémoire, en quelque sorte. Depuis sa création, l’Ordre de la Libération a toujours eu un Compagnon de la Libération à sa tête. Le prochain sera très certainement Hubert Germain, le dernier Compagnon encore en vie.
Nous sommes à la fin de l’année 2020, il ne reste plus qu’une centaine de médaillés de la Résistance encore en vie. Comment entretenez-vous leur mémoire ?
Pour l’entretenir, nous avons beaucoup travaillé avec les Compagnons de la Libération française par le passé. Le travail est désormais en cours avec les médaillés de la Résistance. Mon rôle est de faire connaître au monde entier les parcours de ces héros de la Résistance. Cela consiste à étoffer leurs dossiers et lancer des études scientifiques pour les faire connaître au plus grand nombre au sein du musée de l’Ordre de la Libération.
DISPARITION DE MAURICE CLING, UN ENFANT À AUSCHWITZ !
DÉCÈS DE DANIEL CORDIER, COMMUNIQUE DU CPL
Le Comité Parisien de Libération s’incline avec un grand respect et un profond chagrin devant la
dépouille de Daniel Cordier, décédé le 20 novembre. Compagnon de la Libération, Officier de la
France libre, il sera le secrétaire de jean Moulin, unificateur de la résistance intérieure et fondateur
du Conseil National de la Résistance. Du tout premier jour du combat libérateur et jusqu’à son
dernier souffle, Daniel Cordier demeurera le symbole de l’engagement et de l’honneur de la
Résistance française, de la fusion de la France Libre et de la Résistance intérieure.
D’autres que nous diront la singularité du parcours de ce jeune homme, antisémite assumé et
admirateur de Pétain dont il rejettera immédiatement la trahison et au prix d’une douloureuse
réflexion personnelle le fera s’engager dans la lutte pour le retour de la démocratie et la
République. Il deviendra un rouage décisif du combat contre l’ennemi nazi, la collaboration et le
régime de Vichy.
Le Comité Parisien de la Libération, coordinateur de la Journée Nationale de la Résistance à Paris ,
gardera précieusement le souvenir de la participation de Daniel Cordier à la cérémonie du 27 mai
2018, rue du Four, hommage à la première réunion du CNR, en 1943. Entouré d’élèves d’écoles
parisiennes, et de lycéen-ne-s, Ce jour, il sut, malgré son grand âge, leur faire partager les leçons
toujours d’actualité de son engagement indéfectiblement républicain. Ce dialogue aussi amical
qu’animé lui avait aussi permis de mettre au premier plan l’exigence culturelle qu’il considérait
comme un des piliers de notre démocratie.
Le CPL appelle à lire et faire lire les ouvrages de Daniel Cordier, écrivain et historien de la
Résistance française et de l’engagement humaniste universel. C’est le moyen le plus fécond de
poursuivre son combat et de l’accompagner dans son éternité.
Paris le 21 novembre 2020