L’état d’esprit de l’opinion publique et des pouvoirs en place vis-à-vis des déportés et des déportations en 1945.

L’état d’esprit de l’opinion publique et des pouvoirs en place vis-à-vis des déportés et des déportations en 1945.

Afmd Sarthe

L’état d’esprit de l’opinion publique et des pouvoirs en place vis-à-vis des déportés et des déportations en 1945.

Témoignage de Simone Veil (juillet 1927-juin 2017), arrêtée le 30 mars 1944, le 15 avril 1944 elle est déportée raciale à Auschwitz-Birkenau, matricule 78 651.
75 721 juifs dont plus de 11000 enfants sont déportés de France par les nazis avec l’aide du gouvernement de Vichy et arrachés à la vie. 25% de la population juive en France est victime de la Shoah. (chiffre mémorial) ; 3% reviennent de déportation.

« On entend souvent dire que les déportés ont voulu oublier et ont préféré se taire. C’est vrai sans doute pour quelques-uns, mais inexact pour la plupart d’entre eux.
Si je prends mon cas, j’ai toujours été disposée à en parler, à témoigner. Mais personne n’avait envie de nous entendre. Ce que nous disions était trop dur, pouvait paraître cynique. Il aurait fallu que nous disions les choses avec plus de précaution. Ainsi, à partir du mois de juin 1945 et durant tout l’été, les familles de ceux qui n’étaient pas rentrés ont continué à attendre et à espérer. Lorsque nous manifestions des doutes sur ce point, compte tenu de tout ce que nous savions, on préférait ne pas nous écouter, ou ne pas comprendre. […]
Cette incompréhension, ces difficultés, nous les retrouvons en famille. Peut-être même surtout dans nos familles, c’est le silence : un véritable mur entre ceux qui ont été déportés et les autres.
Une sœur de mon mari a été déportée : nous nous sommes à peine croisées à Bergen-Belsen, mais nous avons des camarades communs, beaucoup de souvenirs communs. Chaque fois que nous nous voyons, nous en parlons. C’est instinctif, un besoin de le faire. Mais la famille ne le supporte pas. Quand nous en parlons, inconsciemment, on nous fait taire. On nous interrompt par la phrase la plus banale, qui n’a rien à voir avec ce dont nous parlons. Cela rend les choses si insupportables que nous partons dans la pièce d’à côté pour parler, seules, tranquillement. »

Source : Annette Wieviorka, Déportation et génocide, Entre la mémoire et l’oubli, Plon, 1992, page 170-171

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