« L’Espèce humaine »
Emmanuel Saugeron, auteur de « La Milice française dans les Basses-Pyrénées » : « C’est un sujet encore tabou »
Emmanuel Saugeron, auteur de « La Milice française dans les Basses-Pyrénées » a mené trois ans d’enquête, de travail minutieux pour essayer de recouper des informations sur cette période trouble. Son ouvrage vient de paraître aux éditions Cairns.
Il y a beaucoup d’ouvrages sur la Seconde Guerre Mondiale, mais très peu, voire aucun, traitent du sujet de la Milice française dans les Basses-Pyrénées, ceux qui ont collaboré avec le régime de Vichy et les Allemands pendant l’occupation. « C’est un sujet très tabou, sujet à polémique« , reconnait l’auteur de l’ouvrage, Emmanuel Saugeron, également vice-président du musée de la Résistance et de la Déportation à Pau. « Et finalement en ne voulant pas en parler, ce qu’il se passe, c’est que tout le monde associe notre département à d’autres Milices en France, par exemple, en Ariège ou en Haute Savoie, des notions souvent sanglantes, des combats. C’est odieux, mais la milice des Basses Pyrénées, ce n’est pas la même chose. J’essaye de le démontrer dans le livre.«
Madeleine Riffaud, figure de la Résistance : « Après ce que nous avions traversé, on ne pouvait plus vivre comme les autres »
Entretien« Je ne serais pas arrivée là si… » Chaque semaine, « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence. A 99 ans, celle qui fut poète, journaliste et longtemps militante communiste, revient sur le « coup de pied au cul » d’un nazi qui a fait basculer sa vie.
Trois jours plus tôt, un début d’incendie a ravagé son salon. Madeleine Riffaud, 99 ans, était seule dans l’appartement. Les pompiers sont arrivés à temps et, une fois de plus, l’ancienne résistante a survécu. Alitée et aveugle, la poétesse garde une mémoire très vive de son incroyable vie et tient à témoigner. En s’offrant, au milieu de l’entretien, un de ces petits cigares qu’elle apprécie tant…
Je ne serais pas arrivée là si…
… Si je n’avais pas reçu un formidable coup de pied au cul, à la gare d’Amiens, en novembre 1940. C’est un officier allemand qui me l’a administré parce que je refusais les avances de ses soldats. Je suis tombée à terre. Je n’aime pas être humiliée. Surtout à un moment où la France entière était humiliée. Alors, ce coup de pied d’un nazi m’a poussée à m’engager dans la Résistance. Encore fallait-il trouver comment y entrer. Je n’avais que 16 ans. Qui aurait voulu d’une pareille gamine dans son réseau ? Ce n’était pas commode de trouver la bonne porte.