Mois : avril 2019

Hommage à Charlotte Delbo | Lecture-Spectacle

Hommage à Charlotte Delbo | Lecture-Spectacle

En 1934, Charlotte Delbo rencontre Georges Dudach, journaliste, militant communiste. Ils se marièrent en 1936. Elle commença à écrire des articles dans la revue « Les Cahiers de la Jeunesse » dont Georges Dudach était le rédacteur en chef.

Dès novembre 1937, elle devint l’assistante de Louis Jouvet au théâtre de l’Athénée.
En septembre 1941, alors que la troupe se trouvait en Argentine, Charlotte Delbo apprit que l’un de ses amis résistant, Jacques Woog, condamné à mort, fut exécuté. Elle décide de rejoindre Paris.

Elle retrouva son mari à Pau et ils regagnèrent séparément Paris. Dès cet instant, le couple entra dans la clandestinité sous le faux nom de M. et Mme Delépine.

Charlotte Delbo rédigeait des textes pour la revue des « Lettres françaises » dont Jacques Decour était le rédacteur et le co-fondateur avec Jean Paulhan.
Georges Dudach organisait la résistance dans les facultés, en liaison avec Georges Politzer, dès septembre 1940, pour tenter de rassembler des intellectuels. Il fut l’adjoint national pour les groupements du Front National des intellectuels et leurs journaux tels que « L’Université Libre » et « Les Lettres Françaises ».

Le 2 mars 1942 les Brigades Spéciales arrêtèrent Georges Dudach et Charlotte Delbo à leur domicile, rue de la Faisanderie dans le XVIe arr.
Charlotte Delbo fut incarcérée à la prison de la Santé, Georges Dudach à la prison du Cherche-Midi puis à la Santé.
Le 23 mai 1942, elle fit ses adieux à son mari dans une cellule de la prison de la Santé. Georges Dudach condamné à mort, fut fusillé le matin même à 9h40 au Mont-Valérien.
Charlotte Delbo restitua ce dernier rendez-vous sous la forme d’un récit, « Une scène jouée dans la mémoire », puis d’une pièce de théâtre « Ceux qui avaient choisi ».

Plaque commémorative à la mémoire de Charlotte Delbo et de son mari Georges Dudach, apposée sur l’immeuble où ils ont été arrêtés au 93/95 rue de la Faisanderie dans le 16e arr.

Lille. Lili Leignel, déportée à 11 ans, a confiance dans les jeunes

Lille. Lili Leignel, déportée à 11 ans, a confiance dans les jeunes

Lili Leignel, 87 ans, avait 11 ans lorsqu’elle a été déportée à Ravensbrück puis Bergen-Belsen. La Lilloise témoigne aux jeunes que la tolérance doit être la plus forte.

Lili Leignel, 87 ans, est une des rares anciennes déportées encore en vie. A 11 ans, elle a connu les camps de Ravensbruck et Bergen-Belsen avec sa famille. La Lilloise raconte son histoire dans un livre « Je suis encore là ».

Rester digne

Elle se recoiffe et remet un peu de rouge à lèvre. La coquetterie n’est pas superficielle pour elle.

C’est important de rester digne. C’est ce que ma mère m’a appris dans les camps », sourit-elle.

Elle avait 11 ans, ses frères 9 et 3 ans, quand la famille est déportée en 1943.

Dans les camps, on n’avait rien. La sirène sonnait à 3 h 30 du matin. Maman nous levait avant. Il fallait se laver, elle y tenait !

Le mal renaît

Malgré son âge, elle continue de témoigner. « Le mal renaît. Aujourd’hui encore, il y a de l’antisémitisme, du racisme. Alors, je témoigne à l’infini… »

Soyez tolérants !

Ce qu’elle dit aux élèves ? « Soyez tolérants ! Il faut combattre le racisme. Que l’on soit noir, blanc, juif, catholique, musulman, on est des êtres humains faits de la même façon ! »

Le pardon est-il possible ? « J’ai compris que les Allemands étaient les premiers déportés, je n’en veux pas au peuple allemand. Mais aux nazis, je ne pourrai jamais pardonner… »

Dieu, elle n’y croit plus. « Où est Dieu dans tout ce mal ? Mais j’ai gardé l’amour de mon prochain ».

Donner du sens

Elle a décidé de témoigner auprès des plus jeunes.

Avec mes frères, nous sommes la seule fratrie de France à avoir survécu à la déportation. Notre retour devait avoir un sens selon moi. J’ai une mission. Avec la haine, on ne peut rien construire. Alors qu’un sourire ouvre les cœurs… 

Elle rayonne, même si l’actualité est souvent sombre : « J’ai confiance dans les jeunes. Ils m’écrivent des mots gentils. Ils sont formidables ! »

A lire : « Je suis encore là », chez Copymédia.

Déportation : Marguerite Meunier à l’honneur au Puy-en-Velay

Déportation : Marguerite Meunier à l’honneur au Puy-en-Velay

Ce dimanche matin, à 11 heures, comme partout en France, les institutions de la nation se sont réunies pour la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation. Au square Coiffier, élus et passants se sont arrêtés sur l’arrestation de la résistante Marguerite Meunier, déportée de la Loire et membre du réseau du général Cochet.

Marguerite Beauvoir, née Meunier, est arrêtée chez elle le 5 juin 1944, dans son atelier de couture. Après des interrogatoires musclés -mais sans effet- de la Gestapo à Montélimard, elle est envoyée au fort Montluc jusqu’au 21 juillet. Deux jours plus tôt, son mari Marcel Beauvoir, lui-même enfermé au fort Montluc, était fusillé aux côtés de 51 autres détenus.

Matricule 51270

Aprés différents transferts, vers Romainville puis le camp de Belzig, elle arrive au camp de Ravensbruck où on lui attribue le matricule 51270. Après des journées et des mois d’horreur, Marguerite Meunier-Beauvoir sera gazée le 1er avril 1945, à Ravensbruck.

Les époux Beauvoir n’ont pas eu le temps de connaître l’aboutissement et la réussite de leurs engagements. Tous deux ont été décorés à titre posthume : la médaille de la Résistance pour Marcel Beauvoir et celle des Prisonniers civils déportés, promue au grade de sergent de la Résistance intérieure française pour Marguerite Meunier-Beauvoir.

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Au cœur de l’histoire de la première grande victoire française sur l’Allemagne nazie

Au cœur de l’histoire de la première grande victoire française sur l’Allemagne nazie

Le déroulement de la bataille de Toulon en 1944, première victoire majeure des Français sur l’Allemagne nazie et ayant conduit à la libération de toute la France, a été relaté par un officier américain à la retraite, dans The National Interest.

L’histoire de la première victoire majeure des troupes françaises sur l’armée nazie a été retracée par Daniel L.Davis, ancien lieutenant-colonel de l’armée américaine, dans la revue The National Interest.

Après le débarquement des Alliés en Provence, le 15 août 1944, dans le cadre de l’opération militaire «Anvil Dragoon», la bataille de Toulon, qui a duré sept jours (du 20 au 26 août), a abouti à la libération de Toulon et, ensuite, à celle de tout le pays.L’auteur a souligné que les débarquements initiaux se sont mieux déroulés que ceux de Normandie parce que la défense allemande dans le sud de la France n’était pas aussi puissante que dans le nord du pays.

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Julien Lauprêtre, « abbé Pierre laïc » et figure de la solidarité française

Julien Lauprêtre, « abbé Pierre laïc » et figure de la solidarité française

Pauvreté: à la tête du Secours Populaire français depuis près de six décennies, Julien Lauprêtre poursuit son « combat contre l’injustice »

« Abbé Pierre laïc », à la tête du Secours populaire depuis plus de six décennies, Julien Lauprêtre, décédé vendredi à 93 ans, a dédié sa vie à la lutte contre les injustices.

« Jusqu’au bout il a été présent », raconte Corinne Makowski, secrétaire nationale de l’association. « Ces derniers jours encore, il avait émis l’idée d’organiser un événement important en novembre, pour les 30 ans de la convention internationale des droits de l’enfant. »

Mort dans un hôpital parisien « des suites d’une chute », il n’aura pas eu le temps de mener à bien ce projet.

« La plus grande récompense, ce sont les yeux des gosses qui brillent », confiait-il encore à l’AFP en 2015. Un peu voûté par les années, il restait corpulent et vigoureux et n’envisageait pas de passer la main.

Né le 26 janvier 1926, ce « titi parisien » est resté fidèle au XIIe arrondissement de Paris où il a vu le jour. Fils unique d’un cheminot communiste et syndicaliste, il y a épousé Jeannette, « fille de concierge » rencontrée à l’âge de 10 ans, lors de ses « premières vacances ».

C’était en 1936 dans une colonie de vacances du Secours ouvrier international à La Rochelle, où il « voit la mer pour la première fois » en compagnie d’enfants français mais aussi espagnols, italiens ou allemands, ayant fui les régimes franquiste, mussolinien ou hitlérien.

Plus tard, il se souviendra de ces enfants pour créer « les Journées des oubliés des vacances », emblématiques du Secours populaire.

Suivant l’exemple de son père, il s’engage dans la résistance à 17 ans et forme un groupe « avec deux anciens copains d’école ». « On changeait l’orientation des panneaux de signalisation pour perdre l’occupant allemand. Notre coup d’éclat, ce fut d’enlever la barrière qui empêchait la circulation devant la caserne de Reuilly, occupée par les Allemands ».

Il prend ensuite contact avec la jeunesse communiste clandestine. L’action s’intensifie. « On prenait la parole dans les cinémas pour appeler à la résistance, on jetait des tracts à vélo ».

Le 20 novembre 1943, il est arrêté. « Je me suis retrouvé en prison avec Manouchian et les héros de l’Affiche rouge. Pendant huit jours, j’étais avec ces hommes, dans la même cellule ».

Manouchian, qui va être fusillé, lui glisse des mots gravés dans sa mémoire. « Toi tu es jeune, tu vas t’en sortir. Il faudra que tu continues à lutter contre l’injustice et être utile aux autres », se souvenait-il, la voix grave et le regard soudain voilé. « C’était un message extraordinaire, j’y pense tous les jours ».

– « La suite de la résistance » –

En février 1954, « le mois où l’abbé Pierre a fait son appel », Julien Lauprêtre, alors ouvrier miroitier, est embauché pour quelques semaines comme secrétaire administratif au Secours populaire. Il n’en est jamais reparti. « C’est là que j’ai retrouvé la suite de ce que j’ai fait dans la résistance ».

L’année suivante, il est élu à la tête de l’association, qui n’est à l’époque qu’une petite structure du parti communiste. Celui qu’on appelle parfois « l’abbé Pierre laïc » a façonné le mouvement à son image et l’a émancipé. S’il se dit « toujours communiste », il dit « avoir rompu avec l’idée d’un parti politique ».

« L’important, c’est d’être totalement indépendant », affirme celui qui a fait siens les mots de Louis Pasteur: « Je ne te demande pas quelle est ta race, ta nationalité ou ta religion, mais quelle est ta souffrance ».

Outre l’aide alimentaire, « première demande des plus déshérités », Julien Lauprêtre a mis les enfants au cœur des actions du Secours populaire. Pères Noël verts, Chasses aux œufs et « Journées des oubliés des vacances » sont devenus les emblèmes du mouvement qui compte un million de membres –« pas adhérents, précisait-il, car on n’adhère pas à la misère »– et 80.000 bénévoles.

« Offrir des vacances, ça ne règle pas tout mais c’est concret », répétait ce père de quatre enfants.

L’avenir du mouvement, « c’est de continuer à peser contre les injustices », disait-il.

En 2017, le président Emmanuel Macron l’avait élevé au rang de grand officier de la Légion d’honneur.

A Champigny, le musée de la Résistance se prépare aux nouvelles générations

A Champigny, le musée de la Résistance se prépare aux nouvelles générations

D’ici quelques mois, début 2020, c’est dans le lumineux espace Aimé Césaire, face à la rivière, que se déploiera le Musée de la Résistance nationale (MRN) de Champigny-sur-Marne.

Sur  1 000 m2 d’exposition répartis en trois niveaux, le nouveau site incarnera la Résistance de manière la plus vivante possible pour relever le défi de la transmission de cette histoire et de cette mémoire aux futures générations.

« On veut montrer que la Résistance n’est pas quelque chose de théorique. C’était des hommes et des femmes vivant dans des conditions extrêmement difficiles. La Résistance, c’était la vie », résume Georges Duffau-Epstein (photo), fils du résistant Joseph Epstein et président de l’association des Amis du Musée de la Résistance nationale de Champigny.

« Le visiteur sera l’acteur de sa visite. Il y aura de nombreux dispositifs scénographiques qu’il faudra ouvrir pour découvrir ce qui est caché à l’intérieur. Il y aura quelques fac-similés  mais aussi beaucoup d’originaux », indique Julie Baffet, chargée de la communication et des éditions du musée. « Dans les salles, il y aura des écrans tactiles et des projections sur les murs. Les gens seront en immersion », ajoute Georges Duffau-Epstein. L’auditorium de 120 places prolongera les espaces d’exposition d’un lieu pour les conférences.

 

 

© WCC Lecheminlu

Conçu par les architectes Dominique et Giovanni Lelli, le bâtiment du futur musée, qui a d’abord abrité le CDDP (Centre départemental de documentation pédagogique), se distingue par l’un des plus grands porte-à-faux de France (16m2) qui soutient un hall aux baies vitrées donnant sur la Marne.

Depuis que l’idée d’un musée de la Résistance a cheminé dès les années 1960, portée à l’époque par d’anciens résistants et amis de résistants comme l’Anacr (Association des anciens combattants et des amis de la résistance), la collection, d’abord constituée de pièces données par les cheminots d’Ivry-sur-Seine, s’est énormément enrichie, passant de 250 000 pièces en 1985, lors de son inauguration dans un ancien hôtel particulier des hauteurs de la ville, au 88 de l’avenue Marx Dormoy, à plus d’un million aujourd’hui, dont le manuscrit du poème Liberté de Paul Éluard ou la dernière lettre de Guy Môquet. Le musée de Champigny a aussi fait des émules, essaimant sur l’ensemble du pays pour constituer un réseau de 19 musées.

Une riche collection, comprenant notamment 300 000 photos, qui permettra une rotation active des pièces pour animer les espaces et proposer des expositions thématiques.  Le site historique du musée, l’espace Crémieux-Brilhac, restera pour sa part consacré à la recherche et la conservation de ces collections.

La nouvelle exposition permanente se déroulera chronologiquement sur deux étages. Au rez-de-chaussée, la visite commencera par la défaite française de 1940 avant de mettre le projecteur sur trois acteurs : l’État français sous le régime de Vichy, les Allemands et la France libre.

Les pionniers de la Résistance seront à l’honneur avec trois salles dédiées aux différentes formes d’engagement dans la lutte jusqu’en novembre 1942. Le musée s’appuiera sur la presse pour décortiquer l’occupation de la zone libre menée par Hitler en réaction à l’invasion de l’Afrique du Nord : les premières actions armées, la dénonciation de travail forcé… Moitiés de carte-postales découpées afin que les résistants se reconnaissent lors de leur rencontre,  journaux, photographies, armes,  objets de la vie quotidienne… incarneront ces espaces.

L’unification de la Résistance sera présentée au premier étage, suivie d’un focus sur la répression des résistants (l’internement, la déportation, les fusillades…). A voir notamment, les aquarelles et dessins réalisés par le résistant et peindre Boris Taslitzky à Buchenwald et les pièces que Geneviève de Gaulle a rapportées de sa déportation à Ravensbrück, comme la petite poupée faite par Jacqueline Péry d’Alincourt à l’époque où la résistante et nièce du général de Gaulle était enfermée au bunker.

La grande salle qui se prolonge sur la Marne sera consacrée à la marche vers la libération française et, enfin, à la libération elle-même.

La visite s’achèvera par l’évocation artistique de cette période, avec des œuvres graphiques dans l’auditorium et des sculptures dans l’escalier. Les quatre portraits des résistants panthéonisés – Germaine Tillion, Geneviève De Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay -, réalisés par Ernest Pignon Ernest, seront en bonne place. Le peintre a ajouté un cinquième portrait à la collection donnée au musée, celui du résistant arménien Missak Manouchian, symbole de la participation des étrangers à la Résistance française.

Présentation du portrait de Missak Manouchian offert par Ernest Pignon Ernest lors du lancement de la souscription citoyenne pour financer l’installation du nouveau musée, à l’automne 2017.

Jusqu’à l’inauguration du nouveau site, le musée ouvre de façon exceptionnelle et sur rendez-vous pour les groupes.
Plus d’infos : https://www.musee-resistance.com/

Une cérémonie en hommage aux résistants fusillés à la prison de Caen, le 6 juin 1944, aura lieu le samedi 27 avril 2019, au Mémorial. Un événement qui intervient dans le cadre de la journée thématique « Martyrs et résistants du Calvados », organisé par l’association Libération et mémoire, les amis du Mémorial de Caen.

Archives Ouest-France

 

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