Années 30 : la tenniswoman Simonne Mathieu, de la résilience sportive à la Résistance active
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Héritière de Suzanne-Lenglen sans en atteindre la célébrité, elle abandonna sa carrière en 1939 pour rejoindre De Gaulle et fonder l’unité des Auxiliaires féminine de l’armée de terre. Depuis cette année, un court de Roland-Garros porte son nom.
Chaque samedi avec RetroNews, le site de presse de la BNF, retour sur une histoire de sport telle que l’a racontée la presse française de l’époque. Ce samedi, alors que l’équipe de France féminine de tennis dispute la finale de la Fed Cup : Simonne Mathieu.
Du tennis féminin français de l’entre-deux-guerres, on n’a longtemps retenu que Suzanne Lenglen et pas celle qui lui a succédé, si ce n’est dans les cœurs, au moins sur les courts. De la divine, Simonne Mathieu ne possédait ni la grâce aérienne, ni le jeu tout en variations, ni le sens du contact que ce soit avec la balle ou avec la presse. A Match du 14 octobre 1930, elle répond d’ailleurs en préambule : «Vous voulez m’interviewer ? Eh bien, j’en profiterai d’abord pour vous dire qu’en plusieurs occasions les journalistes n’ont pas été gentils pour nous, faibles femmes…»
A l’époque, Simonne (un double n qui viendrait de l’étourderie d’un agent de l’état-civil) Mathieu trône déjà sur le tennis féminin hexagonal depuis deux ans et le passage chez les professionnelles de Suzanne Lenglen. Elle n’est pas née une raquette à la main mais une cuillère en argent dans la bouche. Fille d’un banquier de Neuilly-sur-Seine, elle voit le jour en 1908. Elle a commencé le tennis à 12 ans après qu’un médecin, la jugeant trop chétive, a conseillé à ses parents de la mettre au sport. Sur les terrains huppés du Stade français où elle croise son futur mari, fils d’un dirigeant du club, qu’elle épouse à l’âge de 17 ans. Son époux et entraîneur sera à l’origine de la revue Smash, premier magazine français consacré au tennis, et présidera longtemps la commission presse et propagande de la Fédération française de tennis. Elle a déjà ses deux enfants lorsqu’elle devient championne de France juniors, en 1926. L’année précédente, elle a perdu en quart de finale à Roland-Garros contre Suzanne Lenglen.